🔴 7 about... la loi de Laborit, ClimateView et le modèle du vélo néerlandais
La loi de Laborit
1. La loi de Laborit (ou loi du moindre effort) désigne notre tendance naturelle à fuir les sources de douleur, d’ennui ou de difficulté, et à préférer la facilité et la satisfaction immédiate. Si c’est naturel, alors…
2. Cette loi résulte des recherches d'Henri Laborit, chirurgien et neurobiologiste français (1914-1995), connu pour ses travaux sur l’anesthésie, les neuroleptiques et les neurosciences qu’il a contribué à faire connaître à travers ses livres La Nouvelle grille ou Eloge de la fuite. Et oui, c’est bien lui qui apparaît dans le film d’Alain Resnais, Mon oncle d’Amérique.
3. Cette loi est fondée sur notre instinct de survie : notre cerveau nous incite à éviter les agressions ou le stress, et le cas échéant, « à fuir ou à lutter », fuir étant perçu comme plus facile et surtout moins risqué.
4. Toujours dans le but de survivre, notre cerveau nous guide vers des satisfactions immédiates : nourriture, vie sociale (protection par le groupe), repos (reconstitution des forces), sexe (reproduction), etc. Ouf ! Il ne s’agit pas de paresse mais bien de perpétuer notre espèce !
5. Toutefois, en considérant que les prédateurs se font assez rares de nos jours, notre propension à éviter l’effort concerne le plus souvent notre travail. Même s’il n’est plus question ici de survie, nos comportements perdurent car notre cerveau n’a pas évolué aussi rapidement que nos conditions de vie.
6. Nous nous protégeons donc en reportant les tâches qui nous font peur en raison de leur nouveauté (manque de formation), leur importance (risque d’échec) ou leur complexité (inconfort). Voilà pourquoi nous nous retrouvons à consulter de manière compulsive les sites de déco ou de sport, au lieu d’attaquer ce maudit dossier auquel nous n’échapperons pas de toute façon.
7. Conséquence ? En remettant à plus tard ce qui nous semble difficile, nous renforçons notre sentiment de culpabilité et notre anxiété car la tâche “difficile” n’en paraît que plus insurmontable. Pour lutter contre cette tendance, certains conseillent de commencer par le plus difficile puis de s'octroyer une récompense bien méritée. Ca, notre cerveau adore !
La leçon à retenir
La vie demande bien du courage… Allez, je retourne me coucher !
Pour aller plus loin
Un résumé du livre Avalez le crapaud de Brian Tracy ou “Comment commencer par le plus difficile”
Le livre Eloge de la fuite de Henri Laborit
ClimateView
1. Startup basée à Stockholm, Climate View propose la plate-forme ClimateOS permettant aux villes de planifier plus facilement leur transition écologique, en vue d'atteindre la neutralité carbone.
2. Début 2018, Tomer Shalit, futur fondateur de Climate View, constatait que, malgré des milliers de pages d’études scientifiques et de rapports parlementaires, il n’existait pas de plan d’action consultable, concret et compréhensible, correspondant aux objectifs fixés par le gouvernement suédois en termes d’action climatique (Swedish Climate Act). Il décida alors de transformer ces tonnes de données en un immense schéma explicatif, devenu depuis le site Panorama, grâce auquel chacun peut suivre les différents éléments de ce plan d’action.
3. Aujourd’hui, ClimateOS, issue du projet Panorama, est utilisée par plus de cinquante villes dans le monde dont Malmö, Madrid, Dortmund, Cincinnati et Bristol, pour faciliter la mise en place de leur plan de transition écologique.
4. Systèmes complexes et interconnectés, les villes représentent 70 % des émissions de CO2, et sont donc essentielles dans l’action pour le climat (source : Climate Policy Initiative). Les doter d’un outil performant de planification et de gestion de leur politique environnementale est un enjeu crucial.
5. Avec ClimateOS, une ville peut analyser, secteur par secteur, les différents facteurs et leviers possibles, tout en projetant sur l’ensemble de ces secteurs, les effets climatiques et socio-économiques de chaque mesure.
6. ClimateOS aide également les villes à constituer leur plan d’investissement, en prenant en compte les coûts (par exemple, la construction de pistes cyclables) mais aussi les bénéfices (un système de santé allégé grâce à la diminution des maladies liées à la pollution) générés par les différentes mesures prises.
7. Comme toujours, l’argent est le nerf de la guerre. Selon la Banque mondiale, les besoins de financement pour construire des infrastructures urbaines "vertes" s'élèvent à 4 500 à 5 500 milliards par an. Or, les analyses publiées en 2021 montrent que seuls 384 milliards de dollars sont disponibles chaque année. L’écart est colossal…
La leçon à retenir
C’est plus facile de monter au sommet quand on sait précisément par quel chemin y aller…
Pour aller plus loin
Le modèle du vélo néerlandais appliqué au monde entier
1. Les Néerlandais adorent le vélo. Rien de nouveau sous le soleil… On connaît moins en revanche les effets bénéfiques de ce modèle qui place la bicyclette au cœur du quotidien de ses habitants. Et encore moins l’ampleur de son impact s’il était adopté dans le monde entier.
2. En 2022, l’Université du Sud du Danemark a publié une étude concluant que, si le monde entier pratiquait le vélo autant que les Néerlandais, nous produirions 668 millions de tonnes de CO2 en moins chaque année, soit à peu près les émissions annuelles de toute l’Allemagne, quatrième économie mondiale et septième pays le plus pollueur au monde (source : Commission Européenne).
3. Pour économiser autant de CO2, les Néerlandais parcourent en moyenne 2,6 kilomètres à vélo chaque jour. Un exploit à la portée de bon nombre d’entre nous…
4. Quelques données simples :
A la fabrication, un vélo électrique génère en moyenne 165 Kg de CO2 contre 8 500 Kg pour une berline et 13 000 Kg pour un SUV thermique.
A l’usage, pour 100 Km parcourus, un vélo électrique génère 20 grammes de CO2 contre 1 Kg pour une berline électrique et 14 Kg pour un SUV thermique.
Un trajet en vélo émet 10 fois moins de gaz à effet de serre par kilomètre qu’un trajet en bus.
5. Encore mieux, la même étude danoise estime que nous pourrions éviter 620 000 décès chaque année grâce aux bienfaits sanitaires de ces 2,6 kilomètres parcourus chaque jour, le risque de cancer diminuant de 46 % et celui des maladies cardio-vasculaires de 45 %.
6. Environnement, santé… Les bienfaits ne s’arrêtent pas là. Une étude menée par les gouvernements danois et néerlandais montre que l’économie pourrait également en profiter. En effet, chaque kilomètre parcouru en voiture coûte 35 centimes à une ville et à ses citoyens (coûts de création et d’entretien des infrastructures, pollution…). A l’inverse, chaque kilomètre parcouru en vélo génère un bénéfice de 1 euro, grâce notamment aux bienfaits sanitaires.
7. Petit à petit, le modèle néerlandais fait des émules. En France, le marché du vélo a connu une croissance de 15 % en 2021, pour atteindre 3,4 milliards d'euros. Il est temps de mettre fin au cliché “le vélo, c’est bon pour les week-ends !”.
La leçon à tirer
Puisque le vélo est si bénéfique, pourquoi ne pas le faire prescrire par les médecins ? C’est exactement ce que le Royaume-Uni teste en ce moment. On a hâte de voir les résultats !
Pour aller plus loin
Walking, cycling and wheeling to be offered on prescription in nationwide trial, Gouvernement du Royaume-Uni
Historical patterns and sustainability implications of worldwide bicycle ownership and use, University of Southern Denmark
La bicyclette, Yves Montand