🔴 7 about... le biais de pessimisme, "Work on climate" et l’équation de Kaya
Le biais de pessimisme
1. A l’inverse du biais d’optimisme - plus largement connu - le biais de pessimisme est notre tendance à surestimer la probabilité que des événements négatifs surviennent. En bref, on pense que “de toute façon, ça va mal se passer”.
Dans une étude menée auprès de 1 540 personnes, les chercheurs Selima Ben Mansour, Elyès Jouini et Clotilde Napp ont demandé à chaque participant d’imaginer, s’il lançait dix fois une pièce, combien de fois elle retomberait sur “face”, le côté désigné comme gagnant ? La moyenne des réponses obtenues a été de 3,9 fois sur 10, au lieu de 5 fois, comme on aurait pu s’y attendre.
2. Ce biais peut avoir des conséquences concrètes : il peut inciter à renoncer par peur d’échouer. Cette façon de penser peut aussi s’étendre à nos proches, par exemple “mon enfant ne réussira jamais ce concours.” En effet, il est mal parti…
3. Nous allons ainsi éviter des situations dans lesquelles nous sommes persuadés d’échouer, mais aussi estimer que nous sommes ou réussissons moins bien que dans la réalité.
4. Certains groupes - les femmes et les personnes âgées - sont particulièrement touchés par ce biais. Qui ne connaît pas de femmes qui s’auto-censurent, en pensant - à tort - que de toute façon, elles n’ont ni les compétences ni les qualités requises pour postuler à un poste ou à une promotion ?
5. Le pessimisme peut également être associé à la dépression. Père de la thérapie cognitive, le psychiatre américain Aaron Beck a décrit trois types de pensées négatives (la triade cognitive négative) sur l'évaluation de soi-même, le monde et l’avenir, alimentant la dépression. Ces pensées automatiques sont à rapprocher du biais de pessimisme. Reste à savoir qui de l'œuf ou de la poule est apparu le premier… Le pessimisme engendrerait-il la dépression ou serait-ce l’inverse ?
6. Différentes études montrent que nous sommes optimistes quant à notre vie individuelle mais pessimistes quant au devenir de notre pays ou du monde. De même, nous sommes pessimistes quant au présent et au futur, tout en ne prenant pas en compte les améliorations qui ont été réalisées par rapport à un passé idéalisé.
7. Faisons preuve d’un peu d’optimisme : le pessimisme peut être positif, par exemple lorsqu’il s’agit de se préparer à faire face à une menace ou à une déception possible, et de la prévenir...
La leçon à retenir
Demandez aux fantômes du Titanic ce qu’ils en pensent…
Pour aller plus loin
10 distorsions cognitives qui entretiennent des émotions négatives | Psychomédia
La thérapie cognitive et les troubles émotionnels | Aaron T. Beck
Optimisme vs pessimisme. La psychologie collective et les dynamiques sociales | Cairn.info
Le pessimisme défensif ou le pouvoir positif de la pensée négative - 7about.fr
Sommes-nous trop pessimistes ? | 42 - La réponse à presque tout | ARTE
Work on climate
1. Work on climate est une organisation non lucrative américaine dont l’objectif est d’aider à agir contre le changement climatique.
2. Cette organisation a été fondée en 2020 par Cassandra Xia (MIT) et Eugene Kirpichev, ingénieur qui a démissionné de Google pour se consacrer à la lutte contre le changement climatique. Son message de départ est devenu viral :
“The reason I'm leaving is because the scale, urgency and tragedy of climate change are so immense that I can no longer justify to myself working on anything else, no matter how interesting or lucrative, until it's fixed.”
3. Work on climate propose gratuitement des “starter packs” thématiques, regroupant vidéos, articles, organisations, communautés, etc. sur les océans, la finance, l’agriculture, l’intelligence artificielle, les sciences sociales… traités sous l’angle climatique.
4. Regroupant une communauté Slack d’environ 10 000 participants, Work on climate permet d’échanger avec des experts du climat, eux-mêmes salariés ou entrepreneurs dans ce secteur. Infos, conseils, contacts…
5. Le but est avant tout d’aider à trouver un job lié à l’environnement et au climat, en faisant le lien avec ces professionnels mais aussi avec des plateformes spécialisées telles que Climatebase ou Climate Change Jobs.
6. Work on climate s’inscrit dans une tendance plus large : la recherche de sens et d’engagement dans notre vie professionnelle, en particulier pour lutter contre des mutations qui menacent notre existence même sur cette planète.
7. En France aussi, des solutions existent pour trouver un job “à impact”. Quelques exemples :
Et pour les belles âmes que l’entreprenariat démange, le startup studio à impact Eclosion.
La leçon à retenir
L’action est un excellent anxiolytique naturel.
Pour aller plus loin
L’équation de Kaya
1. L’équation de Kaya (ou identité de Kaya) désigne une formule mathématique utilisant quatre paramètres pour expliquer le volume total de nos émissions de gaz à effet de serre et donc les causes du réchauffement climatique.
2. Spécialiste de l’économie de l’énergie et de l’environnement, le professeur japonais Yoichi Kaya a théorisé son équation dès 1993 dans son ouvrage Environment, Energy, and Economy : strategies for sustainability. On ne peut donc pas lui reprocher d’avoir attendu que le réchauffement climatique fasse la Une des journaux pour s’intéresser au sujet.
3. Selon le professeur Kaya, le volume des émissions de gaz à effet de serre dépend de quatre paramètres :
Le mix énergétique (intensité carbone de l’énergie)
L'efficacité énergétique (intensité énergétique de la production)
La taille de la population (population)
Le Produit Intérieur Brut par personne (PIB par habitant)
4. Commençons par les deux paramètres “techniques” au centre de la transition écologique : le mix énergétique et l’efficacité énergétique.
Le mix énergétique (ou intensité carbone) : il s’agit de la répartition des sources d’énergie primaire que nous utilisons. Plus nous utilisons des énergies fortement carbonées (comme le pétrole ou le charbon), plus nous augmentons nos émissions de gaz à effet de serre. Inversement, plus nous avons recours à des énergies bas carbone (comme les énergies renouvelables), plus nous limitons les émissions de gaz à effet de serre. Simple, basique, comme dirait Orelsan. Rappelons que, selon l’AIE, la part actuelle des énergies primaires carbonées dans le monde se situe à environ 80 %.
L’efficacité énergétique : il s’agit de la consommation d’énergie nécessaire pour produire un même effet, à mix énergétique constant. Par exemple, pour obtenir 19 degrés dans une pièce, je dois consommer plus d’énergie (mix constant) si j’habite une passoire thermique. Idem pour les déplacements en voiture : il sera plus efficace de rouler avec un véhicule qui consomme moins de litres de carburant au 100 km.
Rappelons qu’en 30 ans, la consommation moyenne d’un véhicule à essence en France n’a diminué que de 1,31 litre au 100 kilomètres (8,68 litres en 1990 contre 7,31 litres en 2019). Source : Comité Constructeurs Français d’Automobile.
5. Les deux autres paramètres identifiés par le professeur Kaya ne sont pas techniques mais “humains”. Donc plus polémiques car ils remettent directement en question nos choix de vie.
La taille de la population : plus nous sommes nombreux sur la planète, plus nous émettons de gaz à effet de serre. Or, selon les Nations Unies, la population mondiale devrait atteindre 8 milliards de personnes dès novembre 2022, puis 10,4 milliards en 2100.
Le Produit Intérieur Brut par personne : plus nous créons de PIB par personne, plus nous utilisons d’énergie et, donc, plus nous émettons de gaz à effet de serre.
6. L’équation de Kaya nous permet de mieux comprendre les causes de l’augmentation continue des gaz à effet de serre.
Selon le GIEC, au cours de ces quatre dernières décennies, nous avons réussi à obtenir des gains énergétiques liés aux facteurs “techniques” (mix et efficacité énergétiques). Toutefois, les facteurs “humains” (augmentation de la population mondiale et du PIB par personne) ont pesé davantage - à la hausse - sur les émissions de gaz à effet de serre.
7. L’équation de Kaya a pour principal mérite de relier les facteurs principaux du réchauffement climatique. Ce sont les travaux communs de spécialistes (démographes, économistes, scientifiques, énergéticiens…) qui permettent de comprendre l’ensemble du problème posé et de pouvoir mieux y répondre. Merci qui ? Merci Kaya !
La leçon à tirer
Même quand on est nulle en maths, une bonne équation, ça remet les idées en place.
Pour aller plus loin
Le calcul de l’équation de Kaya, détaillé par Jean-Marc Jancovici
Earth for all, le dernier ouvrage de Yoichi Kaya
Kaya de Bob Marley : rien à voir mais pour le plaisir de réécouter l’album de 1978