đŽ 7 about... le pessimisme dĂ©fensif et le âgreen scriptâ dâAlfred Hitchcock
Suite et bientÎt fin du "Best of" de l'été avec beaucoup d'émotions et d'angoisses. Comment les gérer, comment les savourer... Petits et gros frissons !
Le pessimisme dĂ©fensif ou le pouvoir positif de la pensĂ©e nĂ©gativeÂ
Le pessimisme dĂ©fensif est une stratĂ©gie naturellement mise en place par certaines personnes, pour affronter leur anxiĂ©tĂ© face Ă une situation inconnue. Il sâagit dâimaginer en dĂ©tail tout ce qui pourrait mal se passer afin de mieux se prĂ©parer.
ThĂ©orisĂ©e par Julie Norem, professeure en sciences comportementales, cette stratĂ©gie a lâintĂ©rĂȘt de transformer lâanxiĂ©tĂ© (ça va mal se passer) en motivation (je dois Ă©viter la catastrophe), puis en action (je prĂ©pare les solutions) et enfin en rĂ©assurance (je contrĂŽle).Â
âHope for the best but prepare for the worst.â
En imaginant le pire, nous n'augmentons pas la probabilité que la catastrophe survienne. En revanche, en étant mieux préparés, nous augmentons les chances de nous en sortir si elle devait arriver. Comme disait Andy Grove, le fondateur d'Intel : "seuls les paranos survivent".
Le pessimisme défensif, c'est donc l'anti-politique de l'autruche. On ne cherche pas à ignorer ou sous-estimer la difficulté de la situation. Au contraire, la confiance provient d'une appréciation réaliste de la situation et d'un plan détaillé pour y faire face.
Cette façon de penser va Ă lâencontre du mouvement de la pensĂ©e positive, largement rĂ©pandu depuis la parution en 1952 de lâouvrage "La puissance de la pensĂ©e positive" de Norman Vincent Peale. VĂ©ritable phĂ©nomĂšne de librairie, le livre s'est vendu Ă 5 millions d'exemplaires, demeurant dans la liste des best-sellers du New York Times pendant 186 semaines d'affilĂ©e. Le livre de Julie Noremqui dĂ©fend le pouvoir positif de la pensĂ©e nĂ©gative, s'est lui beaucoup moins vendu. Bref, dans nos sociĂ©tĂ©s, lâoptimisme est de rigueurâŠ
Dans ce climat, il est difficile dâaccepter que la pensĂ©e nĂ©gative pourrait au final ĂȘtre positive. Pourtant les recherches en sciences neuronales montrent que c'est l'inconnu qui nous angoisse, davantage que le nĂ©gatif. Nous avons donc tout intĂ©rĂȘt Ă imaginer l'inconnu, mĂȘme dans ses aspects les plus nĂ©gatifs, afin de diminuer notre angoisse et crĂ©er une dynamique.
De nombreuses Ă©tudes montrent que les pessimistes rĂ©ussissent tout aussi bien, voire mieux, que les optimistes. Sâagit-il d'ailleurs de pessimisme ou de rĂ©alisme ? Avouons-le : nous apprĂ©cions quâun pilote dâavion dispose de procĂ©dures pour toutes les avaries possibles et imaginables, mĂȘme les plus improbables, mĂȘme les plus rares, et ne monte pas dans le cockpit en se rĂ©pĂ©tant âTout va bien se passer. TâinquiĂšte !â. De mĂȘme, accepterions-nous dâĂȘtre opĂ©rĂ© par un chirurgien sans matĂ©riel de rĂ©animation ? Pourtant, tout le monde espĂšre que cette opĂ©ration se dĂ©roulera sans problĂšme...
La leçon Ă retenirÂ
Le pessimisme dĂ©fensif permet dâaller au-delĂ de la peur. Positif, non ?Â
Pour aller plus loinÂ
The Power of Negative Thinking: An Unconventional Approach to Achieving Positive Results
Focus: Use Different Ways of Seeing the World for Success and Influence
The Power of Negative Thinking
Le âgreen scriptâ dâAlfred Hitchcock
Bien sĂ»r, on ne prĂ©sente plus Alfred Hitchcock, maĂźtre incontestĂ© des scĂ©narios Ă couper le souffle : une cinquantaine de films dont une majoritĂ© de chefs-d'Ćuvre, quarante-six nominations aux Oscars et surtout un final - Psychose - qui, soixante ans plus tard, nous donne encore des sueurs froides...
En revanche, sa technique de double scĂ©nario est beaucoup moins connue, alors quâelle peut nous en apprendre beaucoup sur la façon de captiver un public, que ce soit en prĂ©sentation, en entretien d'embauche ou... dans une salle de cinĂ©ma.
Pour chaque film, Alfred Hitchcock travaillait sur deux scénarios distincts : le scénario bleu et le scénario vert ("blue script, green script").
Le scĂ©nario bleu contenait tous les Ă©lĂ©ments traditionnels dâune histoire : personnages, dialogues, rebondissements, instructions de tournage...Â
Le scĂ©nario vert, plus original et moins fonctionnel, dĂ©taillait chacune des Ă©motions que devaient ressentir les spectateurs lors dâune scĂšne.Â
Pour chaque scĂšne, Hitchcock se demandait : "does the shot sell?". La scĂšne provoque-t-elle lâĂ©motion escomptĂ©e, telle que dĂ©crite dans le scĂ©nario vert, vĂ©ritable fil conducteur âĂ©motionnelâ ?Â
Car, aux yeux dâHitchcock, son film nâĂ©tait rĂ©ussi que si le public ressentait exactement ce qu'il avait prĂ©vu, au moment oĂč il l'avait prĂ©vu. Pour lui, c'est dans le cerveau du spectateur, plus que sur l'Ă©cran, que se joue le succĂšs d'un film.
Ce secret de fabrication bien gardĂ© peut s'appliquer Ă chaque fois que nous prĂ©parons une intervention. En rĂ©digeant nos propres "green scripts" et en anticipant les Ă©motions que nous souhaitons provoquer, nous pouvons ĂȘtre plus convaincants et âvendeursâ. Hitchcock nous rappelle une Ă©vidence : câest dans la salle bien plus que sur lâĂ©cran que tout se joue.
"People will forget what you said, people will forget what you did, but people will never forget how you made them feel." Maya Angelou
Le "green script" d'Hitchcock s'inscrit dans une tendance bien connue : l'Ă©motion comme force majeure de conviction. On veut que l'on nous raconte des histoires, que l'on nous surprenne, que l'on nous fasse passer par tous les sentiments... Surtout que lâon nous Ă©vite lâennui !
La leçon à retenir
On achÚte des histoires, des émotions⊠Pas des produits ou des services !
Pour aller plus loin
Le livre : Hitchcock par Truffaut
La vidéo de Hitchcock : "Comment maßtriser la tension ?"
Le top 10 des films de Hitchcock