7 about... l'effet Barnum, le nowcasting et les déchets électroniques
L’effet Barnum
1. L’effet Barnum, également appelé effet Forer, est ce biais cognitif par lequel une personne va considérer comme s’appliquant spécifiquement à elle-même, une description générale et floue de traits de personnalité, surtout si elle est positive.
2. Un exemple parfait de l’effet Barnum : l'horoscope. Qui n’a jamais lu son horoscope en se disant que cela lui correspondait ? Pourtant, par définition, ce texte délibérément vague s’applique à des centaines, des milliers d’individus différents… Les cartomanciens, numérologues, graphologues et autres mentalistes utilisent abondamment cet effet.
3. Attribuée au psychologue américain Paul Meehl (1920-2003), l’expression effet Barnum fait référence à Phineas Taylor Barnum (1810-1891), fondateur du célèbre cirque du même nom et auteur d'un numéro - la lecture à froid - consistant à “révéler” la personnalité d’un spectateur, en n’exprimant que de simples généralités. Le spectateur va guider par ses réactions la suite des “révélations”.
4. Cet effet a été décrit en 1948 par le psychologue Bertram Forer (1914-2000) : après avoir fait passer des tests de personnalité à ses étudiants, il leur a remis leurs “résultats personnels”, en réalité un seul et même texte compilant des généralités issus d’horoscopes. Les étudiants ont considéré cette description comme étant très proche de leur personnalité !
5. Cet effet fonctionne car nous avons tendance à considérer comme exactes des informations dès lors qu’elles ont un lien, même ténu, avec nous, surtout si elles sont positives à notre égard. En clair, nous validons les compliments et rejetons les critiques. Etonnant ?
6. Être conscient de ce biais permet d’être moins influençable et de cultiver son esprit critique, surtout envers les pseudo-sciences.
7. Enfin, il s’agit de ne pas être dupe de ces scénarios marketing mettant en avant une personnalisation “imaginaire”. Quelques exemples au hasard : les suggestions Netflix, Spotify, Facebook…
La leçon à retenir
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute.
Jean de La Fontaine
Pour aller plus loin
Le nowcasting ou comment prédire le présent
1. Le nowcasting est la contraction de now (maintenant) et de forecasting (prévision), car nous ne parlons pas ici de prévision mais bien de vision du présent, incluant le passé et le futur très proches. Initialement réservé à la météo, le nowcasting s’applique désormais à l’économie.
“Alors si maintenant on prévoit le présent, mais où allons-nous, ma bonne dame ?”
2. Non, ce n’est pas si absurde que ça… En ces temps marqués par les black swans, gray rhinos et autres événements imprévus, il devient difficile de se reposer sur des modèles existants. Nous avons besoin de comprendre pratiquement en temps réel comment les comportements et l’économie évoluent.
3. Il s’agit d’analyser et d’interpréter des données macro-économiques en continu, afin de mettre à jour les prévisions de variables clés, par exemple la croissance. Les mesures économiques telles que le PIB sont établies a posteriori après un délai trop long pour permettre d’agir.
4. Le nowcasting s’appuie sur des données pouvant être obtenues rapidement, issues de l’utilisation des téléphones portables, des cartes bancaires, des terminaux points de vente des magasins, ou encore de la consommation d’électricité.
5. Ces données dites à haute fréquence sont notamment utilisées par les banques centrales, pour suivre l’état de l’économie en temps réel et adapter leurs politiques monétaires. Elles permettent également d’estimer rapidement l’inflation, le pouvoir d’achat, le chômage… et influent donc sur les politiques des entreprises et des Etats.
6. Le nowcasting permet aussi de percevoir l’évolution de l’opinion, sur la base des échanges sur les réseaux sociaux, des recherches sur les moteurs de recherche, etc.
7. Fondé sur des algorithmes, le nowcasting est rendu possible par le développement des techniques de machine learning.
La leçon à retenir
Madame Irma va être au chômage…
Pour aller plus loin
L’entreprise Now-Casting
L’article scientifique Nowcasting to Predict Economic Activity in Real Time: The Cases of Belize and El Salvador
Les déchets électroniques ou e-waste
1. Le e-waste (electric and electronic waste) désigne tout ou partie des équipements électriques ou électroniques abandonnés par leurs utilisateurs, qui ne seront ni réparés ni recyclés.
2. Selon le rapport “Global E-waste Monitor 2020” des Nations Unies, ces déchets ont représenté 53,6 millions de tonnes en 2019 - soit en moyenne 7,3 kilos de déchets par habitant de la planète - et devraient atteindre 74,7 millions en 2030 ! Seuls 20 % de ces 53,6 millions de tonnes ont été recyclés.
3. Les équipements électroniques portables constituent une source particulière de déchets car ils échappent aux programmes gouvernementaux de recyclage, qui ciblent en priorité les objets lourds ou volumineux. Selon Gartner, les achats de ce type d’objets auraient doublé depuis 2019. Une nouvelle vague de déchets à venir…
4. Les écouteurs sans fil arrivent en tête du palmarès du gâchis électronique. Selon Statista, 750 millions de paires d’écouteurs sans fil (ainsi que leur boîtier) ont été vendus depuis 2017. D’ici 2026, la quasi-totalité de ces appareils seront hors d’usage puisque leur durée de vie est estimée entre 2 et 5 ans. Soit ils seront cassés, soit leur batterie (non remplaçable) ne fonctionnera plus…
5. Circonstance aggravante : les déchets électroniques contiennent des éléments chimiques toxiques tels que le mercure, le plomb, le béryllium ou des retardateurs de flamme bromés (RFB). Sans traitement, ces polluants finissent dans les sols, les eaux et l’atmosphère.
6. Heureusement, des solutions existent : les 4 R.
Réduire : acheter moins d’appareils électroniques, en prendre soin pour allonger leur durée de vie et ne pas céder à l'attrait de la nouveauté. Votre banquier devrait aussi apprécier...
Réutiliser : donner ou vendre votre matériel au lieu de le jeter.
Réparer : réparer ou faire réparer vos appareils.
Recycler : enfin, en dernier recours, recycler.
7. Les ravages provoqués par les déchets électroniques sur notre environnement remettent en cause notre soif incessante de nouveautés technologiques, particulièrement marquée dans les pays développés.
La leçon à tirer
Il en va des déchets électroniques comme des moustiques : ce sont les plus petits qui font les plus gros dégâts !
Pour aller plus loin
Fairphone, le smartphone éthique
L'article du New York Times Your earbuds are trash
Le rapport des Nations Unies : Global E-waste monitor 2020
Ifixit, la plus grande base de données gratuite de réparation de produits électroniques et électriques