7 about... la loi de Brooks, l’envolée de Airtable et la Suède, Silicon Valley de l’Europe
La loi de Brooks
1. La loi de Brooks énonce qu’augmenter le nombre de collaborateurs ne permet pas automatiquement de réduire le temps nécessaire pour réaliser un projet. Bien au contraire ! Dans certains cas, cette multiplication comporte plus d’inconvénients que d’avantages…
2. Cette “loi” a été établie par Frederick Brooks lorsqu’il dirigeait le projet du système d’exploitation OS/360 chez IBM. Il a ainsi pu expérimenter par lui-même les retards “boule de neige” des projets informatiques... Expérience cuisante dont il a tiré une “bible” : Le Mythe du mois-homme (The Mythical Man-Month: Essays on Software Engineering).
3. En effet, toutes les activités ne sont pas “portionnables” : diviser une tâche en une multitude de sous-tâches, ne permettra pas d’aller plus vite si cette tâche doit être menée selon une logique donnée ou dans la continuité. C’est la limite de ces calculs en mois/homme parfois surréalistes…
"Neuf femmes ne font pas un enfant en un mois". Frederick Brooks
4. Intégrer de nouveaux collaborateurs peut s’avérer une fausse bonne solution car elle implique une double perte de productivité. Non seulement les nouveaux ne seront pas productifs dans un premier temps, plus ou moins long, mais les personnes en place - et donc déjà productives - devront arrêter de produire pour les former et les guider.
5. Être plus nombreux sur un projet signifie aussi que les interactions seront plus nombreuses. Le temps consacré à se synchroniser n’est pas consacré à la production. Se réunir ou travailler, il faut choisir !
6. Donc, même si la perspective semble alléchante, il est préférable de refuser l’apport de nouvelles recrues si votre projet est déjà en retard. En revanche, il est beaucoup plus intéressant d’obtenir que l’équipe en charge puisse consacrer un plus grand nombre d’heures à votre projet…
“Adding manpower to a late software project makes it later”. Brooks
7. Une exception : les projets collaboratifs en open source ou les hackatons. Cette fois, on sort de la logique taylorienne de division du travail, en optant pour l’hyper collaboration. Dans ce cas, plus on est de fous, plus on trouve… car ce sont les effets de la loi de Linus (en hommage à Linus Torvalds, le créateur du noyau Linux) qui l’emportent. Mais nous aurons l’occasion d’y revenir.
La leçon à tirer
C’est si tentant de se laisser emporter par la magie des formules toutes faites…
Pour aller plus loin
Notre article “7 about… Le “planning fallacy”
Notre article “7 about… La “productivity shame”
L’envolée de Airtable
Lancée en 2013, Airtable est une solution de base de données low-code / no-code collaborative dont l’interface ressemble à une feuille de calcul type Excel. Au fil des années, Airtable a évolué en une plateforme d’applications connectées permettant d’automatiser quasiment tous les processus d’une entreprise. Un vrai couteau suisse !
“We are a low code specialist, a workflow specialist and a “real time, collaborative database with a spreadsheet-like interface”.Créée à San Francisco par Howie Liu, Andrew Ofstad et Emmett Nicholas, Airtable a connu un succès foudroyant : en moins de dix ans, l’outil a su convaincre les plus grands groupes dont Nike, LVMH, IBM, Amazon, Red Bull ou Netlifx. Quand on connaît la résistance de ces grandes entreprises face aux nouveaux outils digitaux, on ne peut que doublement saluer l’exploit !
Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? En 2021, Airtable devient un éditeur Web grâce auquel vous transformez vos “bases” ou automatisations directement en applications, toujours sans écrire une seule ligne de code. Ce n’est plus un couteau suisse mais une batterie de cuisine tout entière !
Poursuivant son irrésistible ascension, Airtable a levé 735 millions de dollars, ce qui valorise la société à plus de 11 milliards (pré-money). Salesforce (spécialiste du CRM) et Michael Dell (fondateur de… Dell) ont participé à ce tour de table.
Howie Liu, fondateur d’Airtable, le dit lui-même : leur mission est de simplifier et de rendre convivial le monde traditionnellement complexe des logiciels et des bases de données. Plus besoin de savoir développer pour concevoir des applications et automatiser des tâches… On serait séduit à moins !
Un marché Airtable profite de la vague (la lame de fond ?) des outils low-code / no-code. Selon Gartner, ce marché a augmenté de 22,6 % en 2021, pour un volume de 13,8 milliards de dollars contre 9,15 milliards en 2019.
Mais surtout, ces outils déclenchent une véritable révolution organisationnelle. Toujours selon Gartner, dès 2023, les entreprises compteront quatre fois plus de “développeurs” low-code / no-code que de codeurs professionnels.
“Mais c’est une révolte ? Non, sire, une révolution…”
Réponse du duc de LA ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT (1747-1827), à LOUIS XVI (1754-1793), réveillé le soir du 14 juillet, à Versailles
La leçon à tirer
Mais qu’allons-nous faire de toute cette simplicité ? Notre imagination ne connaîtrait donc plus de limites ? C’est le moment d’innover !
Pour aller plus loin
Notre article “7 about… Le mouvement low-code / no-code”
Notre article “7 about… Stacker, le plus simple des outils no-code”
The Stack: What exactly does Airtable do?
La Suède, la Silicon Valley de l’Europe
L’autre pays des licornes. La Suède occupe la deuxième place mondiale - juste derrière la Silicon Valley - pour le nombre de licornes par habitant, avec respectivement 0,8 licorne pour 100 000 habitants contre 1,4 (source Atomico).
Quelques stars. La Suède est le berceau d’entreprises marquantes dans nos vies : Spotify, Skype, Mojang (Minecraft), King (Candy Crush), Klarna (paiement en ligne)... Pas mal pour un pays de “seulement” 10 millions d’habitants.
Le leader européen. Avec environ 900 dollars d’investissement en capital risque par habitant (cumul sur la période 2016 à 2021), la Suède obtient le score le plus élevé en Europe, devant l'Irlande et le Royaume-Uni.
Une politique volontariste. Le succès de la Suède est en partie lié au rôle joué par l’Etat. De 1998 à 2001, un plan a été mis en place pour que les foyers puissent s’équiper gratuitement en ordinateurs personnels, favorisant ainsi l’accès à Internet. Résultat : en 2005, le taux d’abonnement à une connexion haut débit était de 28 abonnements pour 100 personnes en Suède, 17 aux US et 3,7 en moyenne dans le monde. Une bonne base pour démarrer…
Un écosystème positif. Le rôle de l’Etat ne s’arrête pas là : il soutient les startups par des subventions et des participations dans des fonds d’amorçage, des incubateurs et des accélérateurs. De plus, par sa taille, Stockholm est une ville où il est facile de “réseauter”, de partager, d’échanger… Enfin, la Suède détient le plus fort taux de ré-investissement “à la maison”. Quelques exemples : Niklas Adalberth, co-foundateur de Klarna, Niklas Zennstrom, fondateur de Skype, et Martin Lorentzon, co-fondateur de Spotify, sont tous actifs dans le capital risque destiné aux startups suédoises. Malgré leur fortune et une fiscalité élevée, aucun d’entre eux n’a quitté le pays.
Il n’y a pas que la tech. Pays de Greta Thunberg, la Suède est aussi devenue le champion mondial de l’investissement ESG (Environnement Social Gouvernance), devant le Royaume-Uni et l’Allemagne. En 2021, un montant record de 4,5 milliards de dollars a été investi dans des entreprises traitant l’un des 17 objectifs de développement durable de l’ONU (source Dealroom.co).
Deux méga deals ESG
Northvolt - En juin 2021, le fabricant de batteries électriques suédois a levé un montant record de 2,75 milliards de dollars, portant à 6,5 milliards de dollars le montant total levé par cette entreprise depuis sa création en 2016. Sa valorisation s’élèverait désormais à 11,75 milliards de dollars. L’objectif est d'accroître ses capacités de production pour réaliser les commandes de Volkswagen, BMW, Scania… tout en utilisant des énergies renouvelables.
Kry - En avril 2021, la startup suédoise Kry (plateforme de téléconsultation médicale Livi) a réussi une levée de Série D pour un montant de 312 millions de dollars.
La leçon à tirer
Et si les licornes étaient finalement des rennes ?
Pour aller plus loin
Norhtwolt, le fabricant de batteries pour Wolkswagen lève 2,75 milliards de dollars
Stockeld.com, le producteur du plus ambitieux fromage du monde est suédois
L’effet Greta Thunberg (Yale program)
Sweden Climate policy framework (Gouvernement suédois)
Comment la Suède est devenue la Silicon Valley de l’Europe ? (Reuters)
Can $5bn Klarna avoid the fate of other Swedish unicorns? | Financial Times
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