7 about... l'aversion au regret, Mastodon, l'alternative à Twitter, et la "token économie"
L’aversion au regret
1. L’aversion au regret est notre tendance à prendre une décision par peur de regretter, soit ce que nous avons fait, soit ce que nous n’avons pas fait.
2. Cette aversion, sur laquelle repose la théorie du regret, est un facteur émotionnel jouant un rôle primordial dans nos prises de décision. Il s’agit de l’un des biais cognitifs les plus importants pouvant expliquer le caractère non rationnel de certaines de nos décisions.
Si j’avais su, j’aurais pas venu…
P'tit Gibus - La guerre des boutons
3. Ce phénomène a été étudié dans le cadre de recherches sur l’économie comportementale à partir des années 1980, notamment par les chercheurs britanniques Graham Loomes et Robert Sugden dans leur article Regret Theory: an Alternative Theory of Rational Choice under Uncertainty. Le regret devient ainsi un terme de la fonction d’utilité d’un bien.
4. Le regret est ici l’écart perçu entre la décision que nous avons prise et la décision que nous considérons a posteriori comme optimale. L’expérience nous a appris à éviter comme la peste cette émotion négative.
5. Cette aversion au regret peut inciter des investisseurs à prendre, soit des risques déraisonnables, soit au contraire zéro risque. Un exemple ? Vous avez refusé ou ignoré une proposition qui s’est révélée par la suite une très bonne affaire… que vous regrettez donc d’avoir ratée. Il y a fort à parier que vous accepterez la prochaine proposition similaire, afin de ne pas regretter une fois de plus. Pourtant le contexte aura peut-être changé entretemps et votre décision ne sera peut-être plus adaptée.
6. Au quotidien, l’aversion au regret prend souvent la forme du fameux FOMO (Fear of missing out) : la peur de regretter ce que nous n’avons pas fait.
7. Toutefois, certaines études montrent que nous surestimons le regret que nos actions ou omissions pourraient générer. Finalement, nous éprouverions beaucoup moins de regrets que nous ne le croyons. Ouf !
La leçon à retenir
Sagesse d’un autre temps : “la peur est souvent mauvaise conseillère”.
Pour aller plus loin
L’article de référence - Regret Theory: An Alternative Theory of Rational Choice Under Uncertainty (téléchargeable après avoir créé un compte gratuit)
La suite… L'impact du regret et de la réjouissance sur l'allocation d'actifs risqués | Cairn.info
Notre article - Le JOMO (Joy of Missing Out) - 7about.fr
La cerise sur le gâteau - Brigitte Bardot - Tu veux ou tu veux pas ?
MASTODON, l’alternative à Twitter
1. Mastodon est un logiciel de micro-blogging open source pouvant être utilisé pour créer un réseau social.
2. Mastodon est également un réseau social qui, contrairement à Facebook ou Twitter, n’est pas un site centralisé, mais fédère des milliers de serveurs mis en œuvre par des personnes ou organisations indépendantes.
3. Mastodon a été créé en 2016 par un développeur allemand - Eugen Rochko - alors âgé de 24 ans, qui souhaitait une alternative à Twitter (on n’est jamais mieux servi que par soi-même !).
4. Pas de publicité, pas de collecte de données personnelles, pas de profits. Mastodon est une organisation allemande à but non lucratif, que vous pouvez soutenir notamment via Patreon.
5. Les messages peuvent comporter jusqu'à 500 caractères ainsi que des images, sondages, vidéos… Vos messages, comme les messages des personnes que vous suivez, apparaissent dans l’ordre chronologique, sans algorithme.
6. Plateforme gratuite et décentralisée, Mastodon compte plusieurs millions d’utilisateurs. Depuis qu’Elon Musk a annoncé son intention de racheter Twitter, Mastodon enregistre plus de 30 000 nouveaux utilisateurs chaque jour.
7. Mastodon fait partie du fediverse (“federation” + “universe”), fédération de réseaux sociaux indépendants, open source, répartis sur des milliers de serveurs dans le monde.
La leçon à retenir
Un Internet loin des milliardaires ? Youpi !
Pour aller plus loin
L’article du fondateur Eugen Rochko : Twitter buyout puts Mastodon into spotlight (26/4/2022)
10 Things You Need To Know About The Social Media Site Mastodon
After Musk's Twitter takeover, an open-source alternative is 'exploding'
Introduction au Fediverse, l'univers des médias sociaux libres, décentralisés et fédérés
La “token économie”
1. La token économie (token economics en anglais) désigne les propriétés et principes de fonctionnement d’un système fondé sur le token (jeton). Maîtriser les notions clés de la token économie est indispensable pour comprendre les crypto-monnaies et le Web3.
2. Commençons par le commencement : qu’est-ce qu’un token ? Le token est à la fois une unité de valeur et un acte de propriété et d’authentification d’un actif digital ou physique. Il existe deux grandes familles de tokens :
Un token fongible sert à réaliser des transactions entre deux parties. Pour rappel, une chose est fongible lorsqu’elle peut “être remplacée par des choses de même nature, de même qualité et de même quantité” (Larousse). Par exemple, les monnaies et crypto-monnaies sont fongibles, puisqu’une pièce d’un euro peut être remplacée par une autre pièce d’un euro. Idem pour un Ethereum.
Un token non fongible (NFT pour non fongible token) est associé à un actif donné et à lui seul, par exemple à une œuvre d’art digital, un livre, un événement... Fonctionnant comme un certificat de propriété, le NFT est certes public mais crypté et donc infalsifiable (à la différence d’un acte de propriété traditionnel, privé mais facilement falsifiable). Chaque NFT a une valeur unique, dépendant de l’attrait de l’actif auquel il est lié.
Autres catégories de tokens :
Un security token (jeton-valeur) est “un contrat d’investissement représentant la propriété légale d’un actif numérique ou physique qui a été vérifié dans la blockchain" (source Bitpanda). Il fonctionne un peu comme une action.
Un utility token donne accès à une fonction exclusive ou un traitement préférentiel : une communauté de fans, l’accès à des concerts exclusifs, l’utilisation privilégiée d’une plateforme…
3 L’ensemble de la token économie repose sur la blockchain qui est à la fois :
une technologie de stockage et de transmission d’informations cryptées, “qui permet de garder la trace d'un ensemble de transactions, de manière décentralisée, sécurisée et transparente” ;
une base de données sécurisée, décentralisée car ne dépendant d’aucun organe central (selon le principe fondateur de l’Internet), partageable par tous ses utilisateurs en simultané.
Chaque token sera créé (“miné”) et hébergé dans une blockchain. L’historique des échanges de chaque token sera stocké en toute sécurité sur une blockchain.
4. La token économie repose sur la décentralisation, qui induit la disparition des intermédiaires.
États et banques centrales : dans la token économie, n’importe quelle organisation peut émettre sa propre monnaie virtuelle.
Banques : les transactions de la token économie se font directement entre les parties prenantes.
5. Il n’en reste pas moins que les acteurs de la token économie doivent suivre des règles de fonctionnement, définies sur la base de trois critères principaux :
Le volume de tokens émis : une quantité maximale (total supply) peut être fixée ou non. Par exemple, le Bitcoin limite à 21 millions le nombre de tokens pouvant être créés.
Les règles de distribution des tokens : l'attribution des tokens peut être ouverte à tous ou réservée à des catégories spécifiques de personnes, par exemple les développeurs travaillant sur un projet.
Les droits attachés au token : cette dimension est fondamentale pour les NFT.
6. La doctrine et le modèle économique de la token économie ont été définis par différents créateurs, dont :
Satochi Nakamoto, inventeur du Bitcoin (2008), connu uniquement sous ce pseudonyme
Vitalik Buterin, inventeur de l’Ethereum (2014), crypto-monnaie la plus utilisée pour les NFT
7. La token économie est récente mais son impact est de plus en plus important. Les seules ventes de NFT sont passées de 100 millions de dollars en 2020 à plus de 20 milliards de dollars en 2021 (source Verisart) ! Il s’agit tout simplement de la plus grande création de valeur jamais réalisée en aussi peu de temps.
La leçon à retenir
Décentralisation, démocratie, pouvoir… les philosophes et penseurs de tout poil ont du pain sur la planche !
Pour aller plus loin
Mapping the NFT system (Visual capitalist)
L’article fondateur de la token économie : A business guide to Token, Usage, Utility and Value (William Mougayar)
Le livre blanc du Bitcoin (2008), signé Satoshi Sakamoto et celui de l’Ethereum (2014) par Vitalik Buterin
Le site très pédagogique du Ministère de l’Economie : Qu'est-ce que la blockchain ? | economie.gouv.fr
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