Le “deep reading”
1. Le deep reading désigne un ensemble de techniques nous permettant de mieux analyser et retenir les textes que nous lisons.
2. Auteur et critique littéraire américain, Sven Birkets a présenté ce concept dès 1994 dans “The Gutenberg Elegies”, comme étant l’appropriation lente et méditative de ce que nous sommes en train de lire. Maryanne Wolf, chercheuse en neurosciences, a continué à étudier cette méthode…
3. L’art perdu de la lecture ? Le deep reading connaît un essor grandissant car il serait le remède au déclin supposé de nos capacités de compréhension et d’analyse, dû aux interruptions permanentes qu’entraîne notre usage des smartphones et autres écrans.
4. Une pratique simple. Pour pratiquer le deep reading, il faut un cerveau, un crayon, du papier, puis…
Faire le choix d’un texte : commencer par survoler l’ouvrage (résumé en couverture, introduction, conclusion, titres de chapitre…) et en faire une première lecture en diagonale. L’objectif est d’avoir un aperçu de son contenu, afin de décider s’il mérite une lecture approfondie, une lecture simple ou pas de lecture du tout. Ca arrive…
Prendre des notes : écrire le nom des personnages, les mots que nous ne connaissions pas, nos impressions, sensations, réactions… Il est important de noter tous ces détails car il s’agit de la meilleure façon de mémoriser nos pensées et celles de l’auteur.
Se questionner : se poser des questions tout au long de votre lecture, à la fois sur l’auteur (ce qu’il a voulu dire, sa technique d’écriture, ses recherches…) et sur votre ressenti.
5. La complémentarité du deep reading et de la lecture rapide. La lecture rapide favorise la quantité de lecture plutôt que la qualité : vous découvrez une grande quantité d’informations en un minimum de temps. A l’inverse, le deep reading favorise l’approfondissement et la réflexion. En combinant ces deux stratégies, nous devenons des lecteurs complets. Un véritable atout.
6. Les bienfaits du deep reading sur le cerveau. Selon une étude de l’université de Washington publiée en 2009, les mêmes zones cérébrales sont stimulées lorsque nous lisons en deep reading des descriptions de sons, d’odeurs, d’images, que lorsque nous expérimentons ceux-ci dans la vraie vie. Cette étude conclut que le deep reading permet au lecteur de “devenir” le livre, ce qui améliore notre capacité de concentration et de réflexion, et diminue notre niveau de stress.
7. De l’évasion à la découverte. La lecture profonde n’est pas un divertissement ni une évasion, mais une démarche de découverte, celle de notre connexion entre le monde extérieur et nos propres histoires, grâce au style et à la voix des autres. Pour finir, laissons le mot de la fin à Marcel Proust :
“Nous sentons très bien que notre sagesse commence où celle de l’auteur finit, et nous voudrions qu’il nous donnât des réponses, quand tout ce qu’il peut faire est de nous donner des désirs.”
Marcel Proust, extrait de “Sur la lecture.”
La leçon à tirer
Passer des heures au calme à s’immerger dans un livre, ça ressemble à un rêve… à (re)tester d’urgence !
Pour aller plus loin
Le cours en ligne : The Power of Deep Reading - Maryanne Wolf (The University of Chicago)
Le podcast : How to practice deep reading - Maryanne Wolf - NPR
How to Visualize While Reading - Basmo
L’étude : Readers build vivid mental simulations of narrative situations, brain scans suggest - Washington University
Gallium et germanium, les 2 mamelles de la tech
1. Une nouvelle pénurie de micro-processeurs ? Nous ne nous en rendons pas forcément compte mais il se joue des guerres insoupçonnées autour de nos smartphones, ordis et autres bidules électroniques. Après une sévère pénurie de micro-processeurs liée à la période du Covid, une nouvelle pénurie pourrait bien se préparer, et cette fois-ci, pas question de maladie bizarre mais bien de rapports de forces géopolitiques et économiques entre les USA et la Chine.
2. Une guerre technologique. En 2022, dans la perspective de bloquer l’accès de la Chine à des technologies sensibles, les Etats-Unis ont annoncé des restrictions drastiques à l’exportation des semi-conducteurs de pointe et des machines permettant de les fabriquer. On s’en doute, la Chine n’allait pas rester les bras croisés et a décidé d’imposer en rétorsion des restrictions sur deux matériaux nécessaires pour fabriquer ces mêmes semi-conducteurs : le gallium et le germanium. Nous y voilà…
3. Qu’est-ce que le germanium ? Ni du géranium en barre, ni de l’art allemand… même si son nom fait référence à l’Allemagne. Le germanium est un semi-métal à l'aspect blanc argenté, fragile et cassant. Il est semi-conducteur comme le silicium.
4. Qu’est-ce que le gallium ? Le gallium est un métal blanc argenté, cassant lorsqu’il est à l’état solide, avec un point de fusion bas (29,76 °C). Il est lui aussi semi-conducteur.
5. Des métaux très rares. Non seulement il n'existe pas de mines de germanium ni de gallium mais, de plus, leur teneur dans la croûte terrestre est très faible (respectivement 1,6 ppm et 19 ppm). On les obtient en traitant d'autres minerais.
Le germanium est récupéré comme sous-produit de la métallurgie du zinc et du cuivre, ou dans les cendres de combustion du charbon.
Le gallium est un sous-produit de l'extraction et du traitement de la bauxite (utilisée pour l’aluminium), du zinc et du cuivre.
6. Un quasi-monopole chinois. Le problème est simple : en 2022, la Chine était de loin le premier producteur mondial de germanium (plus de 93,5 % de la production mondiale) et de gallium (plus de 98 % de la production mondiale).
7. Une dépendance stratégique. La Chine détient donc des matières premières nécessaires à la fabrication des semi-conducteurs et des microprocesseurs utilisés dans des secteurs aussi divers que l’IA, l’automobile, l’informatique, les cartes graphiques, les consoles de jeu, le cryptomining, les panneaux photovoltaïques, etc. mais aussi (et surtout ?) l’armement et le renseignement. Un bon moyen de pression…
La leçon à retenir
Nos technologies les plus sophistiquées et aujourd’hui les plus cruciales dépendent d’éléments bruts que l’on trouve - ou non - dans nos sols ou sous-sols, et ça on ne peut pas y faire grand-chose… à moins que le “génie” humain ne trouve de nouvelles façons de contourner le problème. C’est étrange combien, sous la pression, nous devenons inventifs.