7 about... le "planning fallacy", Gumroad et la "ocean economy"
Le “planning fallacy”
Il faut bien le constater : nos évaluations de planning sont généralement fausses. Est-ce grave, docteur ? Oui car, en bons petits soldats, nous persistons dans notre erreur et nous terminons invariablement non seulement en retard mais aussi… épuisés !
Le planning fallacy décrit notre tendance à sous-évaluer le temps nécessaire pour réaliser une tâche, même si nos expériences passées contredisent ces prévisions.
Décrit en 1979 par les psychologues et pionniers de l’économie comportementale Amos Tversky et Daniel Kahneman (prix Nobel d’économie 2002 pour ses travaux sur la théorie des perspectives), ce phénomène concerne non seulement le temps mais aussi les coûts et les risques.
Nous souffrons de ce biais d’optimisme uniquement pour nos propres réalisations. En revanche, lorsqu’il s’agit d'évaluer les projets d’autres personnes, nous faisons preuve de pessimisme et identifions beaucoup mieux les écueils potentiels.
Le planning fallacy peut conduire à des retards conséquents ou des échecs, dans nos vies personnelles comme professionnelles, à titre individuel comme collectif.
Un exemple célèbre : l’Opéra de Sydney terminé avec dix ans de retard, pour un budget de 102 millions de dollars au lieu des 7 millions initialement prévus.
Le planning fallacy s’explique par notre tendance à préférer l’optimisme au pessimisme, voire au réalisme. De plus, une fois nos prévisions faites, il nous est difficile de prendre en compte des informations négatives remettant en cause nos décisions. Enfin, la pression extérieure pour faire “vite, bien, pas cher” renforce encore ce phénomène.
Quelques pistes pour y remédier :
ne pas se fier uniquement à son intuition et intégrer dès le départ des informations objectives extérieures
découper un projet en “sous-tâches”, chacune étant évaluée individuellement
visualiser étape par étape l’avancement d’un projet, en mode Kanban par exemple.
Enfin, à une échelle individuelle, regardons la réalité en face et évaluons le temps de travail effectif, productif, “concentré”, dont nous disposons dans une journée. Entre les réunions, les mails, les interruptions des collègues, les échanges sur Slack, le multitâche qui nous fait nous disperser… nous ne disposons souvent que d’une ou deux heures par jour, de “vrai” travail ! Ce qui est rarement la durée que nous prenons en compte pour faire nos plannings.
La leçon à retenir
Décidément le pessimisme (réalisme ?) a du bon...
Pour aller plus loin
L'histoire du créateur de la science des erreurs et de ses erreurs
Researchgate - 2010 - The Planning Fallacy
Gumroad, la marketplace des créateurs
Gumroad est une plateforme où les créateurs peuvent vendre directement leurs produits ou leurs contenus : livres, films, photos, musique...
Depuis 2011, les près de 100 000 créateurs répertoriés sur Gumroad auraient réalisé un chiffre d’affaires total de 533 millions de dollars, via la plateforme.
Plusieurs “stars” ont déjà opté pour Gumroad : des musiciens comme Eminem, Bon Jovi… ou des auteurs de bestsellers tels que Tim Ferriss, Chris Guillebeau, John Green…
Le modèle économique est simple : Gumroad prélève une commission fixe minimale (0,3 dollar) sur chaque transaction et un pourcentage variable décroissant selon le montant réalisé (de 9 à 3 %).
Gumroad a été créé en 2010 par Sahil Lavingia qui fût à 19 ans le premier designer embauché par Pinterest. Frustré par ses difficultés à commercialiser l’une de ses réalisations, il construit une première version de Gumroad, pour que vendre sa création devienne aussi simple que de créer un contenu sur le Web
Fidèle à sa logique de contribution, Gumroad vient de lever 5 millions en crowdfunding auprès de ses utilisateurs. Mise de départ : 100 dollars seulement. Toutefois, Sahil Lavingia a pris soin de s'entourer de deux business angels influents : Naval Ravikant, fondateur de AngelList, et Jason Fried, fondateur de Basecamp et auteur du bestseller Rework.
Gumroad surfe sur la tendance explosive de la "creator economy" : certains podcasts, newsletters, chaînes YouTube... attirent un public plus nombreux que leurs équivalents traditionnels. Ce marché est évalué à 104 milliards de dollars pour plus de 50 millions de créateurs dans le monde en 2021 (source : The Influencer Marketing Factory).
Leçon à tirer
Les créateurs peuvent désormais “monétiser” directement leur contenu, en dehors des maisons de production, éditeurs, médias… mais aussi en dehors des réseaux sociaux et des influenceurs.
Pour aller plus loin
Move over, Instagram influencers: Welcome to the era of the independent creator
La vidéo : comment acheter et vendre sur Gumroad ?
Le rapport à lire : The creator economy market
La “ocean economy”
Recouvrant 70 % de la surface de la planète, les océans sont au cœur de notre système écologique : absorption de carbone, biodiversité, courants marins… Ils occupent aussi une place centrale dans notre économie puisque 90 % des échanges commerciaux empruntent des voies maritimes.
Selon la définition de l’OCDE, l’économie de l’océan recouvre la somme des activités liées à la mer (transports, pêche...) et aux ressources naturelles produites par les éco-systèmes marins (aquaculture). Avec une croissance plus rapide que celle de l'ensemble de l'économie, l’activité maritime devrait représenter plus de 3 000 milliards de dollars en 2030, soit un doublement depuis 2015 (source OCDE).
Ce phénomène d'accélération de l'exploitation des océans a été baptisé Blue Acceleration par les scientifiques.
Quelques exemples :
99 % de nos communications internationales transitent par des câbles sous-marins.
100 000 kilomètres de pipelines reposant sur les fonds marins, transportent du gaz, du pétrole, des eaux usées...
16 000 usines de dessalement traitent 65 millions de mètres cubes d’eau de mer, chaque jour, dans le monde !
Enfin, 26 millions de passagers embarquent sur des paquebots de croisière chaque année. Ça laisse rêveur…
Cette économie se distingue par son extrême concentration :
Cent entreprises (Ocean 100) se répartissent 60 % des richesses, soit 1 100 milliards de dollars.
Neuf entreprises parmi les dix premières sont des entreprises liées au gaz et au pétrole.
Sept superpuissances se répartissent plus de la moitié des revenus issus des océans : États-Unis, Arabie Saoudite, Chine, Norvège, France, Royaume-Uni et Corée du Sud.
Au sein de ce club des 100, seul le Danois Ørsted appartient au secteur du renouvelable, après l’abandon de ses activités liées au pétrole et au charbon.
Les futures licornes des océans ? La “tech” n'est pas en reste, notamment avec Saildrone et ses bateaux sans équipage, adaptés aux conditions les plus dangereuses. L’objectif est de recueillir des données essentielles pour la sécurité maritime, les relevés géographiques, la pêche, les prévisions météos, le changement climatique… Saildrone vient de lever plus de 100 millions de dollars (série C).
Afin d’accompagner la Blue acceleration, les Nations Unies ont conçu le programme Ocean Decade 2021-2030, pour que chaque pays puisse développer une politique de la mer "durable".
La leçon à retenir
L’or bleu est plus que jamais précieux… et fragile.
Pour aller plus loin
Le site du World Ocean Council
L'Action Platform des Nations Unies
L’étude Science Advances : Transnational corporations in the ocean economy
Le spécialiste à suivre (à qui cet article doit beaucoup) : Jean-Baptiste Jouffray
Les vidéos de Saildrone en condition normale ou en plein ouragan, comme si vous y étiez
Revoir l’ouverture du Grand Bleu
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