🔴 7 about... la règle des 24 heures, NégaWatt et la permacrise
La règle des 24 heures
1. La règle des 24 heures est simple : en cas de crise, il est préférable de ne pas se précipiter pour agir ou communiquer mais d’attendre 24 heures… hors urgence absolue bien sûr.
2. En effet, il est rare de disposer immédiatement d’informations complètes et exactes, ce qui signifie que nous prenons des décisions sans avoir tous les éléments. La porte ouverte à beaucoup de bêtises dont on risque de se mordre les doigts… dès le lendemain.
3. Les véritables situations de crise sont finalement assez peu courantes, ce qui nous laisse la possibilité de vérifier nos informations et de réfléchir aux meilleures options, calmement.
4. Au sein d’une entreprise, les décisions prises sous le coup de l'émotion peuvent coûter cher : non-respect des procédures légales, diffamation, erreur technique…
5. Lorsque l’adrénaline est retombée et que nous disposons d’informations vérifiées, notre appréciation de la situation est plus rationnelle et plus étayée. C’est à ce moment-là que nous pouvons prendre des décisions plus justes, loin de toute escalade.
6. Sous le coup de la colère, nous sommes tous capables d’écrire un message incendiaire que nous regretterons rapidement, sans pouvoir revenir en arrière. Pourtant, ce message inconsidéré laissera des traces très très longtemps.
7. Qui sait ? Peut-être même que la crise aura eu le temps de se dégonfler d’elle-même. La désescalade, ça peut aussi être de laisser les choses se tasser (sans laisser traîner) : il ne s’agit que de vingt-quatre heures après tout.
La leçon à retenir
Vieux dicton mais sagesse toujours jeune : “La nuit porte conseil”.
Pour aller plus loin
NegaWatt
1. NegaWatt est une association à but non-lucratif française créée en 2001 par des professionnels de l’énergie. Son objectif est de “réussir la transition énergétique”, avant tout par la sobriété. Des précurseurs !
négaWatt : terme inventé par Amory Lovins, expert américain des stratégies énergétiques et fondateur du Rocky Mountain Institute, pour désigner de manière globale l’énergie non consommée ou économisée par des actions de sobriété ou d’efficacité énergétique.
Association NégaWatt
2. Cette association est dirigée par « la Compagnie des négaWatts » composée de 26 experts de l’énergie, des vrais… beaucoup d’ingénieurs et de chercheurs. Bref, du sérieux !
3. Partant notamment du principe que l’énergie la moins polluante est celle qu’on ne consomme ni ne produit, NégaWatt préconise une démarche en trois points :
Sobriété : ce que l’on ne consomme pas, ne sera pas à produire.
Efficacité énergétique : faire mieux avec moins.
Energies renouvelables : remplacer les énergies fossiles et nucléaire.
4. En 2022, NégaWatt a publié “La transition énergétique au cœur d’une transition sociétale”, un scénario énergétique prospectif fondé sur des technologies existantes pouvant être rapidement déployées à grande échelle. Ces mesures réalistes permettraient d’atteindre la neutralité carbone en France en 2050, grâce à une “consommation fortement réduite et couverte à 96 % par des énergies renouvelables”.
5. Pour répondre à la crise énergétique actuelle, négaWatt vient de publier une série de 50 propositions concrètes permettant d’économiser jusqu'à 13 % de la consommation d'énergie en France (gaz, électricité, pétrole) dans les deux ans à venir. Ces actions sont cruciales à court terme mais surtout à moyen terme, si nous voulons éviter une crise climatique incontrôlable.
6. NégaWatt contribue au projet européen Fulfill : il s’agit d’identifier comment nous pouvons adopter un mode de vie à faible émission de CO2 et consommation de ressources, tout en améliorant notre qualité de vie.
7. NégaWatt a aussi un rôle d’information et de formation, notamment via des Webinaires, pas forcément hilarants mais pointus et complets. Un exemple : Risques et gouvernance : quels enjeux associés à l'avenir du parc nucléaire français ?
La leçon à tirer
Et si on imaginait qu’on devait pédaler pour produire notre électricité ? Tiens, tiens, je pense que plus personne n’oublierait d’éteindre la lumière en quittant une pièce…
Pour aller plus loin
La sobriété énergétique - Négawatt
La permacrise
1. La permacrise désigne le sentiment de crise permanente, ressenti par un nombre croissant d’individus. Terrorisme, pandémie, guerre en Ukraine, changement climatique, crise énergitique… Ces crises ne se succèdent pas, elles s’accumulent !
2. Le néologisme permacrise a été popularisé par le journaliste britannique Josh Glancy dans un article du Sunday Times, publié en 2022. Pas étonnant qu’un Britannique ait été le premier à théoriser ce concept, le Royaume-Uni étant devenu le pays précurseur de la permacrise avec le Brexit en 2016 !
3. L’armée américaine a identifié quatre facteurs expliquant ce sentiment, regroupés sous l’acronyme VICA (ou VUCA en anglais) :
Volatilité : les changements s’accélèrent, dans des directions différentes.
Incertitude : nos repères pour prévoir le futur s’amenuisent.
Complexité : les causes de ces crises nous apparaissent multiples et interdépendantes.
Ambiguïté : le sens de ce qui nous arrive est de moins en moins clair.
4. Le sentiment de permacrise touche plus particulièrement l’Europe. Commencée avec le Brexit, la permacrise européenne n’a cessé de s’accentuer :
La pandémie de Covid-19 a déjà fait plus de 2 millions de morts en Europe (source OMS).
La guerre en Ukraine déstabilise et fragilise tout le continent.
Cette même guerre entraîne une crise d’approvisionnement énergétique, d’autant plus forte que l’Europe fait partie des rares régions du monde à ne disposer que de très peu d’énergie primaire.
5. Ce sentiment est un fléau pour les jeunes générations. Selon un sondage mondial réalisé par l’Université de Bath, 77 % des 16-25 ans interrogés considèrent que “le futur est effrayant”. Conséquence : un tiers d’entre eux souffrent de problèmes de sommeil, un quart, de difficultés de concentration.
6. Vite, du positif ! Tout d’abord, rappelons que la permacrise décrit un sentiment, pas forcément une réalité. Quelques solutions simples peuvent aider à lutter contre l’anxiété, particulièrement chez les plus jeunes :
Passer à l’action : plutôt que de vouloir rester calme face à un sentiment de chaos, mieux vaut encourager l’action, qui permet de reprendre le contrôle et de réduire l’angoisse.
Limiter les risques digitaux : l’excès de temps passé devant les écrans est particulièrement nocif. Moins d’écrans, c’est également moins d’avis d’experts qui se contredisent les uns les autres et moins d’informations plus ou moins vérifiées qui renforcent nos préjugés.
Sortir le plus possible : être au contact de la nature, c’est la meilleure façon de prendre du recul, de calmer ses angoisses…
7. La permacrise nous donne le sentiment que “tout s’effondre”, ce qui a pour conséquence directe de modifier l’ordre de nos priorités. Dans le monde de l’entreprise, cela se traduit par ces phénomènes de “grande démission”, “démotivation silencieuse”, “détravail”… car il est difficile de trouver du sens et de la motivation dans un monde aussi anxiogène.
La leçon à tirer
Tentant de faire l’autruche, non ? Juste pour les vacances…
Pour aller plus loin
L’article originel de Josh Glancy, Sunday Times
The European region is in a permacrisis, OMS (NB : disposer d’un bon moral avant de lire cet article)
Voir ou revoir La Crise de Coline Serreau et l’inoubliable Maria Pacôme
How to talk to your children about the Permacrisis, The Guardian
Pour se remonter le moral : We live in the best era of humanity, Steve Pinker
Crisis, what crisis ? L’album culte de Supertramp