7 about... la “think week” de Bill Gates, RescueTime et Zhongguancun, la “silicon valley” chinoise
La “think week” de Bill Gates
Think week. Deux fois par an, Bill Gates s'isole pendant une semaine entière, coupé du reste du monde, pour lire et réfléchir. Eh oui, le fondateur de Microsoft passe deux semaines par an, déconnecté de toute forme de technologie !
Un endroit strictement secret. Bill Gates occupe seul un chalet au bord d'un lac près du Pacifique nord. Le chalet serait équipé du strict minimum avec un portrait de Victor Hugo pour seule déco. Un livreur lui apporte ses deux repas quotidiens.
Bill Gates pratique ses "think weeks" depuis plus de 25 ans. L'objectif est de s’isoler pour mieux réfléchir aux grands problèmes, repenser sa vision du monde et imaginer de nouvelles idées.
C'est au cours de l’une de ces retraites, en 1995, que Bill Gates a rédigé le fameux manifeste, The Internet Tidal wave. A l'époque, Microsoft considérait Internet comme une mode et était en train de louper le virage. Changement de cap après une semaine de retraite. En quelques jours, Bill Gates décide de transformer Microsoft en acteur majeur de l'Internet. On connaît la suite…
S'il referme son ordinateur, Bill Gates n'oublie pas d'emporter du papier et des crayons. Il note toutes ses lectures et documente toutes ses pensées.
Ces “think weeks” mettent en relief le fléau de l'hyper-connexion. Comment être capable de réfléchir, d’intégrer des informations complexes quand notre travail est centré autour de conversations permanentes, non structurées, non programmées, via mail ou messagerie instantanée type Slack ?
Quelques chiffres pour vous donner le tournis…
En 2019, un employé traite en moyenne 126 mails par jour (envoi et réception), soit un toutes les 4 minutes (source Radicati).
Selon Adobe, les "knowledge workers" déclarent passer plus de 3 heures par jour à gérer leur mail.
Ok, on arrête…
Retrouver la pensée profonde. Avec toutes ces distractions, nous ne pouvons plus nous concentrer. Du coup, nous risquons de ne produire qu'un travail superficiel, créant peu de valeur, facilement remplaçable. Pratiquer la "think week" est un moyen de retrouver sa capacité à réfléchir en profondeur.
La leçon à retenir
Même si nous n'avons pas les moyens de Bill Gates, nous pouvons décider de nous isoler - ne serait-ce que quelques heures - pour reprendre le contrôle de notre pensée. Non seulement on y survivra mais lutter contre l’accoutumance à la distraction pourrait bien être la clé de notre réussite personnelle et professionnelle.
Pour aller plus loin
Le série-documentaire de Netflix : Dans le cerveau de Bill Gates
Le livre à lire : Deep Work de Cal Newport
La vidéo pour lutter contre l’accoutumance à la distraction
RescueTime, l'outil pour mieux se concentrer au travail
Rescue Time est un outil de suivi personnalisé et automatisé du temps passé en ligne (sites web, applications, email...).
L'objectif est de prendre conscience du temps que nous prend chacune de nos activités, de modifier nos habitudes et de devenir plus productifs.
RescueTime propose 2 fonctions principales :
D'autres applications, comme Dewo ou KeepMeOut, proposent également ce type de fonctions...
L'outil a été conçu en 2006 par une équipe de développeurs qui s'interrogeait sur la répartition réelle de son propre temps de travail. Leur outil recevant un accueil enthousiaste, ils ont créé leur entreprise et rejoint le fameux accélérateur Y Combinator en 2008.
Aujourd'hui, RescueTime est utilisé par plus de 2 millions de personnes, pour 1,4 milliard d'heures suivies au cours de ces dix dernières années.
En parallèle, les données anonymisées sont agrégées (en toute confidentialité) par RescueTime, sous forme de rapports identifiant l’évolution de nos façons de travailler.
Ainsi, RescueTime constate que la moitié de ses utilisateurs accèdent à leur mail et à Slack toutes les 6 minutes en moyenne. Le coût de ces interruptions est évalué à 28 209 dollars par an et par employé !
Selon l’étude RingCentral, 68 % des employés changent d’application jusqu’à 10 fois par heure, alors que le “task switching" nous ferait perdre jusqu'à 40 % de notre efficacité.
La leçon à retenir
Les outils et les études nous montrent que nous sommes désormais distraits en permanence. Reprendre le contrôle est possible… Travailler plus efficacement pour avoir ensuite le temps de vivre !
Pour aller plus loin
Essayer RescueTime
Tous les outils pour mieux se déconnecter
Les raisons pour lesquelles nous n'arrivons pas à nous concentrer
La chanson The Byrds — Turn! Turn! Turn! (1965)
Zhongguancun, la “silicon valley” chinoise
Moins connue que Shenzhen (plutôt orienté matériel), Zhongguancun - au Nord de Pékin - est la véritable technopole chinoise dédiée à l’innovation de masse.
Une usine à licornes. Zhongguancun est la deuxième technopole mondiale, derrière la Silicon valley, avec environ 25 000 entreprises high-tech, 1,3 million d’employés et un chiffre d’affaires total de près de 3 000 milliards de Yuans (environ 415 milliards de dollars) pour le premier semestre 2020 (selon le Centre d'informations Internet de Chine, site autorisé par le gouvernement chinois). Des géants de la tech y sont nés : Lenovo, Baidu, ByteDance (TikTok)… ainsi que la moitié des “licornes” chinoises.
Un écosystème redoutable. Zhongguancun regroupe au même endroit universités, centres de recherche, grandes entreprises chinoises, multinationales étrangères, investisseurs et start-ups.
L’innovation comme arme d’Etat. Des politiques de soutien ont été mises en place par l’Etat (réductions fiscales, subventions, prêts, réduction de loyers, infrastructures…) ainsi que des plans structurant le développement de cette zone économique spéciale.
Une attractivité internationale. Bénéficiant de conditions très favorables, les multinationales comme Google, Sony, Intel… y ont installé leur siège chinois, et Microsoft, son centre de recherche Asie. Afin de renforcer la création de start-ups, les gouvernements de Pékin et du Haidan ont créé en 2014 Innoway dont l’objectif est de connecter innovateurs chinois et étrangers (universités, incubateurs, accélérateurs, grandes entreprises et start-ups).
L’abondance de talents. Zhongguancun est une réserve de cerveaux, avec la présence de l’Académie chinoise des sciences, 200 instituts de recherche, 40 universités dont Tsinghua et l’université de Pékin, et 10 parcs technologiques. En outre, selon le Centre d'informations Internet de Chine, plus de 10 000 talents étrangers et 30 000 Chinois d’outremer sont arrivés à Zhongguancun ces dernières années. Mettez tous ces cerveaux ensemble : il en sortira forcément quelque chose. Ajoutez quelques capitaux et toutes les chances sont de votre côté.
Le paradis du capital risque. Les investisseurs, dont les bureaux sont concentrés le long de la route Zhichun, se battent ici pour les meilleurs dossiers. La présence à Zhongguancun de business angels et de capital risqueurs (VC) tels que Zhenfund, Sequoia Capital China, Hillhouse Capital, GSR Ventures et IDG Capital, garantit aux entreprises de disposer des capitaux et des réseaux nécessaires à une croissance rapide.
La croissance de Zhongguancun devrait se poursuivre. En 2025, le chiffre d’affaires total de l’économie numérique dans le Zhongguancun Science Park devrait connaître un taux de croissance annuel de 15 % (selon l’agence officielle Chine nouvelle). Toutefois, les guerres commerciales entre la Chine, les USA, l’UE, etc. pourraient bien mettre un frein à son essor.
Leçon à retenir
A Zhongguancun, on retrouve tous les ingrédients qui ont fait le succès de la Silicon Valley : capitaux, cerveaux, ambitions et acceptation du risque. A une différence près : c’est un programme d’Etat avec une volonté politique définie.
Pour aller plus loin
[China Time] Decoding the Rise of Zhongguancun, China's Silicon Valley
How Zhongguancun became the innovation hub powering China's tech aspirations | KrASIA
Merci pour votre attention. Nous vous souhaitons un excellent week-end et vous donnons rendez-vous vendredi prochain !