7 about... la "productivity shame", Imagilabs, l’application des codeuses, et les protéines alternatives
La “productivity shame”
La productivity shame est notre tendance à nous fixer des objectifs ou des délais irréalistes que, bien sûr, nous ne parvenons pas à tenir… d’où ce sentiment de culpabilité qui nous tenaille lorsque nous regardons un film ou promenons notre chien. Si vous vous reconnaissez, vous souffrez probablement - comme nous tous - de productivity shame.
Le concept a été théorisé par Jocelyn K. Glei, une auteure "obsédée" (selon ses propres termes) par la recherche de sens et de créativité dans le travail.
La productivity shame trouve en partie sa source dans un autre phénomène : le planning fallacy ou le fait que nous surestimons systématiquement le temps dont nous disposons pour réaliser une tâche. Selon Rescue Time, le nombre réel d'heures où nous sommes productifs ne dépasse pas les 12,5 heures par semaine.
Autre source de productivity shame : le manque de "livrables" concrets à réaliser. Sauf si vous travaillez en usine ou à la ferme, il est fort probable que vous ne sachiez pas exactement ce que vous avez à “livrer”. Dans notre économie dominée par les services et la connaissance, la notion de production a été remplacée par de la collaboration et de la communication permanentes, le tout assaisonné de réunionite échevelée. Ne pas savoir ce que l'on doit produire, déboussole et renforce ce sentiment de culpabilité.
Cette tendance est encore amplifiée par l'explosion du travail à distance. Selon une étude Microsoft réalisée au Royaume-Uni, 53 % des personnes interrogées ressentent le besoin d'être disponibles en permanence lorsqu'elles travaillent de chez elles, et 52 % déclarent travailler plus longtemps et s'accorder moins de pauses.
Une piste pour limiter ce sentiment de culpabilité : tirer parti de nos “temps forts”. Toujours selon Rescue Time - et pour des raisons inexpliquées - c'est le mercredi à 15h que nous serions en général les plus productifs. Pour les développeurs, c'est entre 14h et 18h qu'ils atteignent leur pic de productivité, quel que soit le jour. Quant aux rédacteurs, ils seraient plutôt du matin, avec une préférence pour le mardi à 10h. C’est précis !
Autre antidote connue pour son efficacité : le principe de progrès. C'est en prenant conscience de ce que nous avons déjà réalisé et en suivant notre progression, que nous arrivons à être satisfaits de notre travail… et à ne plus nous sentir coupables !
La leçon à tirer
“Soyons réalistes : demandons l’impossible !” Et si c’était plutôt “soyons impossibles : demandons le réaliste” ?
Pour aller plus loin
Le Podcast de Jocelyn K. Glei : Hurry Slowly
How to stop productivity shame
Imagilabs, l’application des codeuses en herbe
1. Imagilabs est une startup suédoise créée en 2018 par trois femmes : Dora Palfi, Beatrice Ionascu et Paula Dosza. Lors de leurs études en Computer Science à la New York University d'Abu Dhabi, elles ont constaté par elles-mêmes l'absence criante de femmes dans leur univers. Leur nouvelle mission ? Former les filles au codage !
2. Les trois fondatrices d’Imagilabs sont parties du constat que seuls 25 % des codeurs sont des codeuses. Encore plus alarmant : à l'âge de 12 ans, garçons et filles partagent le même intérêt pour l'informatique mais, deux ans plus tard, cet intérêt ne s'élève plus qu’à 12 % chez les filles contre 47 % chez les garçons.
3. L’objectif est donc de réduire cet écart, en prenant le problème à la source, c’est-à-dire en formant les filles au code dès l'âge de 9 ans, de la façon la plus ludique possible.
4. Imagilabs propose une application gratuite pour apprendre à coder en Python tout en s’amusant, ainsi qu’une "communauté" où les filles pourront partager leur code, s’encourager et prendre confiance en elles.
5. L'originalité d'Imagilabs a été de miser sur la concrétisation du code à travers un objet : l’Imagicharm. Ce petit boîtier à porter sur soi ou sur son sac d’école dispose de 64 cases LED formant un dessin à personnaliser grâce à la programmation. Les pre-teens et les teenagers peuvent ainsi exprimer leur créativité et leur personnalité via le codage. Une bonne motivation !
6. Imagilabs a pris le parti du "gamified learning" car c’est en jouant, en ressentant des émotions positives, que l’on mémorise le mieux. S’ennuyer est contre-productif quand il s’agit d’apprentissage.
7. Après une campagne Kickstarter, ImagiLabs a été sélectionné par les programmes d’accélération d'Apple et de Google, puis a réalisé une levée de fonds Seed de 250 000 € en mars 2021. Une somme très éloignée de certaines levées record... surtout au regard de l'enjeu. Mais, soyons positifs, l'élan est donné !
La leçon à retenir
Ca y est : vous avez trouvé comment occuper votre petite nièce dimanche prochain !
Pour aller plus loin
La video de démo d'imagiCharm
Le Podcast de Dora Palfi, co-fondatrice et CEO de Imagilabs
Le rapport "Grils in IT: the facts"
La formation : Girls who code
Les protéines alternatives
1. Toujours plus de viande. La production de viande continue à augmenter dans le monde : 345,6 millions de tonnes prévus en 2021 contre 337,2 en 2019 (chiffres : FAO). A titre de comparaison, la production était d’environ 200 millions en 2000. La quantité moyenne de viande consommée dans le monde a presque doublé entre 1961 (23 kg par personne par an) et 2014 (43 kg). La croissance démographique et le développement des pays à revenu intermédiaire (Chine et Asie de l’Est) expliquent cette consommation effrénée.
2. Une pression environnementale insoutenable. La consommation de viande présente non seulement des risques pour la santé (cancers et maladies cardio-vasculaires) mais aussi pour notre environnement. 15 kg de céréales et 15 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire 1 kg de viande. L’élevage compte à lui seul pour 14 % des émissions globales de gaz à effet de serre, toujours selon la FAO. Bref, ce n’est pas tenable...
3. L’heure des protéines alternatives. Trois autres familles de protéines peuvent remplacer la viande, les oeufs et les produits laitiers :
Les protéines d'origine végétale (légumineuses, céréales…)
La viande de culture, produite à partir de cellules animales
Les protéines issues de procédés de fermentation à base de levures, de champignons ou de bactéries
4. Une matière première végétale essentielle. Avec un taux de protéines similaire à celui de la viande, le modeste pois jaune connaît une gloire soudaine. Longtemps réservée à l’alimentation animale, cette légumineuse est sans allergène, sans gluten, sans OGM, nécessite 40 fois moins d’eau que le blé et un apport très réduit d’engrais chimique. Une aubaine ! Mais cette demande croissante fait peser le risque d’une hausse des prix. Par conséquent, d’autres légumineuses font aussi l’objet d’un intérêt accru…
5. Un marché colossal. Selon l’étude du Boston Consulting Group et de Blue Horizon Corp, le marché des protéines alternatives devrait représenter au moins 290 milliards de dollars d’ici 2035. Voilà qui donne envie de créer (et financer) des start-ups ! Si, en plus, c’est bon pour la planète…
6. Le capital risque en première ligne. Ainsi, selon Crunchbase, les investisseurs ont injecté environ 4,2 milliards de dollars dans plus de 363 projets, depuis 2016. La tendance s’accélère puisque l’année 2020 a vu une croissance de 101 % par rapport à 2019, avec près de 2 milliards de dollars.
7. Des premières stars
NotCo (lait, mayonnaise, crème glacée, hamburgers végétaux) vient de rejoindre le gang des licornes.
Impossible Foods (hamburgers, nuggets et saucisses végétaux) a levé 700 millions de dollars en Séries F et Séries G, en 2020.
Beyond Meat, introduit en bourse en 2019, a vu le cours de son action passer de 25 dollars à 135 dollars, mi-2020.
Oatly, premier producteur mondial de lait d’avoine, a fait une entrée en fanfare à la Bourse de New York, en mai 2021.
La leçon à retenir
Avec la pandémie, nous nous sommes adaptés très vite à des comportements qui nous semblaient inconcevables “avant”. Peut-être qu’oublier la viande, finalement, ce ne serait pas si dur… et pourrait rapporter gros !
Pour aller plus loin
L’étude de la revue Science : Meat consumption, health, and the environment
Pour nourrir la Planète, il y aurait plus efficace que l'agriculture
Tofu, lentilles, quinoa : les alternatives à la viande sont nombreuses
Protéines alternatives : et si la fermentation était une solution ?
MIT Technology Review - We’re on track to set a new record for global meat consumption
Merci pour votre attention. Nous vous souhaitons un excellent week-end et vous donnons rendez-vous vendredi prochain !
En attendant, vous pouvez nous retrouver sur notre site Web, et sur Linkedin, Twitter, Facebook et Instagram ! Et si notre Newsletter vous a plu, n’hésitez pas à l’envoyer à vos amis…