🔴 7 about... le "workism" et la “sleep economy”
Eh oui, c'est déjà la fin de notre "Best of" d'été. Deux articles pour survivre à la rentrée... et lancer cette nouvelle année !
Le workism
1. Le workism (à ne pas confondre avec le wokism) désigne cette croyance selon laquelle notre travail doit être au centre de notre vie et nous définir en tant que personne, bien au-delà de sa simple fonction économique. Il se distingue du workaholism (l’addiction au travail) qui relève du comportement.
2. Ce terme a été proposé par Derek Thompson, journaliste américain, dans son article Workism Is Making Americans Miserable (The Atlantic, 2019).
Le workism, c’est la pensée que, non seulement le travail est nécessaire à la vie économique, mais qu’en plus il doit être au centre de notre identité et que c’est lui qui donne du sens à nos journées. Cela inclut l’idée que le bien-être humain passe donc nécessairement par davantage de travail — Derek Thompson
3. Cette croyance est d’autant plus renforcée que les jeunes élèves au moment de choisir une formation entendent de plus en plus souvent cette injonction de choisir un “métier de passion”. Une étude du Pew Research Center montre que 95 % des adolescents américains considèrent qu’avoir un métier qu’ils aimeraient, est extrêmement ou très important pour eux.
Choisis un travail que tu aimes, et tu n’auras pas à travailler un seul jour dans ta vie.
Confucius
4. Le workism conduit à confondre la vie professionnelle et la vie “tout court”. Le paradoxe ? Alors que la durée du travail baisse depuis 1950, le workism s’étend et le travail prend de plus en plus d’importance dans la perception de soi.
5. Le temps de travail moyen annuel dans les pays de l'OCDE était de 1 687 heures en 2020 (2 237 heures au Mexique et 2 163 heures en Corée du Sud).
6. En Europe, le temps de travail ne cesse de diminuer : par exemple, en Allemagne et aux Pays-Bas, le volume horaire par employé a baissé de 40 % entre 1950 et 2012. Nous travaillons en moyenne environ 1 400 heures par an.
7. Reste à savoir comment sont comptées ces heures. Les “heures supplémentaires” des cadres sont rarement prises en compte. Par ailleurs, les entrepreneurs, free-lanceet autres professions libérales sont les premières victimes du workism car ils subissent la pression incessante du pire des patrons : eux-mêmes… sans parler du regard des autres.
La leçon à tirer
Il ne faudrait pas mélanger les choux et les carottes, un simple job et le sens de la vie…
Pour aller plus loin
"Workism" : identité et travail, la pandémie a-t-elle rompu le lien ? | Welcome to the Jungle
Soixante ans de réduction du temps de travail dans le monde - Insee Première - 1273
La “sleep economy”
1. La sleep economy désigne tous les services, produits et applications conçus pour améliorer notre sommeil, en quantité comme en qualité. Le marché mondial de la sleep economy devrait s’élever à 585 milliards de dollars en 2024, soit une croissance de plus de 6 % par an depuis 2019 (source Statista).
2. L’essor de la sleep economy bénéficie du regard nouveau que nous portons sur le sommeil. Peu dormir a longtemps été considéré comme un facteur de réussite (hello, les winners insomniaques des années 80 qui ont réussi à survivre !). Aujourd’hui, la tendance s’est inversée : le sommeil est à la mode. Il est même devenu un signe de succès et un symbole de statut social.
3. Ainsi, stars et milliardaires partagent désormais leur routine de repos et affichent avec fierté leur “score” de sommeil. Quelques exemples célèbres :
Ellen deGeneres : 8 heures de sommeil, de 23h à 7h
Jeff Bezos et Bill Gates : 7 heures chacun. Jeff se couche à minuit, Bill à 22h
Elon Musk : 6 heures, de 1h à 7h du matin
Exception à la règle : Donald Trump qui ne dormirait que 3 heures par nuit (coucher à 1h du matin, réveil à 4h). De là à en tirer des conclusions…
4. La cause de ce regain d'intérêt ? Nous subissons une véritable épidémie de manque de sommeil : plus d’un tiers des adultes américains dorment moins de 7 heures par nuit en moyenne (source CDC). Or, dormir moins de 7 heures en moyenne accroît les risques d’obésité, de diabète, d’accident cardio-vasculaire, de dépression…
5. Un sommeil insuffisant est également considéré comme étant à l’origine du manque d’efficacité au travail et du manque de concentration, altérant d’autant notre capacité à établir des priorités et à prendre des décisions.
“Every major mistake I made in my life had happened as a result of sleep deprivation”. Bill Clinton
Selon l’étude de RAND Corporation, les troubles du sommeil seraient même responsables d’une baisse du PNB de 1,35 à 2,92 % au sein des pays de l’OCDE.
6. Le manque de sommeil des employés a été officiellement reconnu comme l’une des causes ayant conduit à des catastrophes majeures, telles que l’explosion de Tchernobyl (1986), l’accident nucléaire de Three Miles Island (1979) ou la désintégration de la navette spatiale Challenger (1986).
7. Une étude sur les violonistes, rendue célèbre par Malcolm Gladwell, a démontré que le sommeil était le second facteur (après les heures de pratique) expliquant l’écart entre les bons violonistes et les virtuoses, ces derniers dormant en moyenne 8,6 heures par jour, soit une heure de plus que leurs malheureux comparses.
La leçon à tirer
Si seulement on nous avait dit plus tôt que, pour réussir, il suffisait de dormir !
Pour aller plus loin
Sleep deprivation affects fertility, memory and even your immune response after your vaccine - Big Think
The Sleep routines of successful people - Andrew Merle
The role of Sleep deprivation in the world’s worst disasters - Pronapers
La chanson à (ré)écouter : I go to sleep - The Pretenders