Le modèle de reconnaissance immédiate
1. Le modèle de reconnaissance immédiate (Recognition-primed decision ou RPD) décrit les processus de décision en temps réel, dans des situations complexes dont les conséquences peuvent être dramatiques.
2. Ce modèle a été établi dès 1985 par les chercheurs américains Gary Klein, Roberta Calderwood et Anne Clinton-Cirocco. Leur objectif : dépasser les théories traditionnelles, insuffisantes pour expliquer notre façon de décider lorsque nous sommes en situation d’urgence. Leurs recherches ont porté dans un premier temps sur le comportement des pompiers et leur façon de décider sur le terrain, puis ont été étendues aux militaires, aux médecins ou encore aux traders des marchés financiers.
3. Premier constat : en situation d’urgence, le décisionnaire commence par évaluer la situation à laquelle il est confronté (situational awareness).
Variation 1 : le terrain connu
La situation, les actions à envisager et leurs conséquences sont connues. “Si…, alors…”. Une personne expérimentée pourra facilement gérer ce type de situation.
Variation 2 : la situation inconnue
Le décisionnaire fait face à une situation inconnue mais les actions à mettre en œuvre sont identifiables. “Si ???, alors…”. Il s’agit de modéliser cette situation nouvelle afin de mieux la comprendre et de pouvoir identifier les actions adéquates.
Variation 3 : les actions inconnues
Dans ce cas, la situation est connue mais pas les actions à mettre en place. “Si…, alors ???”. Il s’agit de la situation la plus délicate à gérer. Sous pression, le décisionnaire expérimenté appliquera la première option qui lui semble adaptée.
4. A la différence des théories traditionnelles qui privilégient l’analyse et une approche séquentielle des prises de décision, ce modèle dit de « première reconnaissance » admet que l’intuition occupe une place centrale lorsqu’on se trouve dans un contexte extrême.
5. Mais, attention, ce mode de prise de décision est réservé aux personnes ayant un haut niveau d’expertise dans leur domaine puisque l’intuition est ici une manifestation de l’expérience accumulée. Pour les novices, mieux vaut s’abstenir car c’est l’apprentissage par l’erreur qui prend le relais. Un luxe inconcevable lorsqu’il s’agit de situations dangereuses !
6. Même s’ils ne sont pas confrontés au quotidien à de telles situations, il est conseillé aux managers de se former à ce modèle - et d’accumuler de l’expérience - avec des outils comme la simulation de crise, le post mortem, l'analyse de scénarios, etc.
7. Ils pourront ainsi acquérir l’état d’esprit nécessaire pour affronter les situations ambiguës dans lesquelles ils doivent prendre rapidement une décision tout en ne disposant que d’informations incomplètes. Situations de plus en plus fréquentes pour lesquelles les capacités analytiques et les théories traditionnelles sont peu adaptées…
La leçon à tirer
Finalement, James Bond a dû s’entraîner pendant des années…
Pour aller plus loin
Le livre de Gary Klein, Sources of Power, How people make decisions
The different decision-making models you need to know - and their pros and cons, Sefe
XXVI. Gary Klein. Décider en situation réelle | Cairn.info
Milanote
1. Milanote est un outil permettant de créer et d'organiser des tableaux visuels dans lesquels vous pouvez insérer des textes, des images, des vidéos, des fichiers audio, des dessins à main levée… Vous pouvez ajouter des commentaires, relier les éléments par des flèches… Vous disposez ainsi d’un seul fichier contenant tous les éléments de votre projet, même s’ils sont de formats différents. Fin du casse-tête.
2. Cet outil est avant tout destiné aux créatifs au sens large : du cinéaste à l’UX designer, du marketer au designer d'intérieur… qui, pourront s’organiser et partager leurs fichiers pour travailler de façon collaborative avec leur équipe (commentaires, ajouts, etc.)..
3. Vous n’avez pas à réinventer (totalement) la roue. Vous pouvez choisir et adapter un template existant - moodboard, creatif brief, team planner, customer journey map, design concept, brainstorming… ou repartir de zéro si c’est mieux pour vous.
4. Pourquoi c’est utile ? Parce que s’organiser ne veut pas dire perdre sa créativité. Ici la première étape reste la recherche créative. C’est seulement dans un deuxième temps que vous organisez ce que vous avez déjà imaginé, pour en faire un projet concret et professionnel.
5. Cet outil est disponible sur le web, comme application pour ordinateur (Windows, Mac) ou mobile (iOS, Android) et comme extension à installer sur son navigateur (Google Chrome, Safari, Firefox).
6. Pour commencer, vous pouvez choisir la formule gratuite limitée à 100 notes et 10 fichiers uploadés maximum. Au-delà, il vous en coûtera 9,99 dollars par mois pour une utilisation individuelle, et minimum 49 dollars par mois pour une équipe de 10 personnes.
7. Milanote n’est pas un perdreau de l’année. Créée en 2016 à Melbourne, la société n’a à ce jour procédé qu’à une seule levée de fonds de 780 000 dollars. Son chiffre d’affaires est évalué à environ 1 million de dollars pour 35 000 clients (2021). Milanote déclare être utilisé par Netflix, Adobe, Google, Amazon…
La leçon à retenir
Il y a même des templates pour le scénario que vous rêvez d’écrire depuis toujours… Plus d’excuses !
Pour aller plus loin
La présentation vidéo Milanote - Getting Started
La masterclass How to get started with Milanote
Le neuromorphisme
1. L’informatique neuromorphique (ou neuromorphisme) est une forme avancée d’Intelligence Artificielle qui cherche à reproduire le fonctionnement du cerveau humain. Le terme “neuromorphique” provient de la combinaison des mots grecs “neuron” (cellule nerveuse) et “morphe” (forme). Logique.
2. Loin de l’informatique binaire (0-1) et des calculs algorithmiques, le neuromorphisme utilise les circuits électroniques pour créer une multitude de connexions en temps réel. Sur le modèle de nos cerveaux, des neurones artificiels sont connectés entre eux, ce qui leur permet de recevoir des signaux, de les interpréter puis de transmettre les signaux correspondants à d’autres neurones, et ainsi de suite...
3. Reproduisant la capacité du cerveau humain à s’adapter et apprendre en temps réel, le neuromorphisme ouvre de nouvelles perspectives jusque-là inimaginables. Quelques exemples :
Capacités créatives et artistiques : le neuromorphisme pourra dépasser les modèles actuels d’Intelligence Artificielle, aussi bien sur l’originalité des textes et des images générés que sur le réalisme de leur rendu. Ce futur modèle porte déjà un nom : “hyper-realism Generative AI”.
Prise de décision : une nouvelle dimension pour les véhicules autonomes grâce aux capacités de réaction et d’adaptation en temps réel.
Médecine personnalisée : le neuromorphisme pourra individualiser les modèles d’AI pour chaque patient. Parmi les avancées possibles : des analyses médicales plus rapides, des diagnostics plus fiables et des traitements personnalisés, mais aussi une modélisation 3D encore plus réaliste et détaillée des organes.
Robotique et objets connectés : grâce à une informatique décentralisée, les robots et objets connectés pourront s’adapter plus rapidement à leur environnement et mieux communiquer entre eux.
4. Au-delà des performances, le neuromorphisme possède un autre avantage conséquent : il utiliserait 16 fois moins d’énergie que l’informatique traditionnelle (source : TU Graz et Intel labs) ! C’est toute la filière qui serait impactée, des data centers à nos téléphones mobiles. Des gains intéressants en ces temps de réchauffement annoncé…
5. On peut le comprendre, le neuromorphisme suscite quelques craintes.
Les fausses images et vidéos seront encore plus difficiles à détecter, ce qui renforcera les risques de manipulation des opinions publiques.
Des images hyper-réalistes pourront être créées sans le consentement des personnes représentées, à des fins de piratage, chantage, harcèlement… sans parler des personnalités auxquelles on fera faire des films ou des publicités sans qu’elles le sachent !
On vous laisse imaginer les autres possibilités… ou pas (si vous voulez continuer à dormir la nuit).
6. Le neuromorphisme suscite déjà de nombreuses convoitises. En 2030, le marché mondial du neuromorphisme devrait représenter près de 8,6 milliards de dollars avec une croissance moyenne d’environ 80 % (source : Allied Market Research). Plusieurs entreprises sont déjà bien positionnées :
Brain chip, pionnier australien des solutions logicielles et matérielles de l’informatique neuromorphique
Intel, pionnier américain des semi-conducteurs, toujours dans la course et qui compte bien ne pas se laisser distancer, grâce à sa puce neuromorphique : Loihi chip
SynSense, startup suisse spécialisée dans la conception de puces neuromorphiques, avec des applications dans le monde de la santé, du transport et de la finance
7. Le neuromorphisme sort du laboratoire pour se répandre de plus en plus dans les entreprises. Si vous avez le tournis, c’est normal. A peine avons-nous digéré les dernières avancées de l’Intelligence Artificielle, qu’il nous faut déjà nous préparer à d’autres disruptions colossales. Cela peut donner autant d’espoir que d’inquiétude.
La leçon à tirer
Vous entendez, là, nos dents qui s’entrechoquent ?
Pour aller plus loin
Energy Efficiency of Neuromorphic Hardware Practically Proven, The Human Brain Project
Designed to abuse? Deepfakes and the non-consensual diffusion of intimate images, Springer link
Understanding Security Threats in Emerging Neuromorphic Computing Architecture, Research Gate
C'est comment qu'on freine - Alain Bashung