7 about... les petites victoires, FigJam et les zones bleues de la longévité
De petites victoires pour de grandes réussites
1. Même (et surtout ?) en temps de crise, il semble plus efficace d’avancer par petites améliorations, cohérentes et constantes, que par grands bouleversements. C’est ce que Karl E. Weick, célèbre théoricien des organisations et professeur de psychologie et sciences de l'organisation à l'Université du Michigan, appelait les small wins, nos petites victoires.
Less is more.
Ludwig Mies van der Rohe
2. Dans son article Small wins: Redefining the scale of social problems paru en 1984 dans la revue American Psychologist, Karl E. Weick relève que les grands problèmes sociaux sont difficiles à appréhender lorsqu’on les considère dans leur globalité. L’échelle utilisée rend l’action difficile, voire impossible, car on reste paralysé devant l’ampleur de la tâche.
People can’t solve problems unless they think they aren’t problems.
Karl E. Weick
3. Puisque tout changement implique du stress, bon ou mauvais, l’enjeu est de trouver la bonne mesure. Si un stress “raisonnable” est dynamisant, un stress trop important devient bloquant : on ne fait plus rien de bon et tout le monde est perdant.
4. La solution ? Découper un problème ou un projet en “petits morceaux” à notre portée. Ces small wins, mis bout à bout, finiront par faire de grandes réussites. Bing Gordon, célèbre créateur de jeux vidéo, entrepreneur et investisseur, appelle ce processus smallifying.
5. Bénéfice secondaire non négligeable : ces petites victoires individuelles donnent du sens à notre action et renforcent la motivation, l’estime de soi… nous incitant à nous investir encore plus.
6. Autre avantage : ces small wins passent le plus souvent inaperçus et attirent peu les détracteurs qui peuvent ruiner notre motivation et les progrès réalisés.
7. Enfin, il est plus visible (et mal vu…) dans une organisation d’échouer à résoudre un problème, que d’ignorer ce même problème. Donc si le problème traité est petit, l’échec potentiel l’est aussi, et le risque sera moindre. On le prendra donc plus facilement. (En outre, personne n’est à l’abri de réussir !). C’est ce que Sim B. Sitkin, professeur à Duke University, a appelé, en hommage à Karl E. Weick, la stratégie des small losses.
La leçon à retenir
C’est quand même plus facile de monter à l’étage supérieur en gravissant les marches d’un escalier qu’en sautant…
Pour en savoir plus
Le livre de James Clear : Un rien peut tout changer | Editions Larousse (Atomic habits)
L’article : The Worth of Small Wins: Teresa Amabile and Steven Kramer on The Progress Principle | AMA
Le livre de Peter Sims : Little Bets - The Book | Peter Sims | Entrepreneur, author, social innovator
FigJam, la preuve du MVP
1. FigJam est un tableau blanc en ligne, collaboratif, permettant aux équipes de réfléchir, créer, tester, itérer, etc. ensemble, dans ce qui ressemble à des réunions certes à distance mais toutefois visuelles et spontanées.
2. FigJam est un petit frère de Figma, la plateforme de prototypage et d’édition de graphiques vectoriels, destinée aux UX / UI designers et aux développeurs, facilitant la création de sites web et d’applications mobiles.
3. Véritable phénomène depuis son lancement en 2016, Figma est désormais utilisé par des millions de clients dont Netflix, AirBNB, Stripe, Zoom et Discord. A l’instar de Google Docs qui s’est substitué à Word, Figma tend à remplacer les logiciels Adobe, Sketch ou InVision.
4. Revenons à FigJam, parfaite illustration du MVP (Minimum Viable Product) dont nous avons parlé dans un article précédent. Dylan Field, co-fondateur de Figma, a passé une bonne partie de la pandémie à étudier les retours, critiques et suggestions des utilisateurs de son produit. Pour répondre à leurs demandes, il a créé FigJam qu’il a lancé très vite en version test ouverte à tous, afin de pouvoir l’améliorer et l’enrichir en fonction des feedbacks reçus.
When you’ve done it enough, it’s almost like the market is going to extract the product out of you.
Dylan Field
5. Avec FigJam, comme dans une session “en vrai” de brainstorming, brainwriting ou idéation, vous partagez vos idées via des post-its, pastilles, tampons, etc. Vous pouvez aussi ajouter des annotations ou des croquis “à main levée”. Même à distance, vous collaborez et vous communiquez spontanément : émojis, messages en direct, appels vocaux, etc.
6. Les fichiers FigJam peuvent ensuite être utilisés dans Figma. Pour démarrer plus facilement, vous pouvez commencer avec les modèles de réflexion proposés.
7. Même si le succès de Figma semble rapide, les deux co-fondateurs, Dylan Field, aujourd’hui âgé de 29 ans, et Evan Wallace, 31 ans, ont testé, pendant des années, différents projets, sans succès. (Oui, ils ont commencé avant d’avoir fini leurs études.). En juin 2021, Figma a levé 200 millions de dollars (série E) auprès de neuf grands investisseurs dont Andreessen Horowitz, pour une valorisation de 10 milliards de dollars.
La leçon à tirer
Bizarre, bizarre… Les clients voudraient donc des produits simples et conviviaux ? Hum, hum, comme c’est bizarre…
Pour aller plus loin
How Figma built FigJam, a whiteboard where 'the humanity shines through'
Le livre : Innovez avec le design thinking - Jean-François Marti
La vidéo à laquelle on ne résiste pas : Bizarre, Vous avez dit bizarre
La chanson qui, sans le savoir, promouvait déjà les MVP : Boris Vian - La java des bombes atomiques
Les zones bleues de la longévité
1. Les zones bleues sont ces régions géographiques où l’on vit beaucoup plus vieux qu’ailleurs et surtout en meilleure santé. Il en existe cinq dans le monde :
- la Barbagia en Sardaigne (Italie)
- l’île d’Icarie (Grèce)
- la péninsule de Nicoya (Costa Rica)
- l’île d’Okinawa (Japon)
- la communauté religieuse d’Adventistes du septième jour de Loma Linda (Californie)
2. La première zone bleue a été identifiée dans le cadre d’une étude menée dès 1999 par le médecin sarde Gianni Pes et le démographe belge Michel Poulain. Prudents, ces chercheurs ont commencé par effectuer une stricte validation de l’âge réel de chaque centenaire résidant dans ces régions sardes où l’on vit particulièrement vieux. Ils ont ensuite créé un nouvel indicateur de longévité, le Extreme longevity index (ELI), à savoir le pourcentage de nouveaux-nés devenus centenaires, pour une période et un lieu donnés. C’est en entourant au marqueur bleu la zone où se trouvaient les villages dans lesquels le plus grand nombre de centenaires étaient nés, qu’est apparue la première zone bleue.
3. Cette étude a mis en évidence les facteurs pouvant expliquer ce phénomène :
caractéristiques génétiques communes
mêmes conditions de vie depuis l’enfance
mêmes traditions
même alimentation à base de produits locaux
même environnement à la fois physique et humain
4. Le concept de zone bleue a ensuite été étendu grâce à l’article The secrets of Long Life du journaliste américain Dan Buettner, comparant trois zones de longévité exceptionnelle : Okinawa, la Sardaigne et la communauté des Adventistes de Loma Linda en Californie.
5. Poursuivant ses recherches avec le livre Blue zones - Où vit-on mieux et le plus longtemps ? et le site Bluezones, Dan Buettner a établi une liste de 9 principes (non validés scientifiquement) favorisant la longévité :
- Move naturally : favoriser l’activité physique naturelle et non l’activité physique artificielle et forcée.
- Know your purpose : avoir un plan de vie que l’on puisse exprimer en se levant chaque matin.
- Down shift : prendre le temps chaque jour pour méditer, faire la sieste, prier ou prendre du bon temps avec des amis.
- 80 % rule : manger avec sagesse et s’arrêter de manger lorsque l’estomac est aux 4/5 plein.
- Plant Slant : manger plus de légumes, fruits et céréales, moins de viande et moins de nourriture provenant de l’industrie alimentaire.
- Wine@Five : adopter un comportement sain par rapport à l’alcool.
- Family First : mettre l’accent sur le rôle de la famille est essentiel avec une attention particulière aux enfants et aux parents âgés.
- Belong : reconnaître l’importance de la religiosité et de l’appartenance à une communauté de foi, quelle qu’elle soit.
- Right Tribe : étendre le cercle de ses amis peut largement contribuer au bien-être si l’on veille à y inclure des personnes bienveillantes qui puissent vous soutenir.
6. Pour résumer, les variables communes sont les suivantes :
une alimentation frugale essentiellement végétarienne
un exercice modéré, maintenu tout au long de la vie
une vie en plein air
une très forte intégration sociale
7. Enfin, il n’y a pas de magie malgré ce que laissent entendre certaines offres touristiques : ce n’est pas en passant dix jours dans une zone bleue que vous améliorerez votre espérance de vie !
La leçon à retenir
Voilà qui nous rappelle furieusement le mode de vie de nos aïeuls pas si lointains, dans nos chères campagnes… les progrès de la médecine en plus !
Pour aller plus loin
L’article scientifique : Blue Zones : aires de longévité exceptionnelle de par le monde | Cairn.info
Le livre grand public : Dan Buettner - Blue zones - Où vit-on mieux et le plus longtemps
Le site : Blue Zones
Notre article : L'économie de la longévité - 7about.fr
La chanson qui déstresse (c’est bon pour la longévité) : Christophe "Les mots bleus" | Archive INA