7 about... le dilemme Principal-Agent, HackEDU et les gigacornes
Le dilemme principal-agent ou la théorie de l’agence
1. Le dilemme principal-agent est la divergence d’objectifs entre le propriétaire d’un “capital” - le principal - et la personne à laquelle il délègue l’exploitation de ce capital - l’agent. Et c’est là que les ennuis commencent...
2. Développée en 1976 par Michael Jensen (Harvard Business School) et William Meckling (Université de Rochester), cette théorie de l’agence est depuis devenue un standard en Économie et en Sciences politiques. Nous connaissons tous ce type de situation, aussi bien dans nos vies personnelles que professionnelles :
actionnaire - employé
propriétaire vendeur - agent immobilier
client - avocat
3. Ce dilemme décrit nos comportements conditionnés par les conflits d’intérêt permanents auxquels nous sommes confrontés.
Le principal veut rentabiliser le “capital” dont il est propriétaire (dividendes, loyers, produit d’une vente...).
L’agent veut bénéficier au mieux de l’exploitation de ce capital (salaires, honoraires, commissions, avantages…).
Par exemple :
L’actionnaire veut obtenir les meilleurs dividendes alors que les collaborateurs, demandent des salaires plus élevés, une voiture de fonction, des locaux luxueux…
Le vendeur d’un bien immobilier veut vendre “au prix” même s’il faut plus de visites, alors que l’agent immobilier veut vendre vite même s’il faut réduire le prix (contre une réduction minime de sa commission, il gagne un temps utilisable sur une autre vente).
4. Ce risque qu’un agent n’agisse pas dans l’intérêt du principal mais dans le sien propre, induit des coûts d’agence : coûts de surveillance, coûts d'obligations, coûts d’opportunité…
5. Il existe différentes façons de résoudre ce dilemme :
L’alignement des objectifs : bonus, incentives, stock options, etc.
Le contrôle : reporting, conseil de surveillance, auditeurs extérieurs…
La solution radicale : le remplacement de l’agent en cas de conflit persistant.
6. Ces ajustements prennent la forme d’un contrat, ce qui comporte de nouveaux risques :
l’asymétrie d'information : au moment de l’écriture du contrat, le principal et l’agent ne disposent pas des mêmes informations.
l’aléa moral : en l’absence d’informations, le principal ne peut pas contrôler les décisions prises par l’agent, qui peuvent lui être défavorables.
l’antisélection (ou sélection adverse) : au moment de l’écriture du contrat, l’agent dispose d’informations qu’il ne communique pas au principal, conduisant ce dernier à choisir une solution qui lui est défavorable.
7. Le dilemme principal-agent est à prendre en compte dans le contexte actuel de demande d’autonomie croissante au sein de l’entreprise. Plus une entreprise ou équipe est grande, plus ses collaborateurs se comporteront en agent, et plus nombreux seront les conflits d’intérêt.
La leçon à retenir
Dommage qu’on ne puisse pas tout faire tout seul : ce serait plus simple… mais tellement plus triste !
Pour aller plus loin
HackEDU, l’école des (faux) hackers
Eh non, malgré son nom, il ne s’agit pas de former des hackers, bien au contraire !
1. HackEDU est une plateforme de formation destinée aux développeurs. Le but est d’apprendre à repérer les éventuelles failles de sécurité d’une application, à les “réparer” et à les anticiper.
2. L’intérêt de HackEDU réside dans son approche double : offensive et défensive.
Dans un premier temps, le développeur apprend à penser et agir en hacker : il doit identifier les failles d’un programme et les exploiter. HackEDU met à sa disposition des cas concrets qui lui permettent d’explorer et d’expérimenter en toute légalité.
A la lumière de cette expérience en situation réelle, il écrit un code plus “sûr.
3. Dans le même esprit que les compétitions blue team - red team, des challenges et des tournois entre équipes peuvent être organisés sur la base de scénarios proposés par HackEdu. Outre la gamification qui peut réveiller l’intérêt de certains, il s’agit de rester dans un état d’esprit combatif… comme un hacker.
4. Chaque cours est disponible dans plusieurs langages : Python, Node, Java, Javascript, PHP… et peut se faire à distance, au rythme de l’équipe.
5. Plus d’une centaine de thèmes sont abordés, dont le Top 10 OWASP, les dix principaux problèmes de sécurité liés aux applications Web.
6. Dans ce climat de cyberattaque permanente, les entreprises ont désormais une conscience aiguë de leurs fragilités, et sont plus que jamais demandeuses en termes de prévention, certification, test de sécurité et lutte contre la fraude.
7. En octobre 2021, HackEDU a réalisé une levée de fonds au montant non révélé auprès de Level Equity, afin de développer ses ventes et son marketing. La concurrence est toujours plus nombreuse : Checkmarx (Israël), Immersive Labs (Royaume Uni), Synopsys (USA)...
Leçon à retenir
Si vis pacem, para bellum…
Pour aller plus loin
Les gigacornes
On connaissait les licornes, ces startups valorisées à plus d'un milliard de dollars, leur grande sœur, les décacornes, valorisées à plus de 10 milliards de dollars, voici maintenant les gicacornes. Et pour une fois, ce n’est pas une histoire de milliards mais d’impact environnemental !
1. Une gigacorne est une entreprise qui réussit l'exploit de réduire les émissions de CO2 d’une gigatonne (un milliard de tonnes) par an, ou d’en capturer la même quantité, tout en ayant un modèle économique viable.
2. Tout a commencé par un simple tweet de Christian Hernandez, co-fondateur du fonds d’investissement 2150 et auteur du néologisme gigacorne :
3. Le terme gicacorne fait référence aux unicorns (licornes), terme (ré)inventé par Aileen Lee, business angel et fondatrice du fonds Cowboy Ventures. Toutefois, dans ce cas, l’indicateur de performance n’est plus la valorisation mais l'impact sur les émissions de CO2.
4. A la différence des licornes, les gigacornes n'existent pas encore. En effet, ”économiser” une gigatonne de CO2 par an est un objectif ambitieux. Pour avoir un ordre de grandeur, la totalité des émissions de CO2 dans le monde s'élève à 35 gigatonnes par an…
5. Prenons l'exemple de Tesla, valorisé à plus de mille milliards de dollars. Selon ses propres calculs, l'ensemble de ses véhicules a permis d'économiser 5 millions de tonnes de CO2 en 2020, soit 0,005 gigatonne ! Malgré sa puissance et sa technologie, Tesla est très très loin d'être une gigacorne...
6. Pourtant, réduire massivement les émissions de CO2 n’est pas irréaliste. Quelques exemples :
L'éclairage (6 % de la consommation mondiale d'énergie) - Si l'ensemble de la planète passait aux LED pour s'éclairer, l’économie s’élèverait à 1,4 gigatonne de CO2 (source : Climate Group). (On ne parle même pas de cesser d’éclairer toute la nuit des magasins et bureaux fermés…)
La viande - Selon une étude reproduite par The Economist, si les 325 millions d’Américains cessaient de consommer de la viande, l’économie serait de 0,36 gigatonne de CO2 par an, chiffre doublé (0,77) si l'ensemble de la population chinoise (1,4 milliard) faisait de même.
Le béton et l'acier - La production de béton génère 8 % des émissions de CO2, soit 2,8 gigatonnes. Idem pour la production d'acier. Pourtant des solutions existent déjà : substituts au ciment et au béton (Mass Timber), nouveaux matériaux (Calcined Clay), capture de CO2 pendant la production de béton...
7. Finissons par une lueur d'espoir. L'IEA a identifié plus de 400 innovations mêlant réduction de CO2 et viabilité économique. Même si la plupart n’en est encore qu'au stade du prototype, les plus avancées pourraient permettre de réduire de 5,2 gigatonnes les émissions de CO2 d'ici 2030.
La leçon à retenir
Soyons réalistes, demandons l’impossible !
Pour aller plus loin
On Gigacorns and sustainability tech, par Christian Hernandez
Postuler au X-Prize Carbon pour récompenser les produits capables de capturer et transformer le CO2. Vingt millions de dollars pour les dix finalistes !
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