7 about... la neurodiversité en entreprise et la vallée de l’étrange
Chers SEVENers,
Suite sous le soleil de Corse après un détour par l’Europe centrale, de notre “Best of”, sans oublier notre sélection de podcasts toujours d’actualité et notre playlist qui se complète au fur et à mesure de nos découvertes…
Bonne lecture et à vendredi prochain !
La neurodiversité en entreprise
1. La diversité en entreprise ne concerne pas que le genre, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle ou l’âge… mais aussi notre façon de penser. La neurodiversité désigne la multitude de fonctionnements cognitifs des cerveaux humains et, par extension, la reconnaissance et l’intégration des fonctionnement atypiques.
2. La neurodiversité concerne toutes les divergences cognitives, notamment :
les troubles du spectre de l'autisme (TSA)
le TDAH (trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité)
les dys (dyslexie, dyspraxie, dysphasie, dyscalculie…)
le Haut Potentiel Intellectuel (HPI)
le syndrome de Gilles de la Tourette
3 Quelques neuroatypiques que nous connaissons tous :
Richard Branson (CEO de Virgin)
Eugénie Bouchard (joueuse de tennis)
Billie Eilish (artiste)
Michael Phelps (champion olympique de natation)
Greta Thunberg (activiste pour le climat)
Serena Williams (joueuse de tennis)
4. En entreprise, recruter ces profils atypiques permet de bénéficier de perspectives nouvelles et originales, utiles par exemple pour la résolution de problèmes. Un potentiel considérable…
5. Les entreprises favorisant la neurodiversité ont pu constater que ces salariés font preuve de beaucoup de motivation, d'une grande loyauté et d’un faible absentéisme.
6. L’intégration des profils atypiques implique de mettre en place des processus adaptés de recrutement, loin de l’entretien en face à face classique qui peut s’avérer totalement inadéquat. Idem pour le management qui peut être facilité par des coachs ou des mentors.
Aux USA, quelques initiatives spécifiques ont déjà été mises en place :
le collectif Neurodiversity @ Work Roundtable regroupant des entreprises telles que SAP, Microsoft, EY, JPMorgan Chase et Ford
le Neurodiversity Hiring Program de Microsoft, lancé en 2015
des organismes intermédiaires, faisant le lien entre entreprises et employés
7. Selon des études américaines, 0,6 à 0,7 % de la population mondiale présenterait des Troubles du Spectre Autistique (TSA). Selon l'INSERM, environ 700 000 personnes seraient concernées en France, dont 100 000 âgées de moins de 20 ans. Le taux de chômage reste très élevé dans cette population : environ 80 % en 2015selon les Nations Unies. Malheureusement, peu de chiffres sont disponibles pour les autres profils neuroatypiques.
La leçon à retenir
Espérons que ces initiatives positives résistent à un éventuel retournement du marché du travail et à la fin de la pénurie de main d'œuvre…
Pour aller plus loin
Le livre NeuroTribus Autisme : plaidoyer pour la neurodiversité - broché - Steve Silberman
Le livre Éloge des intelligences atypiques | Éditions Odile Jacob
La vallée de l’étrange
1. Inutile de chercher la vallée de l’étrange (uncanny valley) sur une carte car ce n’est pas un lieu mais un sentiment. Il s’agit de ce malaise que nous éprouvons face à des robots humanoïdes.
2. Masahiro Mori, roboticien japonais, a théorisé ce phénomène en 1970. Dans son article devenu un classique, Mori explique : “j’ai remarqué que, lorsque les robots ressemblent à des humains, nous nous sentons davantage en affinité avec eux, mais seulement jusqu’à un certain point que j’appelle la vallée de l’étrange”. Ce phénomène s’appliquerait également aux jouets, aux marionnettes et même aux prothèses.
3. La vallée de l’étrange se décompose en 3 phases :
Phase 1 : le robot ressemble vaguement à un humain, ce qui ne nous pose aucun problème.
Phase 2 : le robot ressemble beaucoup à un humain, tout en possédant des imperfections visibles, ce qui génère angoisse et malaise. Nous sommes dans la vallée de l’étrange.
Phase 3 : le robot ressemble parfaitement à un humain, ce qui provoque un fort degré d’affinité. Nous sortons de la vallée pour retrouver les hauteurs de l’acceptation.
4. Messages contradictoires. Le phénomène de la vallée de l’étrange proviendrait de l’inaptitude de notre cerveau à gérer des messages contradictoires. Face à un robot qui nous ressemble beaucoup mais pas entièrement, il perçoit qu’il s’agit à la fois d’un humain et d’un non-humain. Cette dissonance perceptive provoque de l’angoisse.
5. Les roboticiens tiennent de plus en plus compte de la vallée de l’étrange. Quelques exemples :
Exotec, licorne française spécialisée dans la robotique d’entrepôt, a pris en compte ce phénomène. Afin d’éviter toute gêne, ils ont choisi de faire ressembler leurs robots à des valises plutôt qu’à des êtres humains.
Les prothèses de main : de moins en moins de personnes amputées optent pour des mains réalistes, préférant des prothèses en métal au design plus robotique qu’humain.
Shrek : la princesse Fiona, trop proche d’une forme humaine, effrayait les enfants lors des premières séances tests. Elle a donc été modifiée pour ressembler davantage à un personnage de dessin animé.
6. Le mouvement aussi troublant que l’aspect. La vallée de l’étrange ne s’applique pas seulement à la ressemblance physique. La réplication des mouvements provoque un malaise identique. L’humanoïde Atlas, développé par Boston Dynamics, n’a pas une apparence humaine, mais ses déplacements sont tellement proches de ceux d’un être humain qu’il en devient tout aussi troublant. Autre exemple : l’échec spectaculaire de Cats, la super production hollywoodienne de 2019, devrait beaucoup à la vallée de l’étrange. Les spectateurs n’ont pas apprécié l’aspect trop humain et les mouvements trop réalistes de ces créatures, victimes de la vallée de l’étrange.
7. Avec la prolifération des robots et des avatars, il devient stratégique de bien comprendre les effets de la représentation humaine. Le marché mondial de la robotique devrait atteindre 74 milliards de dollars en 2026, contre 27 milliards en 2020, soit une augmentation annuelle supérieure à 17 % (source : Mordor Intelligence). Mais ce n’est rien comparé au tsunami à venir : de 10 milliards de dollars en 2020, le marché des avatars devrait passer à 527 milliards en 2030, soit un multiple de 50 en dix ans (source : Emergen research).
La leçon à tirer
Comme toujours : Less is more.
Pour aller plus loin
La dérangeante interview de Sofia, l’androïde trop humain
Terminator, le plus ressemblant des robots
La bande annonce de Cats