7 about... les braqueurs de crypto-monnaies, l’empathie tactique et la loi de Metcalfe
La Corée du Nord et les braqueurs de crypto-monnaies
1. La Corée du Nord est connue pour sa lignée familiale de dictateurs, son régime totalitaire extrême et ses tirs de missiles balistiques. On connaît moins bien une autre spécialité du pays : le vol de crypto-monnaies à grande échelle.
2. Pour la seule année 2021, les hackers soutenus par la Corée du Nord ont lancé au moins sept attaques d'envergure sur des plateformes de crypto-monnaies. Le butin ainsi constitué représente une valeur de près 400 millions de dollars (source : Crypto crime report), soit une augmentation de 100 millions par rapport à 2020.
3. Sur les cinq dernières années, le montant total des vols attribués à la Corée du Nord atteint 1,5 milliard de dollars.
4. Le financement de ses missiles. Sans surprise, les sommes recueillies servent à financer les programmes nucléaires et les missiles balistiques de Pyongyang. Selon la CIA, la Corée du Nord compte parmi les douze pays les plus pauvres du monde, avec un PIB de 1 700 dollars par habitant. Difficile donc de financer de tels programmes avec les seules ressources légales.
5. Le groupe Lazarus et les services secrets nord-coréens. Le groupe de hackers nord-coréens Lazarus est soupçonné d’être à l’origine de ces vols. Déjà connu pour les attaques perpétrées contre Sony Pictures en 2014, Lazarus serait proche du RGB, les services secrets nord-coréens. Selon Mandiant, l’une des références en matière de cybersécurité, Lazarus se serait depuis spécialisé dans le vol de crypto-monnaies, avec le soutien du régime nord-coréen qui en aurait fait l’une de ses priorités.
6. Le virage vers l’Ethereum. Les fins limiers de la cybersécurité ont noté que le Bitcoin n’est plus leur monnaie de prédilection. S’adaptant aux évolutions des crypto-monnaies, ce groupe opte désormais pour l’Ethereum qui représenterait 58 % des monnaies dérobées contre seulement 20 % pour le Bitcoin.
7. L’ampleur des vols de crypto-monnaies. La Corée du Nord ne possède pas le monopole en la matière. En 2020, les vols de crypto-monnaies ont augmenté de 516 % (!) pour une valeur totale de 3,2 milliards de dollars (source : Chainalysis).
La leçon à tirer
Ce pays nous étonnera toujours…
Pour aller plus loin
Le podcast de la BBC : The Lazarus Heist
Le classique à voir ou à revoir sur la Corée du Nord : The Mandchourian Candidate
Mandiant, le spécialiste mondial de la Cybersécurité
L’empathie tactique
1. Dans le cadre d’une négociation, l’empathie tactique désigne la capacité à comprendre les émotions d’une personne afin de construire une relation de confiance et de les influencer pour obtenir ce que vous souhaitez.
2. Il ne faut pas confondre empathie et sympathie. L’empathie est, selon le Larousse, la faculté intuitive de se mettre à la place d'autrui et de percevoir ce qu'il ressent. La sympathie est la faculté de partager les joies et les douleurs des autres, ce qui représente une implication émotionnelle.
« La beauté de l'empathie est qu'elle n'exige pas que vous soyez d'accord avec les idées de l'autre personne. » Chris Voss
3. Le concept d’empathie tactique a été développé par Chris Voss, ancien négociateur du FBI spécialisé dans les prises d’otages et auteur du bestseller Never split the difference. Outre la détection des émotions, l’empathie tactique comprend plusieurs techniques dont le labelling (l’étiquetage des émotions), le mirroring (l’effet miroir) et le silence dynamique.
4. Le labelling. Il s’agit ici de mettre des mots sur une émotion, ce qui aura deux effets :
Vous montrez à votre interlocuteur que vous l’avez compris.
En nommant cette émotion, vous la renforcez si elle est positive et vous l’atténuez si elle est négative.
Comment faire ? Reformulez en utilisant des expressions telles que “il semblerait que”, “on dirait que… c’est important pour vous”... Cela donne en outre à votre interlocuteur la possibilité de confirmer ou d’infirmer ce que vous avez cru comprendre : vous obtenez ainsi de nouvelles informations qui vous seront utiles dans votre négociation.
5. Le mirroring. Vous répétez - sur un ton légèrement interrogatif - les quelques derniers mots (3 à 5) que votre interlocuteur vient de prononcer. Cette technique toute bête l’invite à vous donner de précieuses informations sur ses intentions, sans même s’en rendre compte.
6. Le silence dynamique. Les gens ont horreur du vide… et du silence qu’ils s’empressent de remplir en vous donnant des informations ou en faisant des concessions que vous n'espériez même pas. Cela peut paraître contre-intuitif mais le silence est une redoutable arme de négociation. Si le silence vous met vous-même mal à l’aise, comptez lentement dans votre tête : il est probable que vous n’arriviez pas jusqu’à dix…
7. A quoi ça peut nous servir ? Certes, nous ne sommes pas des négociateurs du FBI mais nous avons tous des choses, petites ou grandes, à négocier un jour ou l’autre : notre salaire, un achat immobilier, un surclassement, une réparation gratuite, une meilleure table au restaurant, que notre ado range sa chambre (certainement le cas le plus difficile)…
La leçon à tirer
On est bien loin des cow-boys façon Clint Eastwood, période Dirty Harry… et ça fait du bien !
Pour aller plus loin
La loi de Metcalfe
1. La loi de Metcalfe est une loi empirique énonçant que « l’utilité d’un réseau est proportionnelle au carré du nombre de ses utilisateurs (N²) ». En clair, plus un réseau compte d’utilisateurs, plus ce réseau aura de la valeur. Effectivement, si on est la seule personne à avoir un téléphone sur la planète, ça présente assez peu d’intérêt. Si on est deux, c’est déjà mieux. Si on est des dizaines, le nombre de connexions possibles devient intéressant.
2. Son auteur, Robert Metcalfe, est l’inventeur d'Ethernet (protocole de réseau local) et le fondateur de la société 3Com. Diplômé d’Harvard et du MIT, il a cependant commis quelques prédictions pas tout à fait exactes mais finalement assez drôles, telles que l’échec de l’open source, des réseaux sans fil et d’Internet. On ne peut pas avoir raison sur tout !
3. Cette loi explique les effets de réseau : l’utilisation d’un bien ou d’un service par de nouveaux utilisateurs accroît sa valeur pour les utilisateurs existants et à venir. Quelques exemples : les crypto-monnaies, les réseaux sociaux, les logiciels développés pour un système d’exploitation…
4. Il existe trois types d’effets de réseau :
Effets directs : la valeur du service dépend du nombre d’utilisateurs. Exemple : les réseaux sociaux.
Effets indirects : la valeur du service dépend du nombre de services ou produits complémentaires. Exemple : les applications développées pour un système d’exploitation spécifique.
Effets croisés : la valeur du service dépend du nombre d’utilisateurs dans deux catégories complémentaires. Exemple : les places de marché sur Internet de type Vinted, les sites de rencontre…
5. Les effets de réseau peuvent permettre de contrôler et verrouiller un marché, et mener à une hyper-concentration. En effet, disposer d’un large réseau constitue une solide barrière d’entrée pour se protéger de nouvelles entreprises.
6. L’enjeu est de recruter rapidement assez d’utilisateurs pour atteindre la masse critique, ce point de bascule (tipping point) à partir duquel la croissance va s’auto-alimenter naturellement.
7. Le danger toutefois est que le nombre d’utilisateurs croisse au-delà des capacités du produit ou du service, devenant ainsi insatisfaisant. Les utilisateurs vont s’en détourner, ce qui le rend de moins en moins intéressant pour les utilisateurs restants, et ainsi de suite... ce qui permettra à un nouveau service d’émerger en constituant son propre réseau.
La leçon à en tirer
Les réseaux : la nouvelle ruée vers l’or…
Pour aller plus loin
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