7 about... les “kimchi problems” de Ben Horowitz, Polywork, le nouveau LinkedIn, et la géopolitique des métaux de la transition énergétique
Les “kimchi problems” de Ben Horowitz
1 Le kimchi est ce mets coréen très populaire composé de légumes marinés et pimentés. En Corée, il n’y a pas un repas sans pot de kimchi posé sur la table. Mais, attention, plus vous vous rapprochez du fond du pot et plus le kimchi est pimenté !
2 Co-fondateur du célèbre fonds de capital-risque A16z, l’entrepreneur et auteur Ben Horowitz a adapté cette maxime coréenne au monde de l’entreprise :
“The deeper you bury it, the hotter it gets.”
Le message est clair : plus vous enterrerez un problème, plus brûlant il deviendra.
3. Tout dirigeant d’entreprise est un jour confronté à cette situation. Bien sûr, il sait qu’il y a un problème mais ne parvient pas à l'affronter : manque de temps, évitement des conflits, découragement face à l’ampleur de la tâche, etc.
4. Pourtant, un problème enterré non seulement ne disparaît pas mais au contraire devient une véritable bombe à retardement. Face à un environnement qui change rapidement, cela ne pardonne pas...
“Kimchi problems are those that get hotter and hotter until they burn down the organization.”
Ben Horowitz
5. Alors que faire ?
Admettre qu’il y a un problème et accepter de l’affronter.
Dissocier les personnes du problème lui-même. Sinon votre jugement sera faussé : vous serez victime de vos préjugés, positifs ou négatifs.
Prendre le temps d’analyser les causes de ce problème.
Alors, seulement, vous serez en mesure de le résoudre… et d’éteindre le feu qui couve !
6. Les “kimchi problems” remettent en cause la culture de la solution, si largement répandue dans les entreprises traditionnelles. Pourtant, aujourd’hui, les entreprises les plus innovantes (et les plus performantes) sont celles qui ont adopté la culture du problème car c’est l’analyse en profondeur qui fait avancer, et non la solution “toute faite”.
7. La culture du “problem solving” s’inscrit dans un nouveau modèle de carrière. Devenir un manager taylorien ne séduit plus. La star de l’entreprise, c’est désormais le “problem solver” qui sait identifier et faire travailler ensemble les talents à même de résoudre les problématiques les plus complexes, et non celui qui dispose du plus gros budget ou de la plus grosse équipe…
La leçon à retenir
Apportez-moi des problèmes, pas des solutions...
Pour aller plus loin
Comment devenir un Strategic Problem Solver, selon Google
Polywork, le nouveau LinkedIn ?
1. Polywork ambitionne de détrôner LinkedIn comme réseau social professionnel de référence. Même si LinkedIn revendique plus de 756 millions d'utilisateurs et 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires, Polywork estime que le réseau leader est désormais vieillissant. Créé en 2002, Linkedin va bientôt fêter ses 20 ans, une éternité dans le monde de la tech.
2. Peter Johnston, le fondateur de Polywork, n'y va pas par quatre chemins. Selon lui, LinkedIn est avant tout une base de CV format XXème siècle, qui ne dit rien des qualités réelles d’une personne car il faut entrer dans des cases imposées plutôt que de mettre en avant sa personnalité.
“Our pitch is basically reframing what LinkedIn is trying to do. Like, how useful is a CV with a list of skills, really? To me it’s not about what skills you have, but about what you actually do with them.”
3. Polywork compte bien exploiter les failles qu'il a décelées dans la cuirasse de LinkedIn, en proposant de reprendre le contrôle de son identité.
Un profilmulti-facette : Les profils PolyWork intègrent vos différentes activités professionnelles et personnelles, en ajoutant des badges pour mieux définir qui vous êtes réellement.
Pas de Like : Polywork vous épargne le stress du nombre de Likes après chaque publication et la tyrannie du concours de popularité.
Moins de nuisances : Polywork limite les sollicitations non souhaitées de personnes que vous ne connaissez pas mais qui vous recommandent pour des qualités que vous ignoriez avoir...
4. Lancé en avril 2020, Polywork a opté pour une politique de recrutement par invitation, s'inscrivant dans la stratégie de cooptation et de “peur de rater quelque chose”, qui a fait le succès de ClubHouse notamment. Donc, pour vous inscrire à Polywork, soit vous disposez du sésame de la recommandation d'un de vos contacts déjà membre, soit vous vous inscrivez sur la liste d'attente, riche de 25 000 personnes à ce jour...
5. Le talent et le cash n'attendant pas le nombre des années, Polywork vient de lever 13 millions de dollars pour poursuivre sa croissance explosive. Mais, au-delà des chiffres, c'est surtout le casting des investisseurs qui impressionne. On y retrouve tout le gratin de la Silicon Valley : le fonds "iconique" A16Z mais aussi les frères Collison, fondateurs de Stripe, l’un des cofondateurs d'Instagram et même Ari Emanuel, l'agent star des stars d'Hollywood.
6. Près de 2 ans après le début de la pandémie et des confinements, d’après une étude de Monster, nous serions près de 95 % à penser à changer d'emploi ! Du ras-le-bol du télétravail à l'envie de passer à autre chose, les motivations ne manquent pas. Un timing parfait pour Polywork...
7. Les “polyworkers” mènent plusieurs emplois ou projets en parallèle. Cette tendance à la multi-carrière est de plus en plus répandue, surtout chez les millenials qui y voient un signe de liberté. Un état d'esprit plutôt compliqué à valoriser sur LinkedIn et un boulevard pour Polywork !
La leçon à tirer
Non seulement nous ne sommes pas des numéros mais nous ne sommes pas non plus que des CV : nous sommes des personnalités riches de nos activités professionnelles ET personnelles !
Pour aller plus loin
Reprendre le contrôle sur Facebook et Instagram
Génération Slasheur.se
La géopolitique des métaux de la transition énergétique
Pour réussir sa transition énergétique, notre économie va devoir passer de “l’or noir” à “l’or blanc” (le lithium) ainsi qu’à d’autres métaux de plus en plus “critiques”… Une nouvelle géopolitique se dessine.
1. Les batteries, les éoliennes, les panneaux solaires photovoltaïques... sont fabriqués avec des métaux tels que le lithium, le cuivre, le cobalt, le nickel, le graphite, et des terres rares telles que le néodyme, le dysprosium et le bore, soit26 matériaux considérés comme stratégiques par la Commission européenne.
2. La demande est en forte hausse...
La demande en cobalt liée aux batteries a augmenté de 10 % par an entre 2013 et 2020, et augmentera probablement de 30 % par an d’ici 2025 (source : Cobalt Institute).
La demande en lithium et cobalt - toutes technologies confondues - triplerait entre 2030 et 2050, et celle en dysprosium et néodyme doublerait (source : Commission européenne).
La demande en lithium, uniquement pour les batteries de véhicules électriques, devrait être multipliée par 70 dans les décennies à venir (source : International Energy Agency).
… en raison de technologies plus “gourmandes”.
Un véhicule électrique utilise 6 fois plus de ressources minérales qu’une voiture à énergie fossile.
Une ferme d’éoliennes offshore utilise 9 fois plus de ressources minérales qu’une usine à gaz de taille comparable.
3. Face à cette demande accrue, certains investisseurs anticipent un nouveau supercycle des matières premières (hausse durable des prix). Les levées de fonds se multiplient pour développer de nouvelles mines ou créer des fonds d’investissement spécialisés (Vision blue par exemple).
“It’s a gold rush on steroids.”
Simon Moores, managing director of Benchmark Mineral Intelligence
4. L’offre est aujourd’hui insuffisante. La pénurie menace, le risque étant un ralentissement de la transition écologique.
5. De nouveaux enjeux géopolitiques. L’extraction et la production de ces matériaux sont concentrées dans quelques pays qui occupent de ce fait un nouveau rôle dans le concert des nations. La question de la sécurité de l’approvisionnement et de la dépendance se pose, notamment pour l’Union européenne, envers la Chine mais aussi l’Amérique latine et l’Afrique.
6. L’extraction et la production de ces matériaux peuvent avoir des répercussions négatives importantes.
Un impact environnemental
utilisation de grands volumes d’eau dans des régions soumises à un stress hydrique (Chili)
pollution de l’air, de l’eau et des sols
rejets de déchets
destruction de l’environnement naturel
Un impact humain
conditions de travail particulièrement dures dans les mines
recours au travail des enfants (extraction du cobalt)
7. Des solutions sont à l’étude pour prévenir pénuries, dépendance et pollution :
De nouvelles technologies moins dépendantes des minerais (le fabricant chinois SVOLT vient de dévoiler la première batterie sans cobalt).
De nouveaux procédés métallurgiques augmentant les rendements d’extraction.
Enfin, un meilleur recyclage : le lithium, l’aluminium, le cobalt et le cuivre peuvent être collectés et recyclés. Aujourd'hui, 65 % des batteries lithium, en moyenne, sont recyclées.
La leçon à retenir
L’énergie la plus propre est toujours celle qu’on ne consomme pas…
Pour aller plus loin
IEA - The Role of Critical Minerals in Clean Energy Transitions
Zoom sur les métaux contenus dans les piles et batteries
World's first cobalt-free EV batteries finally launched — here's…
Les matériaux : un enjeu critique de la transition énergétique
Investors see ‘gold rush on steroids’ for green battery metals
Le livre de Guillaume Pitron : La guerre des métaux rares
Merci pour votre attention. Nous vous souhaitons un excellent week-end et vous donnons rendez-vous vendredi prochain !
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