7 about... le Wandering par Jeff Bezos, la fin des mots de passe avec Transmit security et "Software is eating the world"
L’esprit Wandering de Jeff Bezos
Après un quart de siècle d’Amazon, Jeff Bezos s’envole (littéralement) vers d’autres cieux. Son départ nous donne l’occasion de revenir sur son spectaculaire revirement quant à sa façon de penser...
Dès les débuts d’Amazon, Jeff Bezos est connu pour sa culture de la donnée chiffrée. Une seule phrase, placardée à l’entrée des bureaux des managers, résume à elle seule cette “religion” : "In God we trust. All others must bring data.” (W. Edwards Deming).
Pourtant, en 2018, Bezos opère un impressionnant virage à 180° degrés. Dans sa lettre annuelle aux actionnaires, ce n’est plus la religion de l’analyse des données qu’il défend mais celle du wandering (que l’on pourrait traduire par rêverie) : loin d’être une perte de temps, la curiosité, l'imagination, l’intuition… feraient naître les vraies bonnes idées !
Il faudrait donc prendre des risques sur la base de son intuition - même si la probabilité d’échouer est élevée - avec la conviction profonde que l’on va en tirer un produit ou un service qui sera réellement utile aux clients.
Intéressant lorsque l’on voit quels succès Amazon a tiré de cet esprit Wandering : Prime, Echo & Alexa, AWS (Amazon Web Services)...
Certes, avec cette méthode, Amazon n’a pas connu que des succès. Qui se souvient du Fire Phone, le cuisant échec de l’incursion d’Amazon dans le monde du smartphone ? Pas grave ! C’est le nouveau Veni Vidi Vici. “On a essayé. On s’est planté. On a appris.” … et on invente autre chose ! Le wandering n’empêche pas les erreurs mais immunise contre le syndrome de l’échec et la paralysie qui va avec...
Les innovations les plus marquantes sont souvent celles que personne n’attendait (voir Alexa ou le smartphone). Elles sont le fruit de l’intuition et non d’une analyse marketing. Après, bien sûr, l’idée ne suffit pas : il faut investir, faire des prototypes, tester et… recommencer jusqu’à obtenir le meilleur produit.
Prendre le risque de nombreux échecs garantit que vous continuez à inventer ce qui fera votre succès de demain. Plus vous chercherez, plus vous trouverez. CQFD.
Pour se développer et réussir, il est essentiel de garder une âme de débutant qui aime découvrir, explorer, inventer… quitte à échouer. Le succès n’est jamais linéaire : rien ne se fait du premier coup !
La leçon à en tirer
Le wandering illustre l’état d’esprit des vrais innovateurs. L’intuition n’est décidément pas l’ennemie de la raison, n’en déplaise à Descartes !
Pour aller plus loin
Le livre “scientifique” sur l’intuition : L’erreur de Descartes d’Antonio Damasio
Transmit Security, la licorne qui vous fait oublier vos mots de passe
Ne plus avoir à se souvenir des mots de passe ? Vous en rêviez : Transmit Security l’a fait.
Transmit Security est une startup, créée en 2015, qui a pour vocation d’authentifier l’accès aux sites et applications, avec une sécurité maximale… sans mot de passe !
La technologie de Transmit Security s'appuie sur la biométrie. C’est la personne elle-même qu’il s’agit d’identifier (empreinte digitale ou visage) depuis un ordinateur ou un mobile. Résultat : une authentification transparente et fiable à 100 % pour notamment :
Éviter que les clients abandonnent leur panier en raison de problèmes de mots de passe. Tant d’investissement pour voir la transaction capoter au dernier moment !
Sécuriser les accès des collaborateurs à distance. Le télétravail est là pour rester…
Garantir l’identité des interlocuteurs pour les banques, les notaires, etc. Comment être sûr lorsqu’on ne se rencontre plus “en physique” ?
Transmit Security propose une solution utilisable sur n’importe quel canal ou appareil : les clients s'authentifient soit en utilisant le scanner d’empreintes digitales ou facial intégré dans leurs appareils, soit en utilisant leur smartphone. Point fort de Transmit Security : la simplicité d’implémentation de leur solution technique, sans développement informatique (low code), logiciel client ou matériel dédié.
Surfant sur cette immense attente, Transmit Security connaît un succès foudroyant avec un ARR (Annual Recurring Revenue) estimé à 100 millions de dollars et déjà quelques grands clients (HSBC, UBS…).
Pas étonnant donc que Transmit Security vienne de recueillir 543 millions de dollars lors de leur récente levée de fonds - un record à ce stade et dans ce secteur - auprès notamment de Insight Partners, l’un des investisseurs les plus actifs en cyber-sécurité.
Les appétits s'aiguisent car la sécurisation des données et transactions SANS mot de passe devient de plus en plus cruciale :
80 % des violations de données sont dues à des problèmes de mots de passe.
Le traitement d’une demande de changement de mot de passe revient en moyenne à 70 dollars.
On estime à 2,9 millions de dollars par minute (!) le coût des fraudes liées aux mots de passe.
Le marché de l'authentification est estimé à 21 milliards de dollars en 2025 (source : Mordor Intelligence) contre 9,75 milliards en 2019, soit une croissance de 13,5 % par an. Transmit Security n’est pas seul sur cet immense marché : d’autres grands acteurs tels que Okta, Ekata et ForgeRock se développent rapidement.
La leçon à retenir
Puisqu’on ne fait plus rien “en vrai”, il va bien falloir trouver des solutions simples pour survivre dans nos vies parallèles…
Pour en savoir plus
“Software is eating the world” décortiqué
Ancien fondateur de Netscape, Marc Andreessen dirige aujourd’hui a16z, le fonds d'investissement star de la Silicon Valley. Son article "Software is eating the world" est considéré comme un texte essentiel pour comprendre l'évolution technologique actuelle. Pourtant, si ce texte est souvent cité, il est rarement expliqué. Voici, enfin décortiquée pour vous, l'évangile tech selon Saint Marc...
L'idée principale de Marc Andreessen tient en une phrase : les entreprises qui dès le départ se conçoivent comme des créatrices de software (logiciel), vont “dévorer” les entreprises “historiques”, même si celles-ci s’efforcent de s’adapter.
Selon Andreessen, tous les produits sont en train de se transformer (en partie ou en totalité) en software. Que ce soit pour écouter de la musique ou nous réveiller le matin, nous n'utilisons plus des appareils mais des applications logicielles. Idem pour la voiture qu'il faut désormais penser comme du software roulant plutôt que comme un objet composé de métal, de plastique et de verre. Selon PwC, la partie logicielle représentera 60 % de la valeur d'un véhicule d'ici 10 ans.
Conséquence ? Les entreprises ne sont plus des usines, des médias ou des établissements financiers mais des entreprises créatrices de software avec les méthodes de travail et la culture correspondantes.
Les règles du jeu de la concurrence évoluent donc. Sauf stricte réglementation, c’est désormais le meilleur logiciel qui l'emporte et domine le marché.
Dans chaque secteur, la course se joue entre distribution et innovation. D'un côté, les acteurs “historiques” possédant une large base de clients déjà constituée. De l'autre, les "software companies" démarrant de zéro mais bâties dès le départ sur une culture de création et d'innovation permanentes.
Pour Andreessen, la lutte est inégale et la "messe est dite". Secteur après secteur, les nouveaux entrants - proposant de meilleurs logiciels - l'emportent sur les acteurs en place. Car il est plus facile de se créer et de se développer sur la base d’une culture d'innovation "software" plutôt que d’essayer désespérément de s'adapter.
Dans cette bataille, les développeurs constituent une ressource stratégique. La grande majorité d'entre eux ne souhaitent plus travailler pour les acteurs en place car rares sont ceux à qui l'on confie des responsabilités à la hauteur de leur expertise. Dans une entreprise "classique", seuls 5 à 7 % des managers sont ingénieurs informatiques contre 50 à 70 % dans une "software company". Le choix est vite fait…
La leçon à tirer
Quand les règles changent, il est parfois plus facile de bâtir que de rénover...
Pour aller plus loin
Le texte original de l'évangile tech selon Saint Marc (Andreessen)
L’analyse complémentaire : Software is eating the world, but Services are eating software
L’antithèse : Software has stopped eating the world
Merci pour votre attention. Nous vous souhaitons un excellent week-end et vous donnons rendez-vous vendredi prochain !
En attendant, vous pouvez nous retrouver sur notre site Web, et sur Linkedin, Twitter, Facebook ou Instagram !