7 about... la boîte à problèmes de Ray Dalio, Otter.AI, et le revenu universel en Corée du Sud
Apportez-moi des problèmes, pas des solutions !
Bridgewater est l’un des plus grands fonds d'investissement au monde. Fondé par Ray Dalio, il a obtenu les meilleures performances de manière répétée depuis sa création en 1975.
Bridgewater explique son succès par sa culture, privilégiant les différences d’opinion et l’originalité des idées. Penser différemment est une qualité clé dans la finance où l'argent se gagne en se démarquant du consensus. Savoir vendre quand tout le monde achète et acheter quand tout le monde vend, reste la règle numéro un du succès sur les marchés financiers.
Apportez-moi des problèmes, pas des solutions. C'est l’un des principes fondamentaux qu'a imposé Ray Dalio chez Bridgewater. Là où le conformisme régit l'immense majorité des entreprises, Dalio a souhaité une culture où penser différemment devient la règle.
Une des premières preuves de cette culture fut la mise en place d'une “boîte à problèmes” accessible à tous les employés de Bridgewater. On ne vous demande pas d'apporter des solutions, juste de faire remonter le problème et de noter son degré de gravité.
Bridgewater a nommé en interne des “spécialistes des problèmes” qui se réunissent pour établir un diagnostic, identifier les causes et, après discussion, proposer des solutions.
Les nouvelles recrues de Bridgewater sont invitées à faire remonter ce qui les étonne lors des premiers jours passés dans l’entreprise. Loin des processus habituels d’intégration, Bridgewater veut profiter de la clairvoyance des premiers jours pour déceler ce qui ne va pas et que l’on finit par ne plus voir.
Cette lutte contre le conformisme a été résumée par Dalio sous la forme de 200 principes, téléchargés plus de 3 millions de fois et compilés dans le livre “Principles”.
La leçon à retenir
Sauf exception, les entreprises créent une culture du conformisme où parler des problèmes est tabou. Pourtant, des problèmes dont les causes ne sont pas identifiées, ne pourront jamais être réglés, et aucune leçon ne pourra en être tirée. Dommage…
Pour aller plus loin
Les principes de Ray Dalio, en vidéo et en 28 minutes
Le compte Instagram avec tous les principes de Bridgwater
L’interview de Ray Dalio sur la pensée différente
Otter.ai, l’audio-transcription en direct de vos réunions
Oh la la, quel dommage ! Vous avez manqué la dernière réunion Zoom sur le projet Kimarchpa avec l’équipe britannique ? Qu’à cela ne tienne ! Avec Otter, vous pouvez vous rattraper. Content, non ? !
Otter.ai est un outil de transcription audio avec sous-titrage en direct (uniquement en anglais pour le moment). Au cours de votre réunion, au fur et à mesure que le transcript s’affiche, vous pouvez surligner les points importants et ajouter des commentaires, ce qui vous évite la prise de notes. A la fin, vous disposerez d’un transcript fidèle, partageable, avec recherche possible.
Pure application de “machine learning”, Otter.ai propose une correction automatique en direct, car la reconnaissance vocale se fait de plus en plus pertinente au fil de la discussion.
Otter.ai est disponible sur Google Meet (gratuit pour le moment) et sur Zoom en version premium (20 dollars par mois).
Otter.ai a développé sa propre technologie car retranscrire de longues conversations est plus compliqué que de poser une question à Alexa, l’assistant virtuel d’Amazon, et reste hors de portée des API actuelles des GAFAM.
Depuis son lancement en 2018, Otter.ai a retranscrit 100 millions de réunions. Le cercle vertueux de l'Intelligence Artificielle se met en place : en recueilliant plus de données, le produit s’améliore, attirant plus d'utilisateurs qui génèrent plus de données, et ainsi de suite...
Surfant sur le marché de la reconnaissance vocale (plus de 28 milliards de dollars d’ici 2026 avec une croissance annuelle de 20 %), Otter.ai a levé 50 millions de dollars, auprès de fonds comme Horizon Ventures (Facebook, Siri, Skype, Spotify…) ou Spectrum Equity.
Bien sûr, ce type d’outils comporte des dangers, comme la surveillance a posteriori. Tous vos propos lors d’une réunion sont automatiquement retranscrits. Une aubaine pour un employeur indélicat, sans parler de régimes politiques autoritaires...
Leçon à retenir
Chaque jour, de nouvelles technologies nous permettent de mieux communiquer et travailler. Pourtant, nous en revenons toujours au plus vieux média du monde : l’écrit.
Pour aller plus loin
L’étude d’Otter.ai sur nos comportements en visio-conférence
Les plug-ins Otter.ai pour Google Meet et Zoom
Gyeonggi Pay, première expérience à grande échelle du revenu universel
La Corée du Sud teste un grand programme de revenu universel auprès des 13 millions d’habitants de la province de Gyeonggi, poumon économique de la Corée du Sud.
Un cinquième de la population coréenne habite la province de Gyeonggi qui abrite les sièges de Samsung, Hyundai, LG… et représente un quart du PIB national.
Une première expérimentation a été menée auprès de 200 000 personnes qui ont reçu l’équivalent de 220 dollars par trimestre. Le principe est simple : tout le monde est éligible, sans conditions (salariés, indépendants, étudiants ou inactifs). En Europe, l’expérimentation la plus avancée concernait 2 000 personnes en Finlande.
Le revenu universel est payé dans une devise digitale, la Gyeonggi Pay, fonctionnant en circuit fermé : les sommes versées ne peuvent être dépensées que dans les petits commerces de la province, participant au programme. L’objectif est d’éviter les effets pervers de programmes tels que le “Paycheck Protection Program” américain qui aurait surtout relancé la production chinoise...
Les revenus sont distribués et dépensés via une application conçue par Samsung. Entièrement digitalisées, les transactions sont tracées et analysées par le gouvernement régional. Se posent alors la question du traitement de ces données : certains soulignent que des officiels malintentionnés pourraient les récupérer à des fins politiques…
Les petits commerces ayant pris part à Gyeonggi Pay auraient vu leurs ventes augmenter de 45 %. Le programme a également bénéficié aux ménages les plus précaires ainsi qu’aux étudiants qui ont pu abandonner leurs petits boulots alimentaires. Au vu de ces premiers succès, le programme a été élargi aux 13 millions d’habitants de la province, bébés inclus. A peine nés, déjà rétribués !
Le revenu universel est au cœur de la bataille politique nationale. Utilisant ce succès comme tremplin électoral pour la présidentielle de 2022, le gouverneur de Gyeonggi propose de créer un revenu universel d’environ 430 dollars par an (puis par mois). 50 % des Coréens soutiendraient cette idée.
Le revenu universel viendrait compenser la disparition des emplois automatisables, au pays champion du monde de la robotisation. Toutefois, un revenu mensuel de 430 dollars coûterait 260 milliards de dollars par an à l’Etat, soit plus de la moitié du budget national actuel. Le casse-tête budgétaire ne fait que commencer.
La leçon à retenir
L’expérience de Gyeonggi Pay montre qu’un programme de revenu universel peut se montrer populaire et devenir un enjeu électoral. A New York, Andrew Yang, candidat aux primaires démocrates pour la prochaine élection municipale en 2022, met lui aussi le Revenu Universel au centre de son programme.
Pour aller plus loin
L’article complet sur le Revenu universel en Corée
Suivre le programme Gyeonggi Pay sur Facebook
Les résultats de l’expérimentation de revenus universel en Finlande
L’interview d’Andrew Yang, partisan du revenu universel et candidat à la mairie de New York