Le Trust Barometer Edelman 2024
1. Publié chaque année par l’agence de communication américaine Edelman (groupe familial indépendant comptant 6 000 collaborateurs dans 60 pays), le Trust Barometer est une étude mondiale qui mesure la confiance du public envers les gouvernements, les entreprises, les ONG et les médias.
2. Le Trust Barometer étudie quatre dimensions de la confiance : la compétence, l'éthique, la transparence et l'équité. Ces dimensions permettent d'évaluer non seulement si les institutions font leur travail de manière efficace (compétence), mais également si elles agissent de manière honnête et juste (éthique et équité), et si elles communiquent de manière ouverte et claire (transparence).
3. Le Trust Barometer 2024 a été réalisé sur la base d’entretiens en ligne de 30 minutes, menés en novembre 2023 auprès de 32 000 personnes réparties dans 28 pays. Les échantillons utilisés sont représentatifs de chacun de ces pays, en termes d’âge, genre, région et nationalité (ou ethnicité). Voilà pour la base…
4. Passons aux résultats. Premier enseignement : dans les pays développés, la confiance dans les gouvernements, les entreprises, les ONG et les médias, est faible et en dessous de la moyenne, à l’inverse de pays tels que la Chine, l’Inde et les Émirats arabes unis (ce qui tendrait à démontrer l’efficacité de la propagande…). Globalement, dans les 28 pays étudiés, plus de 60 % des répondants considèrent que les leaders (gouvernements, entreprises, journalistes) essaient délibérément de les induire en erreur en disant des choses qu'ils savent être fausses.
5. Deuxième enseignement : l'innovation fait l’objet d’un rejet plus ou moins fort suivant les domaines : 54 % des répondants considèrent avec enthousiasme les innovations concernant les énergies vertes, environ 30 % l’IA et 14 % les OGM. En revanche, près d’un répondant sur deux considèrent que l'innovation est mal gérée par les gouvernements, entreprises, ONG… ce qui engendre chez ces personnes le sentiment que l’innovation leur est défavorable. Dans les démocraties occidentales, le rejet de l’innovation est beaucoup plus fort chez les personnes de droite que celles de gauche. Cet écart est particulièrement marqué aux Etats-Unis.
Dans le contexte de la plus grande année électorale mondiale de l'histoire, avec plus de 50 élections prévues […] Les inquiétudes concernant l'impact de l'innovation et de ceux qui la conduisent ont conduit à une plus grande méfiance à l'égard des systèmes économiques et politiques.
Kirsty Graham (Global Practices and Sectors - Edelman)
6. Troisième enseignement : les gens font autant confiance aux gens “comme eux” qu’aux scientifiques pour leur dire la vérité sur les nouvelles technologies et innovations. Paradoxal… Pour dire la “vérité, encore faut-il comprendre en profondeur le sujet dont on parle. Sans offenser mon beau-frère adoré, je ne suis pas sûre qu’il puisse véritablement m’expliquer les avantages et inconvénients des ordinateurs quantiques ou des derniers traitements contre le cancer… au-delà de ce qu’il aurait pu voir sur les réseaux sociaux.
7. En conclusion, le Trust Barometer propose quelques pistes pour remédier à cette crise de confiance et au rejet de l’innovation :
Il est essentiel d’expliquer les découvertes scientifiques et les innovations, pour qu'elles soient acceptées et adoptées par la société.
Les scientifiques et experts doivent dialoguer et faire porter leurs messages par des personnes “comme vous et moi”.
Lorsque les gens ont le sentiment de maîtriser l'impact des innovations sur leur vie, ils sont plus enclins à les adopter.
C'est aux entreprises que l'on fait le plus confiance pour introduire l'innovation dans la société, en partenariat avec les pouvoirs publics.
La leçon à retenir
C’est quand même bizarre… Au moment où les études supérieures sont de plus en plus généralisées, où les parents se torturent pour que leur enfant “réussisse” Parcoursup, on croit de moins en moins les scientifiques (qui ont justement fait ces études) ainsi que les dirigeants et journalistes (qui ont généralement fait ce même type d’études mais en sciences “molles”). “Bizarre, bizarre, moi j’ai dit bizarre ?”
Pour aller plus loin
Le site français Trust Barometer Edelman 2024 (Super mal traduit ! L’IA, c’est très bien quand c’est… relu par un humain, sacrebleu !)
Le site américain 2024 Edelman Trust Barometer
Le rapport 2024 2024 Edelman Trust Barometer Global Report
La mythique scène avec Louis Jouvet Drôle de drame | "Bizarre ... Moi j'ai dit bizarre ?"
L’émergence de l’astropolitique
1. On connaissait la politique (l’exercice du pouvoir au sein d’un pays) et la géopolitique (les rapports politiques entre pays), voici maintenant venu le temps de l’astropolitique, soit l’ensemble des activités civiles et militaires menées par les différents pays ayant une présence dans l’espace. Cela inclut le renseignement, les traités et le droit qui régissent l’espace, sans oublier les programmes de prise de contact avec d’éventuelles intelligences extra-terrestres. Eh oui…
2. Les principaux enjeux astropolitiques recouvrent notamment :
L’exploitation minière des astéroïdes et les programmes de retour sur la Lune, soit un marché à près de 1,5 milliard de dollars en 2025 (source : Fact.mr).
La gestion des satellites : en 2024, plus de 9 900 satellites sont actifs autour de la terre (source : Orbiting now).
La gestion des débris spatiaux : plus de 130 millions d’objets de toutes tailles flotteraient dans l’espace (source ESA).
Le contrôle du tourisme spatial dont le marché devrait atteindre 3 milliards de chiffre d’affaires annuel d’ici 2030 (source : UBS).
3. Jusqu’au déclenchement de la guerre en Ukraine, l’espace comptait parmi les coopérations mondiales les plus abouties (Traité de l’espace en 1967, Traité sur la lune en 1984, etc.). Aujourd'hui, chaque pays doit choisir son camp dans le concert astropolitique des nations, qui sans surprise prolonge les tensions géopolitiques d’ici bas.
4. Le camp occidental se regroupe autour des accords d’Artemis signés en 2020 par 34 pays dont les Etats-Unis, les principaux pays de l’Union Européenne, le Royaume-Uni, l’Arabie Saoudite, l’Ukraine et, depuis juin 2023, l’Inde qui a abandonné son sacro-saint positionnement de non-alignement. Il s’agit d’un programme spatial habité de la NASA, dont l'objectif est d'amener un équipage sur la Lune d'ici 2026 et d’y installer un poste permanent
5. En mars 2021, la Chine et la Russie ont de leur côté mis en place l’alliance ILRS (International Lunar Research Station) avec neuf partenaires dont le Vénézuéla, l'Afrique du Sud, l'Azerbaïdjan, le Pakistan, la Biélorussie, la Turquie… L’objectif est d'installer un laboratoire scientifique au pôle sud de la Lune.
6. Cette rivalité pourrait générer à terme des conflits astropolitiques, d’autant que le conflit en Ukraine a démontré le rôle primordial que pouvaient jouer les satellites dans les manœuvres militaires. Il existe désormais des satellites gardes du corps chargés de protéger de potentielles attaques spatiales. La France est en première ligne dans ce domaine depuis le lancement du programme YODA (Yeux en Orbite pour un Démonstrateur Agile) en 2019. On appréciera la poésie déployée par nos militaires en charge de l’appellation des programmes spatiaux.
7. L’enjeu principal de l’astropolitique ? Préserver l’espace de tout conflit malgré la concurrence croissante que se livrent les pays. Selon Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’Union Européenne, “l’espace pourrait devenir un prochain champ de bataille”. Mais restons optimistes…
La leçon à tirer
Quand je pense qu’avant on regardait les étoiles pour oublier nos malheurs de terriens…
Pour aller plus loin
La vidéo Why the moon? - Nasa
L’article India-US Space Cooperation - APLN
Le film Gravity : l’impressionnante scène des débris spatiaux
La chanson dont on ne se lasse pas : Satellite of love de Lou Reed