🔴 Le tourisme de supermarché et l'IA des robots (Physical Intelligence)
Finalement, tout ce qu'on aime, c'est l'humain, l'authentique, l'imparfait... et pourtant nous investissons des millions, des milliards, pour remplacer tout ça par de l'IA. Etonnant, non ?
Le tourisme de supermarché
1. La plage ? Un musée ? Et si cette année, on allait plutôt visiter un… supermarché ? Le tourisme de supermarché désigne ces visites, de plus en plus courantes, que nous faisons dans des supermarchés lorsque nous sommes à l’étranger, non pas pour y faire nos courses mais comme une véritable activité touristique. Le tourisme de supermarché représenterait 6 % du marché mondial du tourisme (source : World Travel and Tourism Council).
2. Tiktok recense plus de 50 millions de publications consacrées aux visites de supermarchés à l’étranger (Grocery Store Travel). Un véritable phénomène sur les réseaux sociaux où l’on partage ses découvertes culturelles dans les rayons d’alimentation. Quelques chouchous : les confiseries, chips, gâteaux… Une belle preuve de sophistication culinaire…
3. Un musée du quotidien. La visite d’un supermarché à l’étranger est avant tout une immersion dans le quotidien, et ça, c’est fascinant. Le supermarché est de plus en plus perçu comme une vitrine de la culture locale : produits introuvables ailleurs, packagings exotiques, et découverte d'habitudes alimentaires qui nous semblent surprenantes.
4. Un remède à l’uniformisation du monde. Autre raison du succès : le rejet d’un tourisme mondialisé et uniforme. Les coffee shops, les restaurants, les hôtels et même les résidences à louer se ressemblent de plus en plus, quel que soit le pays. Les rayons des supermarchés apparaissent comme les derniers bastions d’un tourisme authentique et d’un monde diversifié.
5. Une réponse au sur-tourisme. Pas besoin de réserver, de payer une entrée ou de faire la queue. Visiter un supermarché est une activité simple, spontanée et gratuite (à condition de ne rien acheter bien sûr…). C’est aussi l’occasion de rapporter des souvenirs originaux et bon marché. Bref, une expérience appréciable, à l’heure du sur-tourisme.
6. Quelques conseils pour les routards des supermarchés :
Japon : les depachikas, ces marchés souterrains des grands magasins, regorgeant de trésors culinaires.
Japon et Corée du Sud : les konbini (supérettes) ouvertes 24h/24, lieux parfaits pour observer la frénésie de la vie urbaine locale.
Australie : les rayons “imperfect picks” qui donnent une seconde chance aux fruits et légumes déformés, mais parfaitement comestibles.
Sans oublier la France, pays inventeur de l’hypermarché. Des découvertes de plus en plus populaires chez les touristes.
7. Derrière le “tourisme de supermarché” se cache une tendance plus ancienne et plus profonde : le désir de “vivre comme un local”. C’est le slogan d’Airbnb depuis ses débuts, bien avant TikTok. Manger ce que mangent les habitants, faire ses courses là où ils les font, c’est une manière de se fondre dans le quotidien du pays visité. Une expérience authentique, souvent plus révélatrice qu’un musée ou un monument.
La leçon à tirer
On peut en être sûr : très bientôt, il y aura des supermarchés “authentiques” où il n’y aura plus que des touristes... C’est un peu ce qui arrive à la boulangerie en bas de chez nous, qui pourtant ne paie pas de mine, mais qui doit être sur tous les réseaux sociaux. La sentence ? Des queues de vingt, cinquante personnes qui débordent sur le trottoir, toutes venues acheter LE beignet à la crème qu’elles dégustent, si elles arrivent à le savourer, en direct sous les yeux de leurs followers. Les locaux fuient…
Pour aller plus loin
The Best Way to Tour a City Is Through Its Grocery Store, New York Magazine
Quelques conseils pour les gérants d’une épicerie : 5 ****Strategies for Grocery Stores to Capitalize on the Growing ‘Grocery Store Tourism’ Trend, Retail Space Solutions.
Grocery Shopping in France, France Just for You
Grocery Shopping Statistics, Gitnux
Physical Intelligence (π)
1. L’Intelligence Artificielle ne se contente pas d’imiter nos pensées, elle apprend désormais à copier nos gestes, même dans des environnements complexes ou changeants. Et, non, ce n’est pas un mauvais film de science-fiction… c’est déjà la réalité, notamment chez Physical Intelligence (π).
2. Physical Intelligence, alias PI ou π (malin…), est une startup basée à San Francisco, développant des modèles d’IA universels capables de piloter n’importe quel robot. L’objectif ? Donner aux robots une intelligence physique aussi fine et adaptable que celle des humains. Miam !
3. Ces modèles d’IA polyvalents fonctionnent non seulement sur différents robots, mais aussi pour différentes tâches, sans qu’il soit nécessaire de programmer chaque tâche. Un peu comme ChatGPT répond à toutes nos questions – quel que soit le sujet – ces robots doivent être capables d’exécuter toutes les tâches, de manière autonome et efficace dans le monde réel.
4. Pour ces robots, la startup développe des modèles d'IA "généralistes" capables de traiter des informations visuelles (VLMA, afin de créer des logiciels universellement compatibles qui éliminent le besoin de programmation spécifique à chaque tâche.
5. La startup avance vite : leur modèle π0 (pi-zéro) permet déjà aux robots de plier du linge ou de débarrasser une table (sans qu’on ait besoin de leur demander 10 fois avant qu’ils daignent s’exécuter… eux !). PI a publié des vidéos montrant ces robots passant facilement d’une activité à l’autre.
6. Fondée en 2024, cette startup regroupe quelques “cancres” notoires :
Karol Hausman (CEO), ancien chercheur chez Google
Sergey Levine, professeur à l’Université de Californie, Berkeley
Chelsea Finn, professeure à l’Université Stanford
Brian Ichter, ancien chercheur chez Google DeepMind
Lachy Groom, investisseur et ancien dirigeant de Stripe
7. Il n’est donc pas très étonnant que Physical Intelligence ait réussi à lever 400 millions de dollars en moins d’un an, dont un tour de table de 400 millions mené par des investisseurs prestigieux : Jeff Bezos, OpenAI, Thrive Capital, Lux Capital, Khosla Ventures et Sequoia. La valorisation de l’entreprise a ainsi atteint 2,4 milliards de dollars dès la fin 2024.
La leçon du jour
Version optimiste : ces robots se chargeront des tâches les plus dangereuses. Version pessimiste : on va vraiment beaucoup s’ennuyer… Même si personne n’a envie de se coltiner les tâches ménagères, en vérité, s’occuper de soi-même, de sa maison, de ses vêtements, etc. c’est la vie aussi.