7 about... le “brainswarming”, MentorCruise et l’essor de la technologie ukrainienne
Le “brainswarming”
1. Le brainswarming (swarming pour essaimage) est une technique de résolution de problèmes, sans paroles… comme au temps du cinéma muet. Imaginez un brainstorming où vous ne parlez pas mais où vous écrivez vos idées sur des post-its qui seront ensuite reportées sur un tableau. Cruel pour les bavards !
2. Cette technique a été développée en 2010 par Tony McCaffrey, docteur en psychologie cognitive et chercheur en bio-informatique. L’idée est ici de s’inspirer de la façon dont communiquent les fourmis via le dépôt de signaux (chimiques). Chez les humains, ces signaux sont des idées reportées sur des post-its, eux-mêmes affichés sur un tableau.
3. Dans un brainswarming, la réflexion est structurée autour de deux pôles :
En haut du tableau : l'objectif à atteindre ou le problème à résoudre
En bas du tableau : les ressources ou les outils disponibles
La réflexion peut alors commencer. Les participants devront indiquer sur un post-it chaque ressource disponible ainsi que chaque aspect de l’objectif à atteindre (ou “sous-objectif”). Au fur et à mesure des ajouts, vont se dessiner des correspondances entre les ressources disponibles et les “sous-objectifs”. Vous avez vos solutions !
4. Pourquoi travailler en silence ? Pour ne pas interrompre le processus de la pensée. En effet, lorsqu’on écoute quelqu’un parler, on ne réfléchit pas de façon créative (ou il faut que l’orateur soit vraiment très ennuyeux, le pauvre…). Nos cerveaux ont du mal à écouter ET à penser.
5. Autre avantage : même les timides, les maniaques, les distraits… ont la possibilité de s’exprimer pleinement. Tous les types de pensée peuvent se développer sans que la personnalité des participants n’interfère. La diversité du groupe crée la richesse de la réflexion.
6. Le silence permet aussi d’éviter quelques biais :
le fameux effet Dunning-Kruger,
“on ne va pas contrarier le boss”,
le rejet d’idées (trop ?) originales,
le temps perdu à discuter…
7. Alors, brainstorming ou brainswarming ? Selon Tony McCaffrey, les études montrent que le brainswarming permettrait de produire jusqu’à 115 idées en 15 minutes contre 100 en 60 minutes pour le brainstorming.
La leçon à retenir
Ça va faire le bonheur des introvertis !
Pour aller plus loin
La vidéo de Tony McCaffrey, l’inventeur du brainswarming - Harvard Business Review
Parce qu’on ne résiste pas : Je vous demande de vous arrêter !
MentorCruise
1. MentorCruise est une plateforme mettant en relation ”étudiants” (mentorés) et professionnels (mentors) de différents domaines : informatique, design, marketing, business, carrière…
2. Le fonctionnement est assez simple : pour un montant fixe par mois, le mentoré pourra demander des conseils personnalisés, par chat, e-mail, SMS et téléphone, au mentor qu’il aura choisi.
3. Chaque mentor établit son profil, incluant ses compétences, expériences, évaluations… et surtout la formule qu’il propose : nombre d’appels par mois, plans de formation, etc. Il s’agit le plus souvent de spécialistes en poste et non de coachs professionnels.
4. Le mentoré présente ses besoins et ses objectifs au mentor de son choix, qui évaluera en retour s’il peut répondre à cette demande. Affaire conclue ou… non : une période d’essai gratuite de sept jours permet de changer d’avis.
5. Outre ces mises en relation individuelles, MentorCruise propose des formules destinées aux entreprises ainsi que, l’air de rien, un service de recrutement, les mentorés constituant un vivier intéressant de talents. Malin quand on connaît les difficultés actuelles pour recruter certains profils !
6. MentorCruise a été créé en 2018 par Dominic Monn, alors âgé de 20 ans, qui après avoir suivi de nombreuses formations en ligne de type MOOC, déplorait qu’il perdait contact avec ces “mentors” au moment où il en avait le plus besoin, à savoir lors de la recherche d’un job ou d’une prochaine formation...
7. MentorCruise revendique un millier de mentors, plus de 12 000 mentorés et un chiffre d’affaires brut d’un million de dollars.
La leçon à retenir
On a toujours besoin d’un plus grand que soi…
Pour en savoir plus
Quelques articles de Dominic Monn
Le podcast MentorCruise
L’essor de la technologie ukrainienne
1. Avant même l’invasion de son territoire en 2022, l’Ukraine pouvait se revendiquer comme une grande puissance technologique mondiale :
Dix licornes valorisées plus d’un milliard de dollars (la France en compte actuellement 28) ainsi qu’un vivier actif de plus de 1 500 startups (source : Dealroom) ;
L’export de services informatiques à hauteur de 6,9 milliards de dollars en 2021 contre 2,5 milliards en 2017, soit une hausse de 176 % ;
285 000 professionnels de la tech en décembre 2021, chiffre réduit en mai 2022 à 228 000 en raison des mobilisations et des départs à l’étranger (source : The Voice of Ukrainian Start-ups).
2. Quelques exemples de réussites ukrainiennes : Grammarly (valorisé à plus de 10 milliards de dollars), Gitlab, People.ai… sans oublier les “stars” mondiales dont les fondateurs sont ukrainiens : Whatsapp (Jan Koum), Paypal (Max Levchin) ou encore Revolut, créé par Vlad Yatsenko, premier milliardaire tech du pays.
3. L’excellence de l’éducation tech : l’atout majeur de l’Ukraine. L’Ukraine figure parmi les pays formant le plus de diplômés en technologie de l’information : 53 % de plus qu’en France et 70 % de plus qu’au Royaume-Uni. Des ressources d’autant plus attractives que les salaires des diplômés ukrainiens sont 2 à 3 trois fois moindres qu’en Europe occidentale et 4 fois moindres qu’aux États-Unis (source : Atomico).
4. Une reconversion vers l’effort de guerre. Même si, depuis l’invasion, plus de 7 000 spécialistes ont rejoint les rangs de l’armée ukrainienne, notamment en cyberdéfense, ce secteur fait mieux que résister : 80 % des entreprises tech ukrainiennes ont préservé la quasi-totalité de leurs contrats. De plus, la tech ukrainienne a connu une croissance de 27 % de juin 2021 à mai 2022, seul secteur en hausse depuis le début du conflit (source : Opendatabot). Un dynamisme qui contribue à l’effort de guerre grâce aux devises étrangères récupérées et aux impôts payés…
5. Un symbole de l’ingéniosité ukrainienne. Disponible une semaine après le début de l’invasion russe, l’application Air Alert complète les sirènes de la protection civile, en générant une alerte sonore en cas de frappes aériennes, bombardements d’artillerie, combats de rue... Signe de la maturité technologique de la population ukrainienne, plus de 11 millions de personnes utilisent cette application. Tout aussi symbolique, Mark Hamill, l’acteur incarnant Luke Skywalker, prête sa voix pour la version anglaise.
6. Une longue cyberguerre Russie-Ukraine. Depuis 2015, l’Ukraine est victime de vagues répétées de cyberattaques visant le gouvernement, les médias ou les transports. Le 23 décembre 2015, pour la première fois dans l’Histoire, une population civile (230 000 personnes environ) a été privée d’électricité à cause d’une cyberattaque. Les soupçons se sont vite tournés vers le groupe de hackers Sandworm, soutenu par le Kremlin. Plusieurs voix ont alors dénoncé les agissements de la Russie se servant de l’Ukraine comme d’un laboratoire d’innovation en matière de cyberguerre. En vain.
7. La guerre ne stoppe pas l’ambition technologique de l’Ukraine puisque le pays prévoit toujours de doubler la part de la tech dans son PNB. Objectif : faire de l’Ukraine le plus grand carrefour technologique de l’Europe orientale. Pour Mykhailo Fedorov, ministre de la Transformation digitale, “l’Ukraine devient le laboratoire des technologies de défense les plus avancées mais aussi de toutes les technologies qui permettront de gagner la guerre et de reconstruire : énergies, télécoms, services publics, Intelligence Artificielle et robots”.
La leçon à tirer
Quand les écoliers français seront-ils formés au codage… pour de vrai ?
Pour aller plus loin
Digital4Freedom, le programme digital de l’Ukraine
Le rapport Atomico, State of European Tech
Le livre à lire : Sandworm, a new era of Cyberwar - Andy Greenberg
Quand Luke Skywalker prête sa voix à l’appli Air Alert - Drone DJ
La cyber attaque de 2015 contre une centrale électrique en Ukraine - Wikipedia
Ukrainian tech sector in wartime (July Edition) - Techukraine