7 about... le principe de la main cachée, Offsetra et les GAFAM 3.0
Le principe de la main cachée (hiding hand)
1. Selon le principe de la main cachée (hiding hand), il est bénéfique de ne pas pouvoir anticiper toutes les difficultés et les coûts réels d’un projet. Sinon, nous ne nous lancerions jamais et resterions tétanisés, à regarder les trains passer.
2. Toujours selon ce principe, rencontrer des problèmes imprévus alors qu’un projet est déjà bien avancé, nous oblige à faire preuve de créativité, nous conduisant même parfois à dépasser le résultat initialement prévu.
3. A ne pas confondre avec la main invisible d’Adam Smith : il s’agit ici d’une main qui “rendrait invisible”, une main qui nous cacherait les difficultés potentielles et induirait des erreurs de planification. L’équivalent français utilisé n’est donc pas tout à fait fidèle à l’expression de départ.
4. L’auteur de ce principe est Albert Otto Hirschman, célèbre chercheur multidisciplinaire (économie, sociologie, science politique, histoire, philosophie) dont les ouvrages sont devenus des classiques, notamment Défection et prise de parole, Les Passions et les intérêts, Bonheur privé, action publique, Deux Siècles de rhétorique réactionnaire.
5. Première explication de ces erreurs de planification : la “pseudo-imitation”. Un nouveau projet est considéré comme la réplication de projets précédents, avec seulement quelques petites différences… qui très vite deviendront de grosses, très grosses différences. Le modèle de planification appliqué s’avère par conséquent inadapté.
6. Seconde explication : le « pseudo-programme complet ». Les “experts” ont déjà tout évalué et tout programmé : il ne resterait plus qu’à “dérouler”. Vision optimiste et simpliste qui se heurte vite à l'imprévisibilité de la réalité.
7. Toutefois, la “hiding hand” n’a pas toujours les effets positifs que l’on pourrait espérer. Que se passe-t-il si aucune étincelle de créativité ne permet de sauver un projet, ou qu’elle arrive trop tard, ou qu’elle ne soit pas suffisante ? On parle alors de “malevolent hiding hand” : les difficultés ont été ignorées et n’ont pas été résolues, mettant à mal la réalisation du projet… ce qui statistiquement est la situation la plus courante. Dommage !
La leçon à retenir
La sérendipité, ça peut être intéressant… sauf quand on construit un EPR ! By Jove !
Pour en savoir plus
L’article originel en pdf The principle of the hiding hand
Le livre Introduction à Albert O. Hirschman de Cyrille Ferraton
Le livre Development Projects Observed de Albert O. Hirschman
Notre article Le “planning fallacy” - 7about.fr
Notre article La “productivity shame” - 7about.fr
Offsetra, la compensation carbone
1. Offsetra est une plateforme de compensation carbone, qui agit comme intermédiaire entre les personnes ou organisations cherchant à compenser leurs émissions de CO2, et les projets qui compenseront ces émissions.
2. La compensation carbone volontaire consiste à neutraliser les émissions de CO2 que l’on n’aura pu éviter, en finançant des projets de séquestration du CO2 déjà émis, ou de réduction d’émissions à venir. L’objectif final est de ne pas aggraver le changement climatique.
3. Le financement de ces projets s’effectue via l’achat de crédits carbone (tonnes d’équivalent carbone), correspondant aux émissions évitées ou compensées.
4. Le prix de la tonne de CO2 (équivalent carbone) est variable, notamment en fonction de l’activité économique. Au cours de l’année 2021, il a augmenté de 140 % sur le marché européen (source : Les Echos).
5. Pour savoir combien de crédits acheter, un bilan carbone de ses activités s’impose. En tant que particulier, vous pouvez faire votre propre évaluation avec des outils tels que celui de GoodPlanet ou Nos gestes climat. On a parfois des surprises, même quand on se croit vertueux.
6. Tous les crédits carbone ne se valent pas : comment être sûr que les projets de compensation sont efficaces et durables ? Offsetra ne propose que des projets “vérifiés”, reconnus par APX, leader des registres de compensation carbone.
7. Offsetra revendique plus de 973 796 tonnes de CO2 compensées volontairement à travers ses projets, dont la protection d’une forêt humide au Belize, la lutte contre la déforestation de l’Amazonie ou le développement de l’énergie éolienne en Inde.
La leçon à tirer
Il ne faudrait quand même pas confondre crédits carbone et autorisation à polluer…
Pour aller plus loin
Notre article Project Drawdown - 7about.fr
Notre article Alléger notre empreinte carbone numérique - 7about.fr
Les nouveaux GAFAM du Web 3.0
1. On connaît les GAFAM, cet acronyme qui regroupe les acteurs dominant du Web actuel - Google, Amazon, Facebook et Microsoft - dont les caractéristiques communes sont leur omniprésence sur nos ordinateurs et smartphones, et surtout leur propension à s’approprier nos données personnelles.
2. A l’inverse de ce modèle, le Web 3.0 promet un univers décentralisé où domineraient la création et les échanges de niche, et où nous resterions maîtres de nos données personnelles. Passons en revue ses acteurs émergents et leurs ambitions affichées.
3. Créé en 2004, Roblox est une plateforme où chacun peut créer ses propres jeux ou jouer à ceux des autres. Après une croissance fulgurante renforcée par les confinements, Roblox revendique aujourd’hui 164 millions d’utilisateurs actifs dans le monde, dont la moitié est âgée de moins de 16 ans. Le plus impressionnant est le temps moyen passé sur cette plateforme - plus d’une heure et demie par jour - soit bien plus que Tik Tok (75 minutes) ou YouTube (64 minutes). Roblox dispose de sa propre monnaie virtuelle, le Robux (R$), utilisée pour acheter des avatars ou récompenser les développeurs de jeux.
4. Créé en 1991 aux USA, Epic Games est surtout connu pour ses jeux vidéo Fortnite (350 millions de joueurs inscrits) ou Unreal. L'énorme succès de ses produits dans les années 2010 a fait de l’entreprise un poids lourd du secteur. Toutefois, pour son fondateur, Tim Sweeney, ce n’est qu’un début. Grâce au Web 3.0 et au Metaverse, Epic Games ambitionne de proposer des univers virtuels où chacun pourra interagir sans barrières avec ses pairs, ses marques préférées, etc.
5. Depuis sa création en 2010 par Google, Niantic Labs a développé les célèbres jeux Pokémon GO ou Ingress. Devenu indépendant en 2015, Niantic Labs a accueilli de nouveaux actionnaires : Alphabet (maison mère de Google) et Nintendo. Selon John Hanke, son président, le Metaverse serait un véritable “cauchemar dystopien” : il préfère se positionner sur la version “monde réel augmenté” du Web 3.0 pour se différencier des acteurs 100 % virtuels.
6. En tant que fabricant de processeurs, de cartes et de puces graphiques pour PC ou consoles de jeux, Nvidia est au cœur du déploiement du Web 3.0 avec un chiffre d’affaires de 16,7 milliards de dollars (2021) et un effectif de 18 000 employés. Selon son fondateur américano-taïwanais, Jensen Huang, les échanges facilités par le Web 3.0 et le Metaverse devraient générer une économie encore plus vaste que celle du monde réel. D'ailleurs, il ne parle pas de Metaverse mais d’Omniverse pour désigner un monde où Nvidia serait le connecteur de tous les mondes virtuels.
7. Il n'est pas inconcevable que les Roblox, Epic Games, Niantic Labs et Nvidia deviennent les nouveaux GAFAM du Web 3.0, d’autant plus que Goldman Sachs prévoit que ce secteur devrait atteindre rapidement un volume de 8 000 milliards de dollars…
La leçon à retenir
Malgré les promesses d'ouverture du Web 3.0, ces acteurs proposent tous une expérience de Metaverse "fermé". Le Metaverse réellement décentralisé reste à construire…
Pour aller plus loin
Notre article Le Web3 - 7about.fr
L'étude de Goldman Sachs : Framing the future of Web 3.0
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