🔴 7 about... l’effet Bandwagon, Maven et la FemTech, et le “perfectionnisme à la parisienne”
L’effet Bandwagon
1. L’effet Bandwagon est un biais cognitif nous conduisant à adopter des comportements ou des croyances pour la simple raison que d’autres personnes les ont déjà adoptées. On peut désigner ce phénomène par une multitude d’autres termes : l’effet de mode, l'effet d'entraînement, l’effet boule de neige, l’effet de contagion, l’effet de vague, l’effet de groupe, etc. Bref, tout ce qu’adorent les moutons de Panurge.
2. Ce biais constitue un raccourci mental bien pratique lorsque nous manquons de temps ou d’informations pour faire un choix. Que ce soit consciemment ou non, nous choisissons de nous en remettre au jugement des autres, en supposant qu’ils sont mieux informés (ou plus intelligents) que nous. Rapide mais risqué.
C'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir tort qu'ils ont raison.
Coluche
3. Nous sommes également tentés de faire preuve de conformisme, voire de mimétisme, dans le but de nous intégrer à un groupe social et d’en obtenir l’approbation. Parfois au prix de notre esprit critique et de notre rationalité. Cette tendance a été démontrée par le psychologue Solomon Asch dans une étude publiée en 1951 : les participants se ralliaient à l’avis donné par les personnes les précédant, en contradiction flagrante avec ce qu’ils pouvaient réellement percevoir.
4. Enfin, dernière motivation : le désir, même inconscient, d’être dans le camp des vainqueurs car s’opposer à l’opinion dominante peut être perçu comme négatif, désavantageux, voire dangereux.
5. Cet effet peut avoir des conséquences parfois dramatiques :
les effets de foule (lynchages, bousculades, etc.)
les bulles (on investit dans des actions ou des maisons de campagne parce que “tout le monde le fait”)
des décisions inadaptées à notre situation individuelle
la négation de nos propres idées ou désirs
6. Ce biais joue aussi dans le domaine politique. En effet, des études ont démontré que les sondages (mesures de popularité) ont une forte influence sur le choix des électeurs, ceux-ci souhaitant apporter leur vote à un candidat susceptible de gagner, donc déjà choisi par un grand nombre de personnes. Lorsqu’aucun sondage n’est disponible, les électeurs prennent leur décision en fonction des informations dont ils disposent sur le candidat et son programme, et non de l’opinion d’autres personnes. Bien sûr, cela concerne surtout les “indécis”... ceux-là même qui font basculer une élection !
7. Comment résister ? En prenant son temps avant de décider, en “s’éloignant” de la foule pour éviter la pression, en s’efforçant de considérer d’autres options que celles choisies par la majorité.
La leçon à retenir
On peut aussi utiliser cet effet de façon positive…
Pour aller plus loin
Le livre : Influence: The Psychology of Persuasion- : Cialdini PhD, Robert B
L’article scientifique : The Bandwagons of Medicine
L’article sur l’expérience de Solomon Ash : Effects of group pressure upon the modification and distortion of judgments.
La vidéo sur l’expérience de Solomon Asch : Psychologie sociale: l'experience de Solomon Asch sur le conformisme
Notre article pour les rebelles: Le JOMO (Joy of Missing Out) - 7about.fr
Maven et la FemTech
1. Maven est une plateforme américaine dédiée à la santé des femmes et, par extension, de la famille : fertilité, interruption de grossesse, procréation médicalement assistée, grossesse, maternité, pédiatrie, adoption, ménopause, etc.
Les États-Unis ont le taux de mortalité maternelle le plus élevé du monde industrialisé. De plus, les disparités raciales restent fortes dans les domaines de la fertilité, de la maternité et des soins pédiatriques.
2. Venant en complément des programmes d’assurance santé privés, cette clinique virtuelle propose notamment des téléconsultations gratuites, avec des horaires étendus, dans plus de 30 spécialités.
3. Cette plateforme couvre environ 15 millions de bénéficiaires dans 175 pays (30 langues) via 500 employeurs l’ayant incluse dans leurs avantages sociaux.
4. Maven a été fondée en 2014 à New York par Kate Ryder, une ancienne journaliste (The Economist, The Wall Street Journal) après un passage par le capital risque. Son objectif était de mieux protéger la santé des femmes à toutes les étapes de leur vie.
5. Valorisée à 1,35 milliard de dollars en novembre 2022, Maven est devenue la première licorne dans le secteur de la FemTech (contraction de female technology).
6. “La Femtech désigne l'ensemble des technologies, produits et services innovants dédiés à la santé des femmes : fertilité, contraception, cycles menstruels, bien-être sexuel, ménopause, etc.”, selon l’association FemTech France. Il s’agit aussi de compenser la sous-représentation des femmes dans les essais cliniques et le manque d’intérêt suscité par les pathologies qui leur sont propres.
7. Le secteur de la Femtech devrait atteindre une valeur de plus de 1,186 “trillion” de dollars (1,186 milliard de milliards) d'ici 2027.
La leçon à retenir
Le corps des femmes connaît un grand nombre de changements et de “chocs” au cours de la vie. Il serait temps de s’occuper pleinement de cette complexité. “Parce que nous valons plus que des rouges à lèvres !”
Pour aller plus loin
Le “perfectionnisme à la parisienne”
1. Le perfectionnisme consiste à vouloir se présenter aux autres (ou à soi-même) comme étant une personne parfaite. Et les “Parisiens” (symboliques) figureraient parmi les champions du monde de cette catégorie !
2. C’est du moins le constat que dresse Katherine Morgan Schafler, ancienne psychanalyste en résidence chez Google, dans son livre The Perfectionist's Guide to Losing Control. Après plusieurs années de travail avec des profils de haut niveau à New York et en Californie, elle a identifié cinq formes de perfectionnisme dont le “perfectionnisme à la parisienne”.
3. Ce type de perfectionnisme se distingue par l’obligation de plaire à son entourage (”people pleaser”), l’espoir d’être apprécié en retour, et surtout, par ce qui nous rend unique : notre volonté de faire croire que toute cette perfection ne demande aucun effort !
“Moi, parfaite ? Ah bon, vraiment ? Mais je suis né(e) comme ça !”
Or, si le perfectionnisme n’est pas l’apanage des “Parisiens”, nous serions en revanche les seuls à être sommés d’atteindre la perfection sans effort apparent. A l’inverse, les Japonais, pourtant réputés pour être les plus perfectionnistes au monde, valorisent les efforts déployés pour atteindre cette divine perfection.
4. Le “perfectionnisme à la parisienne” côtoie quatre autres types universels de perfectionnismes.
Le perfectionnisme intense : la recherche du succès à tout prix en maximisant ses efforts.
Le perfectionnisme classique, la forme la plus connue : l’atteinte de la perfection par l’extrême organisation et la volonté de maîtriser son environnement.
Le perfectionnisme velléitaire (procastinator perfectionist) : la personne attend que les conditions soient idéales pour passer à l’action, et reste à attendre, attendre…
Le perfectionnisme brouillon : très enthousiaste au démarrage d’un projet, la personne a du mal à gérer la suite, loin d’être à la hauteur de son désir de perfection.
5. Le “perfectionnisme à la parisienne” fait des merveilles dans la vie sociale car il procure une sorte de “joie” typique de l’art de vivre à la française. Revers de la médaille : il laisse souvent peu de place à l’épanouissement personnel. Pour éviter les conflits (puisqu’il faut plaire aux autres), le perfectionniste s’effacera devant l’opinion du groupe lorsqu’une décision doit être prise, quitte à renoncer à ses propres envies.
6. Poussée à l’extrême, cette volonté de privilégier les relations interpersonnelles peut devenir toxique. Pour se protéger, le perfectionniste parisien devra apprendre à davantage affirmer ses envies et surtout exprimer ses attentes vis-à-vis de son entourage.
7. Le “perfectionisme à la parisienne” ne doit pas être pris à la légère. Selon les études de Thomas Curran, professeur à la London School of Economics, le perfectionnisme a augmenté d’un tiers entre 1989 et 2016 aux Etats-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. Pour Thomas Curran, c’est justement le “socially prescribed perfectionism” (la traduction scientifique du “perfectionnisme parisien”) qui serait responsable de cette croissance continue de la recherche de perfection. Un phénomène accru chez les jeunes générations.
La leçon à tirer
Allez expliquer à une Américaine que ”non, vraiment, c’est inconcevable” d’aller chercher son pain (ou un café pour s’adapter aux mœurs locaux) sans être maquillée, coiffée, voire juchée sur des talons quand c’est la mode… “Et si on croisait la gardienne ?”
Pour aller plus loin
L’article Perfectionism, a bad thing? - Financial Times
Le livre The perfection trap de Thomas Curran
Le test Get your perfectionist profile de Katherine Morgan Schafler
La vidéo What kind of perfectionist are you?
La série Emily in Paris, le perfectionnisme parisien vu par Hollywood