🔴 7 about... l’anti-slide Pecha Kucha, l’effet mémoire “Peak-end” et le premier cargo électrique
Le Pecha Kucha, l’anti slide
1. Le Pecha Kucha (également dénommé 20x20) désigne un format de présentation dont la forme est limitée à 20 slides s’enchaînant toutes les 20 secondes. La présentation dure donc 6 minutes et 40 secondes, top chrono. Non négociable !
2. Le Pecha Kucha a été inventé par deux architectes installés au Japon, Astrid Klein et Mark Dytham, qui n’en pouvaient plus de subir d’interminables présentations, toutes plus soporifiques les unes que les autres. Les présentations Powerpoint étant l’une des plus grandes plaies du monde professionnel, nous sommes nombreux à être reconnaissants à Astrid et Mark.
3. Les règles strictes du Pecha Kucha, qui signifie bavardage en japonais, ont pour but de dynamiser les présentations, de les rendre plus créatives et de rétablir la dimension d’échange de cet exercice oral. Outre la règle du 20x20, le Pecha Kucha impose deux autres contraintes :
Les slides ne doivent contenir que des images. Aucun texte autorisé.
Impossible de revenir en arrière ou d’avancer : l’enchaînement des slides est automatiquement programmé.
Même si vous ne prévoyez pas de relever le défi du Pecha Kucha, ces règles peuvent s'appliquer à toute présentation en public.
4. Quelques conseils pour réussir une présentation Pecha Kucha :
Choisissez une idée principale, résumée en une seule phrase.
Transformez votre idée principale en histoire : en 6 minutes, impossible de captiver votre audience en vous limitant à des chiffres et des faits. Optez donc pour une forme narrative et écrivez votre histoire.
Une fois que vous avez votre histoire, structurez votre discours : utilisez des post-its (un par slide). Arrangez, modifiez, ré-arrangez vos post-its mais surtout, ne faites pas vos slides avant d’avoir défini votre structure.
Trouvez des images pour illustrer vos post-its. Ça y est, vous êtes prêt : maintenant, vous pouvez faire vos slides.
5. Créé à Tokyo en 2003, le Pecha Kucha est devenu un phénomène international. A l’instar du karaoké, des soirées Pecha Kucha se tiennent désormais dans plus de 500 villes dans le monde. Destiné au départ aux designers, architectes ou photographes, le Pecha Kucha s’est diffusé dans toutes les professions pratiquant les présentations. Et, pour respecter et protéger les efforts des organisateurs locaux, le nom “soirée PechaKucha” a été déposé.
6. Le Pecha Kucha a donné naissance à plusieurs dérivés au format encore plus “radical” :
Lightning talk : format similaire mais durée encore plus courte : 5 minutes maximum par slide.
Ignite : 20 slides en 15 secondes.
Speed geeking : mélange de speed dating et de présentations. Le public assiste à plusieurs présentations, s’enchaînant les unes après les autres. Durée de chaque présentation : 5 minutes.
PowerPoint Karaoke : le présentateur doit improviser à partir de slides qu’il ne connaît pas. Au talent !
7. Le Pecha Kucha et ses dérivés reviennent à l'essentiel : notre attention doit se porter sur la personne qui détient les connaissances à partager, et non sur des slides qui ne doivent être qu’une aide visuelle. Selon David Phillips, l’un des adeptes du concept “Avoid death by Powerpoint”, lorsqu’une personne répète ce qui est indiqué sur un slide, 90 % de ce contenu seront oubliés dans les 30 secondes suivantes.
La leçon à tirer
Et si on tuait les slides… pour de vrai. Personne ne nous en voudrait, bien au contraire.
Pour aller plus loin
Les concours internationaux de Pecha Kucha, vidéo Youtube
Les 8 secondes d’Ovomaltine… la publicité mythique, ancêtre du Pecha Kucha
Vidéo : le Pecha Kucha pour débutant, Luminita Florea
L’effet “peak-end”
1. L’effet “peak-end rule” désigne un biais cognitif affectant nos souvenirs : nous ne mémoriserions que les quelques moments forts d’une expérience, notamment sa fin, et non l’intégralité de ce que nous avons réellement vécu.
2. Ce biais s’explique par le fonctionnement de notre mémoire qui enregistre des séquences de souvenirs et non un ensemble. Ainsi, notre cerveau retient plus facilement deux types d’événement :
les séquences à forte intensité émotionnelle
la séquence de fin
3. Les psychologues Barbara Frederickson et Daniel Kahneman, spécialistes des biais comportementaux, ont été les premiers à identifier cet effet. Dans leur étude When More Pain is Preferred to Less: Adding a Better End, ils démontrèrent les failles de notre mémoire, aisément influençable et manipulable. Dans son best-seller mondial “Thinking, fast and slow”, Daniel Kanheman, depuis devenu prix nobel d’économie en 2002, consacre également un chapitre à l’effet “peak-end”.
4. Pour apporter la preuve de cet effet, Frederickson et Kahneman procédèrent au test de la main dans l’eau froide. Pour les besoins de cette étude, un même groupe de participants a vécu deux versions d’une même expérience désagréable.
Première version : les participants maintenaient leur main dans une eau à 14° pendant 60 secondes.
Seconde version : les participants maintenaient toujours leur main dans une eau à 14° pendant 60 secondes, puis 30 secondes supplémentaires dans une eau à 15°.
Étonnamment, les participants préféraient revivre la seconde expérience, même si le désagrément durait objectivement 30 secondes de plus. Mais la fin était plus agréable… si l’on peut dire. Le test de la main dans l’eau froide représente l’exemple le plus célèbre de l’effet “peak-end”.
5. L’effet “peak-end” s’applique à bien des aspects de notre vie courante, sans que l’on en ait toujours conscience. Quelques exemples :
Les relations amoureuses : même si un couple a vécu de longs moments de bonheur, si la rupture est douloureuse, ce moment deviendra le souvenir principal de cette relation.
Le shopping : le geste commercial (souvent insignifiant) ou le petit “cadeau” remis à la caisse nous laissera un bon souvenir qui pourra nous faire oublier une expérience globalement décevante.
6. Il est important de bien connaître l’effet “peak-end” car il peut biaiser notre jugement et nous faire prendre de mauvaises décisions. Exemple classique : la visite chez le dentiste. Nous ne retenons que les moments désagréables, ce qui nous décourage de reprendre rendez-vous. Au risque de souffrir plus à l’avenir…
7. Bien maîtrisé, l’effet “peak-end” peut pourtant jouer en notre faveur, d’abord en nous permettant de reprendre le contrôle de nos souvenirs et de nous libérer de ces mauvais moments qui n’ont pourtant duré qu’un instant. Enfin, nous pouvons concevoir des expériences rythmées par un moment fort et surtout une fin positive.
La leçon à retenir
C’est simple finalement : un moment fort et une bonne fin. Ce ne serait pas la recette des films hollywoodiens ?
Pour aller plus loin
The Entire History of you (retour sur image en français), l’épisode de Black Mirror sur la mémoire.
How Uber uses psychology to perfect its customer experience, Medium
Je me souviens, de George Perec interprété par Sami Frey
Le Yara Birkeland, le premier cargo électrique et autonome
1. Le Yara Birkeland est le tout premier cargo entièrement électrique et autonome, n’émettant aucun gaz à effet de serre. D’une longueur de 80 mètres, le Yara Birkeland est un concentré de technologie : ordinateurs, capteurs, caméras infrarouges, batterie au lithium…
2. Inauguré en Norvège en avril 2022, le Yara Birkeland navigue entre les ports de Herøya and Brevik, soit une distance de 7 miles nautiques (environ 13 kilomètres). Il transporte aujourd’hui des engrais produits par l’entreprise de chimie norvégienne Yara (d’où son nom).
3. Le Yara Birkeland a surtout été conçu comme une “preuve de concept” des futurs navires autonomes ou commandés à distance, capables de naviguer sur les mers du monde entier, pour tout type de fret maritime.
4. En se substituant aux camions (40 000 trajets par an), le Yara Birkeland devrait permettre d’éviter l'émission de 1 000 tonnes de CO2 chaque année.
5. Entièrement autonome, le Yara Birkeland fait coup double en assurant des déplacements décarbonés tout en étant plus compétitif que le transport routier. Ajoutons un troisième effet positif : la sécurité, puisque la quasi-totalité des accidents maritimes est due à des erreurs humaines. Aujourd’hui, la réglementation norvégienne impose deux années de formation avant d’autoriser la “conduite” à distance de ce navire.
6. Des cargos aux ferries, le marché du fret maritime électrique devient une réalité pour un secteur qui dépend aujourd’hui à 97 % des énergies fossiles. Le marché du fret maritime décarboné devrait représenter 16,2 milliards de dollars en 2030 (source : Markets and Markets).
7. Le Yara Birkeland illustre également le leadership de la Norvège et des pays scandinaves dans la future marine verte. En combinant savoir-faire maritime et forte ambition en matière de transition énergétique, les Scandinaves détiennent déjà une place clef dans ce secteur. Le gouvernement norvégien a financé près de la moitié des coûts de construction du Yara Birkeland, soit 25 millions de dollars. Pour être complètement objectif, rappelons que plus de la moitié des exportations de la Norvège provient de ses ventes de pétrole et de gaz. No comment.
La leçon à tirer
On peut rêver d’un jour où l’on n’aura plus mal au cœur en regardant les super porte-conteneurs depuis la plage…
Pour aller plus loin
Making Waves: electric ships are sailing ahead , Resilience.org
La “ocean economy”, 7about
Plan de transformation de l’économie française : focus sur le fret, The Shift project
Fantastic as usual!