7 about... le paradoxe de Moravec, Dall.E et Lei Jun, la nouvelle star de la tech chinoise
Le paradoxe de Moravec ou la revanche des cols bleus
1. Chercheur en robotique à l'Université de Carnegie-Mellon (Pittsburgh), Hans Moravec a exprimé dans les années 80, un paradoxe qui depuis porte son nom :
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il est beaucoup plus facile d’apprendre à un ordinateur à réaliser des tâches intellectuelles qui nous semblent difficiles, que de doter un robot des compétences sensorielles et moteur qui nous semblent si simples, telles que marcher, manipuler un objet, décrypter son environnement…
2. Ce paradoxe pourrait s’expliquer par le principe d'évolution. Tout ce que nous faisons “instinctivement” est le fruit d’une sélection naturelle étalée sur des millions d’années… Plus une compétence est ancienne (mobilité, perception…), plus longtemps elle aura été améliorée, plus elle sera devenue simple à nos yeux malgré sa complexité réelle. A l’inverse, la pensée abstraite s’étant développée plus récemment, elle nous semble à tort plus difficile.
3. Conséquence ? Aujourd’hui, les cols blancs ont plus de soucis à se faire que les cols bleus (enfin ceux qui restent…) car si, jusqu’à présent, l’automatisation a largement concerné les tâches manuelles répétitives, elle touche désormais les tâches intellectuelles. En revanche, certaines compétences physiques étant très difficiles à reproduire, les jobs correspondants restent protégés.
4. Ce qui nous amène au paradoxe même de l’Intelligence Artificielle. Le fait que certaines tâches soient réalisées par des ordinateurs ou des robots, ne rend pas le travail moins mais plus humain. Car, ainsi libérés, nous pouvons nous concentrer sur des tâches plus intéressantes ou davantage tournées vers les autres.
5. Ainsi, la créativité pourrait rester l’une de nos dernières compétences exclusives, pas seulement une créativité artistique mais aussi et surtout notre capacité à inventer, à trouver de nouvelles solutions, bref à évoluer…
6. Les compétences interpersonnelles formeront probablement les lignes de force de notre future vie professionnelle, avec les services à la personne, les relations clients, les métiers du “care”... Les robots font - pour l’instant ? - beaucoup moins bien que nous dans ce domaine.
7. Toutefois, le paradoxe de Moravec est aujourd’hui remis en cause par les recherches les plus récentes car les “machines” commencent à savoir répliquer certaines de nos compétences sensorielles.
Vision (computer vision, reconnaissance faciale et reconnaissance des émotions)
Compréhension du langage oral (Alexa et autres assistants personnels)
Voix et discours (par exemple Design.ai)
Création et classification des images (voir notre article sur DALL.E)
La leçon à retenir
Nos coiffeurs ont de beaux jours devant eux : qui est candidat pour se faire coiffer par un robot ?
Pour aller plus loin
La vidéo : Why machines are so smart, yet so dumb (par Up and Atom)
Dall.E, l’imagination au pouvoir
1. DALL.E est un programme d’intelligence artificielle qui crée des images de toutes pièces, sur la base de quelques mots de description. Ça laisse rêveur car il ne s'agit pas d'aller puiser dans une base de photos mais bel et bien de créer des images "non existantes".
Par exemple, pour le texte “a female mannequin dressed in a black leather jacket and gold pleated skirt”, Dall.E crée ces images de vêtements qui n’existent pas :
2. Certes, les outils de génération d’images à partir de texte existent depuis déjà quelques années. Toutefois, DALL·E est le seul outil capable de combiner des concepts - ce qui est le propre de la créativité humaine - et de générer une image en “remplissant les blancs” entre ces concepts.
Un exemple…
Pas sûr que nous ayons envie de les avoir tous dans notre salon mais c’est quand même impressionnant !
3. Quelques cas d'usage potentiels de DALL·E
Les architectes pourront montrer immédiatement à leurs clients le fruit de leur imagination (une profusion de nouveaux Frank Gehry à prévoir ?).
Les archéologues pourront recréer des univers disparus.
Les designers pourront développer des concepts créatifs encore plus… créatifs.
Les concepteurs de jeux vidéo pourront développer sans limite leur monde d'immersion.
Bref, tous les métiers utilisant l’image pourront être concernés...
4. Contraction de Dalí, le peintre surréaliste, et de WALL.E, le robot du film de Pixar, DALL·E est un mot-valise synthétisant l’ambition de ce projet : croiser l'imagination humaine, la technologie et le storytelling.
5. DALL·E est un réseau neuronal entraîné à créer des images à partir de texte. Il s’agit d’une version à 12 milliards de critères de GPT-3 (175 milliards de paramètres), le modèle de traitement du langage naturel permettant de générer du contenu écrit, digne d’un texte rédigé par un humain (voir notre article sur l’Intelligence Artificielle).
6. DALL·E a été développé par Open.ai, société américaine à « but lucratif plafonné », réunissant Sam Altman (ex-président de Y combinator), Reid Hoffman (fondateur de Linked-In), Elon Musk (Tesla, SpaceX) puis Microsoft... L’objectif est de s'assurer que l'Intelligence Artificielle ne soit pas captée par quelques-uns mais bénéficie bien à l'humanité toute entière.
7. OpenAI a refusé de communiquer le code source de DALL.E, ne mettant à disposition que des démos. La raison invoquée ? OpenAI souhaite évaluer les impacts que la création d’images réalistes ex-nihilo peut avoir sur nos sociétés. Voilà qui semble sage !
La leçon à retenir
Ne rêvons pas trop : nous ne sommes pas près d'utiliser DALL-E pour nos créations et ce n’est peut-être pas si mal finalement…
Pour aller plus loin
Démo de DALL.E Try new demo site for OpenAI DALL·E: Creating Images from Text 🚀
Autre démo de DALL.E OpenAI DALL·E: Creating Images from Text (Blog Post Explained)
Un petit plaisir nostalgique Je suis fou du chocolat Lanvin !
La bande-annonce du film Wall.E WALL•E | Trailer | Official Disney Pixar UK
Lei Jun, la nouvelle star de la tech chinoise
1. Après la disparition aussi soudaine qu’étrange de Jack Ma, charismatique fondateur d'AliBaba, tombé en disgrâce auprès du président chinois Xi Jinping, voici Lei Jun, le nouvel entrepreneur star qui charme les Chinois.
2. Fondateur et dirigeant de Xiaomi depuis 2010, Lei Jun a été classé meilleur chef d’entreprise chinois et 75ème fortune mondiale par Forbes en juin 2021.
3. Lei Jun a fait de Xiaomi le 2ème fournisseur mondial de téléphones portables derrière le sud-coréen Samsung et, surtout, devant l’américain Apple ! Son principal atout ? Des prix de vente nettement plus bas. Son nouvel objectif ? Déloger Samsung de la première place… En embuscade se tiennent deux autres fabricants chinois : Oppo et Vivo.
4. Plusieurs controverses ont affecté Xiaomi : contrefaçons, non-respect de brevets, protection des données, liens avec le Parti Communiste Chinois… Dernière en date : le ministère de la défense de Lituanie a détecté qu’il était possible d’activer à distance des fonctionnalités de censure sur les smartphones Xiaomi… Pourtant, Lei Jun a réussi à faire retirer Xiaomi de la black list des sociétés chinoises “bannies” aux Etats-Unis. Un coup de maître !
5. Lei Jun est célèbre en Chine pour sa tenue vestimentaire - T-shirt noir et jeans - mais aussi pour ses lancements type Apple. Ses discours sont devenus des événements largement suivis sur les réseaux sociaux, avec des répercussions immédiates sur le chiffre d’affaires de Xiaomi.
6. Comme Steve Jobs, Lei Jun a désormais des “adeptes”, séduits par son charisme, son humilité et sa transparence, puisqu’il n’hésite pas à parler de ses difficultés et à partager des anecdotes personnelles.
7. Alors que le fondateur d’Apple concentrait l’essentiel de son investissement sur son entreprise, Lei Jun joue un rôle de Business Angel très actif sur la scène chinoise. Il a fondé Shunwei, un fonds de capital-risque dont le portefeuille compte désormais 445 entreprises tech, et a investi à titre personnel dans une trentaine de start-ups dont Duokan, le Kindle chinois.
La leçon à retenir
Etre une star a toujours été un métier périlleux mais, en Chine, c’est un métier à très haut risque. Pourtant, “kamikaze” n’est pas un mot chinois…
Pour aller plus loin
Xiaomi becomes number two smartphone vendor for first time ever in Q2 2021
BIZ IN GRAPHICS | Meet Lei Jun: the 'Steve Jobs of China' who founded Xiaomi
Merci pour votre attention. Nous vous souhaitons un excellent week-end et vous donnons rendez-vous vendredi prochain !
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