🔴 7 about... l’effet de primauté, la Solein et les Green swans
L’effet de primauté
1. L’effet de primauté est un biais cognitif nous conduisant à mémoriser davantage les premières informations qui nous ont été données, au détriment des suivantes.
2. Ce biais a été étudié dès 1946 par Solomon E. Asch, pionnier de la psychologie sociale, notamment dans le cadre d'une expérience sur la formation des impressions. Il a pu constater que l’ordre dans lequel était présentée une série d’adjectifs caractérisant une personne, influençait l'opinion que l’on pouvait en avoir.
Exemple :
Une personne A. intelligente-travailleuse-impulsive-critique-têtue-envieuse
Une personne B. envieuse-têtue-critique-impulsive-travailleuse-intelligente
Laquelle allez-vous engager ? Les adjectifs sont les mêmes mais l’impression créée est différente… Les premiers termes lus déterminent notre opinion.
3. Notre mémoire à long terme stocke plus facilement les premiers éléments d’une liste que la suite, notre attention décroissant au fur et à mesure de l’apport de nouvelles informations. Ce phénomène est d’autant plus fort que nous sommes fatigués ou distraits.
4. L’une des conséquences de ce biais est que nous sommes facilement manipulables (ça, on le savait déjà…). Pour nous faire avoir une bonne opinion d'une personne ou d’un produit, il suffit de nous présenter en premier des informations positives. Notre cerveau sera réticent à traiter par la suite des informations supplémentaires. C'est ce que pratique parfaitement Apple lorsqu’il dévoile en avant-première ses nouveaux produits, lors de présentations dont il a l’entière maîtrise. Ce discours s’inscrira en premier dans notre mémoire à long terme. Les critiques ultérieures trouveront difficilement leur chemin jusqu’à nos cerveaux épuisés.
5. Une autre conséquence, beaucoup plus grave, a été démontrée par l’étude “The Impact of Candidate Name Order on Election Outcomes” de Joanne Miller et Jon Krosnick, chercheurs en psychologie politique : l’ordre dans lequel apparaissent les candidats à une élection, influence le vote d’électeurs peu informés, n’ayant pas encore effectué de choix ferme. Ce n’est pas qu’un détail puisque les voix ainsi acquises peuvent faire basculer des élections serrées.
6. L’effet de primauté a son pendant : l'effet de récence qui nous conduit à stocker dans notre mémoire à court terme (et non à long terme comme dans l’effet de primauté), la dernière information qui nous a été donnée. Il ne fait pas bon être au milieu. Un test simple : essayez de vous souvenir de votre numéro de carte bleue…
7. Enfin, l’effet de primauté renforce l’effet d’ancrage, ce biais cognitif transformant la première information que nous avons reçue, en point de repère. Difficile ensuite de s’en éloigner et de prendre des décisions librement…
La leçon à retenir
Être le premier, ça compte… Demandez à Neil Armstrong.
Pour aller plus loin
The Impact of Candidate Name Order on Election Outcomes - Joanne M. Miller et Jon A. Krosnick
Solein
1. La Solein est une poudre hyperprotéinée issue d’un processus naturel similaire à la fermentation du vin ou de la bière.
2. Cette poudre a été développée par la startup finlandaise Solar Foods qui vient d’obtenir l’autorisation de commercialisation de la part des autorités sanitaires de Singapour. D'autres demandes ont été déposées auprès de l’Union européenne et du Royaume Uni. Fondée en 2017 sur la base d’un projet pilote conjoint avec le Centre de recherche technique de Finlande et l’Université de technologie de Lappeenranta, Solar Foods vient de recevoir 34 millions de subventions de la part de l’Union Européenne pour finaliser ses deux premières usines.
3. La Solein contient 65 à 70 % de protéines, 5 à 8 % de graisse, 10 à 15 % de fibres alimentaires, et 3 à 5 % de minéraux dont du fer, des vitamines B et des caroténoïdes. Sans oublier les neuf acides aminés essentiels nécessaires aux êtres humains : le tryptophane, la lysine, la méthionine, la phénylalanine, la thréonine, la valine, la leucine, l'isoleucine et l'histidine. Pas si mal…
4. La Solein est produite à partir de microbes naturels, non modifiés, que l’on nourrit en leur apportant comme source de carbone et d’énergie, non pas du sucre comme pour le vin, mais de… l’air ! Plus précisément, du dioxyde de carbone (CO2), de l’oxygène et des bulles d’hydrogène relâchées par l’eau sous l’effet de l’électricité (renouvelable).
5. On voit vite les avantages… Pas de sol donc pas d’engrais, pas de pesticides, pas de déforestation. Pas de photosynthèse donc pas de sensibilité aux aléas climatiques. Et, pour nos petits cœurs sensibles, pas d’abattoirs…
6. ”Ok mais, moi, manger de la poudre… jamais !” Il semblerait que cette poudre ait peu de goût et puisse être ajoutée au pain, aux pâtes, aux boissons, et remplacer le lait dans les desserts ou les “fromages”.
7. Selon le rapport 2021 du Boston Consulting Group et de Blue Horizon, les protéines alternatives devraient représenter 11 % des protéines consommées d’ici 2035 pour un marché de 290 milliards de dollars. En 2022, la FoodTech dans son ensemble représentait déjà un marché de 250 milliards d’euros avec plus de 4 000 start-ups.
La leçon à retenir
Le rêve des végétariens et autres végétaliens mais aussi des populations qui souffrent d’une malnutrition chronique… A quand les prochains bouquins de recettes ?
Pour aller plus loin
*** Pssst… Nous ne recevons aucune rémunération de la part des marques que nous citons. The Who - I'm Free
Les Green swans
1. On connaissait déjà les black swans, ces événements hautement improbables, aux conséquences désastreuses et considérés a posteriori comme ayant été prévisibles (hum…). Près de quinze ans plus tard sont nés leurs petits cousins : les green swans.
2. Après avoir préconisé l’évaluation des entreprises sur la base de leur triple performance (sociale, environnementale et économique), John Elkington a poursuivi sa réflexion avec les green swans, ces tendances de fond résolvant des problèmes majeurs tels que la sauvegarde de notre planète.
3. Un green swan est un changement global et collectif affectant positivement l’ensemble de notre société sur le plan économique, environnemental, culturel, technologique, politique… Il ne repose pas sur une personne, une entreprise ou une innovation individuelle, aussi intelligente ou radicale soit-elle.
4. La voiture électrique est un parfait green swan : après des débuts extrêmement lents, la tendance est devenue exponentielle, bouleversant l’industrie automobile, générant des effets positifs économiques, sociaux et environnementaux. Et personne ne peut se targuer d’être un green swan à lui tout seul, même pas Elon Musk. Aucune entreprise non plus (pfff… même pas Tesla).
5. Les green swans se développent en cinq étapes (5 R) :
Rejection - “On” pense qu’un changement donné est impossible.
Exemple : “personne ne voudra abandonner sa bonne vieille voiture pétaradante (ah, le plaisir de conduire…)”.
Responsibility - Quelques leaders prennent conscience des changements nécessaires et commencent à agir.
Exemple : Elon Musk crée Tesla car peu de constructeurs sont intéressés par les voitures électriques.
Replication - Ca commence à frémir : d’autres acteurs se lancent.
Exemple : Certains constructeurs traditionnels commercialisent quelques modèles électriques.
Resilience - La tendance de fond doit être protégée pour qu’elle puisse se généraliser.
Exemple : Il faut développer les infrastructures de recharge des véhicules électriques.
Regeneration - Devenue générale, la tendance produit des effets positifs et durables sur notre environnement, conduisant idéalement à une régénération des ressources.
Exemple : la voiture électrique n’a pas encore atteint cette étape.
6. Contrairement aux black swans qui nous “tombent dessus”, les green swans sont le fruit d’efforts volontaires, constants et réfléchis pour concevoir des solutions protégeant l’environnement et les populations (prospérité économique incluse).
7. “Et moi, qu’est-ce que je peux faire ?”. Selon John Elkington, nous ne sommes que bien peu de choses individuellement. En revanche, si nous collaborons, nous pouvons créer de nouvelles structures, de nouveaux “business models”, des politiques innovantes… et là tout devient possible.
La leçon à en tirer
Enfin, quelque chose de positif !