7 about… la reconnaissance des émotions et le UGLY BABY de PIXAR
7 about… la reconnaissance automatisée des émotions
Après la computer vision et la reconnaissance faciale, voici le troisième volet de notre série sur la reconnaissance visuelle : les émotions.
La reconnaissance automatisée des émotions consiste à utiliser la technologie pour détecter et identifier les émotions humaines, à partir des expressions faciales, des mouvements corporels, des gestes ou de la voix.
Le but ultime est de prédire à grande échelle les réactions et les comportements humains.
Il ne s’agit plus seulement de recherche appliquée mais bien de mise en oeuvre, notamment dans trois domaines :
L'éducation des enfants avec par exemple 4LillteTrees, société hongkongaise qui aide les écoles à mieux déceler les ressentis des élèves pendant les cours et adapter leur enseignement ;
Les entretiens d'embauche avec le très controversé HireVue qui se limite désormais à l'évaluation, après avoir fait machine arrière sur le ressenti automatisé ;
Les chats bots des services clients.
Depuis le milieu des années 2010, la reconnaissance des émotions a bénéficié des progrès fulgurants des programmes de langage naturel (NLP).
Grâce à la multiplication des données disponibles, au deep learning et à de nouveaux algorithmes (Support Vector Machines, Naive Bayes, Maximum Entropy...), on peut aujourd'hui parler d'un Internet des émotions.
Ces recherches ont également utilisé la base de données lexicale WordNet et la classification des 7 émotions humaines universelles de Paul Ekman, qui a lui-même mis en garde contre les résultats “automatisés” obtenus à partir de ses travaux...
Un marché à la croissance explosive. Selon Markets & Markets, le marché de la détection des émotions devrait doubler d'ici 2026 pour atteindre 37 milliards de dollars contre 19,5 milliards en 2020.
Cette croissance s'explique par un double besoin durable :
mieux comprendre les comportements humains dans un monde où la distance s'installe ;
étudier le comportement des consommateurs, afin de concevoir des expériences uniques, sur mesure.
La leçon à tirer
Les résultats ne sont pas encore totalement probants mais il semblerait que nos émotions soient elles aussi des données transformables en algorithmes...
Pour aller plus loin
La vidéo de conseils de Hirevue, pour passer des entretiens d'embauche en détection d'émotions (non, il ne s'agit pas de la nouvelle saison de Black Mirror !)
La classification de toutes les émotions humaines, selon Paul Ekman
La naissance d'un géant de la reconnaissance des émotions après le rachat de Affectiva par Smart Eye
7 about… le UGLY BABY de PIXAR
Le Ugly Baby est l'un des secrets de fabrication de Pixar qui explique le mieux son phénoménal succès créatif et commercial. Ed Catmull, le fondateur du studio, en livre tous les détails dans son excellent livre Creativity Inc.
"Montre tôt et montre souvent" : Le Ugly Baby consiste à montrer un premier brouillon des histoires le plus vite possible pour évaluer le fond et non pas la forme. Cela paraît évident mais ne pas se soucier de la forme lorsque l'on montre son travail pour la première fois est contre-intuitif pour la grande majorité d'entre nous.
Braintrust : Chaque auteur montre son Ugly Baby à un braintrust composé d'autres auteurs Pixar. Ce travail collectif évite à l'auteur de se perdre dans un long processus solitaire et auto-centré.
Se protéger du perfectionnisme : Le Studio protège ses auteurs contre toute culture du perfectionnisme. Pixar a constaté que plus l'idée est originale, moins sa forme est aboutie. Il faut donc protéger les meilleures idées. Ce sera beau à la fin, mais entre-temps, ce sera moche et on l'assume. Pixar utilise l'image de la chenille (moche) qui à la fin devient un papillon (beau).
Un maximum d'histoires : En évitant la pression de l'esthétique, le studio peut créer davantage d'histoires, ce qui augmente ses chances d'avoir de bonnes histoires, qui se transformeront ensuite en beaux papillons.
Un modèle économique : Le potentiel d'une histoire est détecté plus vite que dans les autres studios. Pixar sélectionne au plus tôt les idées dans lesquelles investir, et abandonne à moindres frais celles qui ne fonctionnent pas.
Une startup de 200 000 personnes ? On retrouve la culture du Ugly Baby dans les startups et les entreprises les plus innovantes. Sauf que Pixar, c'est le modèle à grande échelle, au sein de Disney (plus de 200 000 personnes !) qui en a fait l'acquisition en 2006 et qui s'est renouvelé depuis en travaillant à la Pixar.
La leçon à retenir
Une bonne idée sera belle à la fin. En attendant, elle est moche et on s'en fiche !
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