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🔮 7 about... la loi du marteau, les "dumb cities" pas si bĂȘtes et le syndrome de la Silicon Valley

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🔮 7 about... la loi du marteau, les "dumb cities" pas si bĂȘtes et le syndrome de la Silicon Valley

7 about - M. Berthelot
Sep 9, 2022
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🔮 7 about... la loi du marteau, les "dumb cities" pas si bĂȘtes et le syndrome de la Silicon Valley

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La loi du marteau 

1. La loi du marteau (Ă©galement loi de l'instrument, marteau de Maslow ou marteau d'or) est un biais cognitif conduisant, lorsque l’on a un problĂšme Ă  traiter, Ă  utiliser automatiquement la mĂ©thode que l’on connaĂźt le mieux, mĂȘme si elle est inadaptĂ©e. 

2. Cette loi a été initialement évoquée par Abraham Kaplan dans son ouvrage The Conduct of Inquiry (1964) : 

 “Give a small boy a hammer, and he will find that everything he encounters needs pounding.” 

Elle a ensuite Ă©tĂ© popularisĂ©e par Abraham Maslow (oui, l’auteur de la pyramide des besoins) dans son livre The Psychology of Science: A Reconnaissance (1966). 

3. Ce biais comporte plusieurs inconvĂ©nients : sur le plan individuel, nous devenons inefficaces car nous n’utilisons pas le “bon outil” pour une tĂąche donnĂ©e, soit par pure ignorance, soit par dĂ©faut d’analyse du problĂšme Ă  traiter, soit (mais c’est impossible, n’est-ce pas ?) parce que nous sommes trop fainĂ©ants pour faire l’effort d’apprendre quelque chose de nouveau (pourtant mieux adaptĂ©). 

4. Sur le plan collectif, cela peut conduire une institution telle que l’école, Ă  persister dans une mĂ©thode unique, mĂȘme si celle-ci est inadaptĂ©e Ă  certains enfants. Pour reprendre l’image, nous tapons sur une vis avec notre marteau alors que nous devrions utiliser un tournevis. 

5. Ce biais s’explique par le raccourci que notre cerveau utilise : nous avons dĂ©jĂ  eu ce problĂšme, nous l’avons rĂ©glĂ© avec succĂšs avec telle mĂ©thode, nous allons donc utiliser la mĂȘme mĂ©thode pour traiter un nouveau problĂšme, similaire du moins en apparence (effet Einstellung).

6. La consĂ©quence nĂ©faste de la loi du marteau est qu’elle nous empĂȘche de trouver LA meilleure solution, de dĂ©velopper de nouvelles compĂ©tences et donc d’ĂȘtre vĂ©ritablement efficaces.

7. Comment l’éviter ? Prendre notre temps lorsque nous sommes confrontĂ©s Ă  un nouveau problĂšme, bien analyser ses caractĂ©ristiques, les moyens et les contraintes, envisager plusieurs stratĂ©gies et, ensuite seulement, choisir nos outils.

La leçon à retenir 

Ça ressemble furieusement au fameux “yakafokon”, ces solutions simplistes et sans nuances qui ont toutes les chances d’échouer
 

Pour aller plus loin 

  • Claude Francois - Si j'avais un marteau - 1963

  • Pink Floyd -- The Wall [[ Official Video ]] HQ


Les “dumb cities”, moins bĂȘtes qu’elles n’en ont l’air 

1. Le concept de dumb cities est Ă  opposer Ă  celui de smart cities, ces villes oĂč tout est gĂ©rĂ© et contrĂŽlĂ© par l’informatique et l’Intelligence Artificielle. Les “dumb cities” sont donc des villes fonctionnant sans l’apport des “nouvelles” technologies.

2. Les smart cities posent des questions cruciales : 

  • Politiques et Ă©thiques : comment sont utilisĂ©es les donnĂ©es relevĂ©es par les capteurs et autres dispositifs de “tracking” ?  

  • Économiques : que se passe-t-il si les chaĂźnes logistiques sont rompues pour s'approvisionner en micro-processeurs et autres dispositifs, notamment pour remplacer des Ă©quipements dĂ©faillants ? 

  • GĂ©opolitiques : comment prĂ©venir les risques de hacking des infrastructures et dispositifs essentiels, par une nation ennemie par exemple ? 

  • Techniques : comment gĂ©rer l'obsolescence sur le plan matĂ©riel comme logiciel ? Capteurs, applications et, mĂȘme, compĂ©tences
 Rien ne vieillit plus mal que la technologie. 

3. Les risques de pĂ©nuries, de guerres et de catastrophes climatiques, que nous expĂ©rimentons aujourd’hui, mettent en Ă©vidence les vulnĂ©rabilitĂ©s des smart cities, ainsi que les dĂ©pendances induites, notamment en matiĂšre de ressources naturelles disponibles en quantitĂ© limitĂ©es. 

4. L’idĂ©e des dumb cities est d’utiliser la nature et nos cerveaux, excellentes machines avec plein de capteurs naturels et d’Intelligence non artificielle.

5. Il s’agit ici de faire appel Ă  des technologies ancestrales ou biomimĂ©tiques, ayant fait leurs preuves et tirant profit de la nature tout en la respectant. Si une technologie efficace n’implique ni Ă©lectricitĂ© ni Ă©lectronique, pourquoi ne pas en bĂ©nĂ©ficier ? 

“Nature is smart, and our ancient wisdom tells us how to live with nature in a smart way.”

Prof Kongjian Yu

6. Quelques exemples : 

  • les “villes-Ă©ponges” de Yu Kongjian, architecte chinois, qui, loin de lutter Ă  coup de digues ou de capteurs contre les inondations, propose d’amĂ©nager la ville pour que l’eau puisse ĂȘtre naturellement absorbĂ©e : jardins conçus pour se transformer en marais, trottoirs permĂ©ables pour que l’eau s’évacue tout en Ă©tant retenue et utilisĂ©e, toits jardins, etc. 

  • la “capture” de l’eau dans des zones agricoles trĂšs arides, par de simples petites fosses semi-circulaires creusĂ©es dans la terre, empĂȘchant le ruissellement des rares eaux de pluie, et grĂące auxquelles les graines pourront germer. Ultra simple, ultra efficace. L’un des mes exemples prĂ©fĂ©rĂ©s tant il est spectaculaire !

  • la construction de bĂątiments sur des modĂšles issus de la nature, tel que l’Eastgate Centre d’Harare, au Zimbabwe, s’inspirant du systĂšme de ventilation des termitiĂšres, pour une climatisation naturelle.

7. Ces technologies sont disponibles dans les diffĂ©rentes cultures ancestrales qui enrichissent notre monde. Reste Ă  savoir si nous aurons le temps d’en bĂ©nĂ©ficier avant qu’elles ne disparaissent
 

La leçon à retenir 

Comme le disait mon grand-pĂšre, “les anciens savaient” : des dĂ©cennies, des siĂšcles d’expĂ©rimentation, au prix de leur vie parfois, leur avaient appris Ă  tirer la leçon de leurs erreurs et de leurs succĂšs, et Ă  la transmettre


Pour aller plus loin 

  • Julia Watson. Lo—TEK. Design by Radical Indigenism - TASCHEN Books 

  • Makoko Floating School, beacon of hope for the Lagos 'waterworld' – a history of cities in 50 buildings, day 48

  • Inside Makoko: danger and ingenuity in the world's biggest floating slum | Cities | The Guardian

  • Home - Justdiggit

  • Les Sponge-city, le modĂšle chinois pour lutter contre les inondations - Les Éclaireurs

  • Greener pastures: Can ancient eco-engineering help fix our degraded landscapes? - CNN. 


Le syndrome de la Silicon Valley

1. Le syndrome de la Silicon Valley dĂ©signe les consĂ©quences engendrĂ©es par la concentration d’un secteur high tech et de son financement, sur l’économie gĂ©nĂ©rale d’une rĂ©gion.

2. Ce syndrome a Ă©tĂ© thĂ©orisĂ© par Olav Sorenson, professeur de sociologie et de stratĂ©gie Ă  UCLA, et Mary C. Tanner, banquiĂšre d’investissement et dirigeante d’entreprises.

3. ConsidĂ©rĂ©e comme l’épicentre mondial de la technologie et de l’innovation, la Silicon Valley s’étend sur 200 kilomĂštres carrĂ©s environ, au sud de San Francisco. Elle accueille la plus forte concentration mondiale de milliardaires au mĂštre carrĂ©, hĂ©berge notamment les siĂšges d’Apple, de Google et de Facebook, et draine prĂšs de 40 % des 156 milliards de dollars investis en capital risque aux Etats-Unis. Tout ce petit monde se cĂŽtoie et gravite autour de l’universitĂ© de Stanford, bĂ©nĂ©ficiant de 38 milliards de dollars de dotation.

4. Cette concentration est renforcĂ©e par la “one hour rule”. En effet, on a constatĂ© que les capitaux risqueurs (VC pour Venture Capital) investissent majoritairement dans des entreprises proches de leurs bureaux (moins d’une heure), car ils font confiance Ă  des entreprises créées par des membres de leur rĂ©seau et donc le plus souvent proches gĂ©ographiquement. Sans compter qu’avoir ces dirigeants “sous la main”, permet de les aider, ou
 de les contrĂŽler, plus facilement. 

5. Le syndrome de la Silicon Valley décrit les effets de cette concentration unique au monde de technologies et de capitaux.

  • Les gagnants : les services locaux tels que les restaurants, les services mĂ©dicaux, les agents immobiliers, les salons de coiffure
 s’enrichissent car ils bĂ©nĂ©ficient d’une clientĂšle de proximitĂ© trĂšs aisĂ©e.

  • Les perdants : les entreprises locales (hors tech) dont les clients se trouvent en dehors de la rĂ©gion, voient leurs coĂ»ts augmenter (immobilier, salaires
), perdent en compĂ©titivitĂ© et sont amenĂ©es soit Ă  s’exiler, soit Ă  mettre la clef sous la porte.

6. Ce syndrome d’hyper concentration de richesses sur une zone rĂ©duite n’est pas spĂ©cifique Ă  la Silicon Valley. Un phĂ©nomĂšne semblable, connu sous le nom de Dutch Disease, s’est produit aux Pays-Bas, dans les annĂ©es 1960, lors de la dĂ©couverte de rĂ©serves de gaz naturel au large des cĂŽtes nĂ©erlandaises. La monnaie nĂ©erlandaise a alors augmentĂ©, accroissant le prix Ă  l’exportation des produits locaux. En parallĂšle, ces mĂȘmes entreprises locales ont perdu leurs salariĂ©s, attirĂ©s par les meilleures rĂ©munĂ©rations de l’industrie gaziĂšre. ConsĂ©quence ? Le secteur du gaz en est sorti gagnant, Ă  l’inverse du reste de l’économie qui s’en est trouvĂ©e affaiblie. 

7. Quel dĂ©cideur ne rĂȘverait pas de crĂ©er sa propre Silicon Valley ? Si les bĂ©nĂ©fices sont indĂ©niables, les consĂ©quences plus lointaines de fragilisation du reste de l’économie locale, ne sont que rarement envisagĂ©es. D’oĂč l’intĂ©rĂȘt de bien connaĂźtre le syndrome de la Silicon Valley


La leçon à retenir

Comme disent les Anglais, “be careful what you wish for”...

Pour aller plus loin

  • L’étude complĂšte “The Silicon Valley Syndrome”

  • The Bay Area stills hold the keys to VC, Pitchbook analysis

  • La bande annonce de l'excellente sĂ©rie TV de HBO : Silicon Valley


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