VoilĂ lâĂ©tĂ©, voilĂ lâĂ©tĂ©âŠÂ Nous passons en mode âBest ofâ oĂč nous vous proposons de (re)dĂ©couvrir nos articles prĂ©fĂ©rĂ©s, une sĂ©lection sans aucun lien avec le contexte actuel, bien sĂ»r⊠Bonne lecture sous le soleil exactement⊠ou presque !
La rationalitĂ© limitĂ©eÂ
1. La rationalitĂ© limitĂ©e (bounded rationality) est le processus de prise de dĂ©cision qui nous conduit Ă nous limiter Ă une solution satisfaisante, mĂȘme si elle nâest pas optimale.Â
2. En effet, dans un monde idĂ©al, nous disposerions de toutes les informations nĂ©cessaires, dâun temps illimitĂ© et dâune capacitĂ© de rĂ©flexion exceptionnelle, qui nous permettraient de faire le choix optimal, en dehors de tout biais cognitif. Dans le monde rĂ©el, nous nous arrĂȘtons Ă la premiĂšre solution que nous jugeons satisfaisante. DĂ©cevantâŠ
3. Prix Nobel dâĂ©conomie en 1978 pour ses travaux en sciences comportementales, le chercheur amĂ©ricain Herbert Simon a dĂ©veloppĂ© le concept de rationalitĂ© limitĂ©e dĂšs 1955, en rĂ©action au modĂšle nĂ©o-classique selon lequel, Ă©tant parfaitement rationnels, disposant dâune capacitĂ© cognitive illimitĂ©e ainsi que dâinformations exactes et complĂštes, nous choisirions LA solution optimale nous permettant dâoptimiser nos gains malgrĂ© les contraintes.Â
4. En rĂ©alitĂ©, nous prenons des âraccourcisâ car nous nâavons ni le temps ni les moyens de calculer tous les bĂ©nĂ©fices et inconvĂ©nients de toutes les alternatives envisageables. Nous sommes donc imparfaitement rationnels (on sâen doutait un peuâŠ) ce qui peut nous inciter Ă agir contre nos intĂ©rĂȘts, par exemple en privilĂ©giant le court terme ou en choisissant, sans vraiment le savoir, une solution incohĂ©rente avec nos objectifs.
5. Prendre conscience de ce processus nous aide Ă dĂ©jouer les manĆuvres des petits malins qui ont parfaitement compris nos imperfections. Entreprises, politiques, ils savent bien que nous nâavons pas le temps de chercher si leurs dĂ©clarations sont exactes ou non. Quelques exemples ?Â
les allĂ©gations santĂ© sur les produits alimentairesÂ
les grandes dĂ©clarations dâamour Ă lâenvironnement sur des lessives polluantesÂ
les bilans enjolivés de certains politiques
6. Le travail en Ă©quipe peut ĂȘtre un antidote car nous disposons ainsi des connaissances, de lâexpĂ©rience et du temps de chacun, sans ĂȘtre tous soumis aux mĂȘmes biais cognitifs.Â
7. Enfin, ne pas prendre de dĂ©cisions optimales peut ĂȘtre positif sâil sâagit dâintĂ©grer dâautres objectifs que le profit : la lutte contre la crise climatique, le bien-ĂȘtre des salariĂ©s, le respect des droits humainsâŠÂ
La leçon à retenir
Pour le commun des mortels, vouloir prendre la dĂ©cision parfaite Ă©quivaut souvent Ă ne pas prendre de dĂ©cision du tout⊠comme lorsquâon hĂ©site tellement sur le meilleur lieu de vacances que finalement tout est complet lorsque, enfin, on est prĂȘt.Â
Pour aller plus loinÂ
Pour ceux qui veulent un cours rapide : La rationalité limitée - Maxicours
Pour ceux qui veulent (vraiment !) aller au fond des choses : Bounded Rationality (Stanford Encyclopedia of Philosophy)
La pensĂ©e du maĂźtre lui-mĂȘme : A Behavioral Model of Rational Choice Get access - Herbert A. Simon
Unboss ou lâentreprise sans patron
1. Le concept de Unboss a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par Lars Kolind et Jacob BĂžtter dans lâouvrage du mĂȘme nom, lui-mĂȘme constituĂ© grĂące Ă lâapport - sans patron - de plusieurs centaines de contributeurs. (Dans un souci dâĂ©quitĂ©, les droits dâauteur sont reversĂ©s Ă la fondation du scoutisme mondial.) Le processus de crĂ©ation de ce livre met donc en application le principe collaboratif quâil dĂ©fend.Â
2. Il sâagit de renverser le âmanagementâ pyramidal hĂ©ritĂ© du taylorisme. Ces principes de management, Ă©tablis au dĂ©but du 20Ăšme siĂšcle par Frederick Winslow Taylor, impliquent la parcellisation des tĂąches et la spĂ©cialisation âverticaleâ des ouvriers. Les entreprises sont alors compartimentĂ©es en services spĂ©cialisĂ©s. Â
3. LâUnboss nâest pas une utopie pour de doux rĂȘveurs startuppeurs. Novartis, lâun des gĂ©ants mondiaux de la pharmacie, en a fait le cĆur de sa culture dâentreprise. Depuis 2018, la multinationale suisse Ćuvre Ă âunbosserâ ses 20 000 managers Ă travers le monde avec son Unboss Leadership Experience.
4. Chez Novartis, comme chez toutes les entreprises qui optent pour la Unboss culture, chaque manager doit s'en tenir Ă trois rĂŽles principaux :Â
Fixer des objectifs clairs
Ătre au service des Ă©quipes
Lever les obstacles pour que les collaborateurs puissent donner le meilleur dâeux-mĂȘmes
5. ConcrĂštement, cela signifie que le âbossâ dâune Ă©quipe ne donne plus dâordres mais crĂ©e les conditions pour que la crĂ©ativitĂ©, le sens de l'initiative et de la responsabilitĂ© de chacun, puissent sâexprimer en mode collaboratif. Sauf exception, lâintelligence collective crĂ©e plus de valeur que lâintelligence dâun seul dirigeant.
6. La Unboss culture remet en cause la notion traditionnelle de leader. Ce nâest pas le plus sage, le plus intelligent ou le plus expĂ©rimentĂ© qui dirige, mais la personne la mieux capable de donner du sens aux situations les plus complexes.Â
7. Tout le pari de la Unboss culture est dâattirer les (nombreux) dĂ©senchantĂ©s du management taylorien, qui n'hĂ©sitent pas Ă aller voir ailleurs si le management est plus âvertâ...
La leçon à retenir
Personne n'est fait pour faire huit heures par jour, pendant plus de quarante ans, un travail qui nâa pas de sens et qui ne permet pas de contribuer dans ce quâon a de meilleurâŠ