🔴 7 about... les six chapeaux de Bono et les Pays-Bas, champions du monde de la productivité agricole
Les six chapeaux de Bono
1. La méthode des “six chapeaux” (six thinking hats) permet de traiter une question, résoudre un problème ou prendre une décision, en explorant de façon parallèle différents angles ou perspectives. L’objectif est de favoriser la créativité et d’échapper aux schémas classiques de pensée.
2. Développée par Edward de Bono (1933- 2021), psychologue et spécialiste en sciences cognitives, professeur à Cambridge, Oxford, Harvard…, cette méthode a été présentée dans l’ouvrage “Six Thinking Hats” en 1985 (Les six chapeaux de la réflexion). Edward de Bono est également à l’origine de la théorie de la “pensée latérale” (lateral thinking).
3. Que ce soit dans le cadre d’une réflexion de groupe ou individuelle, l’objectif de cette méthode est d’éviter de ne voir qu’un seul aspect des choses (celui qui nous est le plus naturel), de suivre un processus linéaire qui nous fait éliminer trop tôt des perspectives différentes, et d’écarter des idées nouvelles qui peuvent nous sembler dérangeantes au premier abord.
4. Concrètement, il s’agit de passer successivement d’un mode de pensée à un autre, chacun étant symbolisé par un chapeau de couleur différente :
Chapeau blanc - la neutralité : le “penseur” énonce les faits et les informations objectives liées à la question à résoudre.
Chapeau rouge - les émotions : le “penseur” exprime ses émotions, sentiments, intuitions, pressentiments…
Chapeau noir - le pessimisme : le “penseur” présente les risques, inconvénients, freins, obstacles…
Chapeau jaune - l’optimisme : le “penseur” imagine les avantages et la valeur ajoutée des solutions proposées.
Chapeau vert - la créativité : le “penseur” cherche de nouvelles solutions, hors des sentiers battus.
Chapeau bleu - l’organisation : le “penseur” canalise les idées et guide le processus de réflexion.
5. Lors d’un travail de groupe, vous pouvez mettre en place différentes configurations, notamment :
Tous les membres du groupe portent le même chapeau et jouent le même rôle en même temps, avant de passer au suivant.
Chaque membre du groupe (ou sous-groupe) porte un chapeau différent et parle en adoptant un seul point de vue, sans en changer.
6. Cette méthode “chic et pas chère” peut rapporter gros :
Chaque participant explore un mode de réflexion différent, évitant ainsi de retomber dans ses travers habituels.
Les différents aspects d’une question ou d’un problème sont étudiés en profondeur.
Chaque personne intervient et est écoutée au-delà des rapports de force fréquents dans un groupe, qui peuvent fausser les prises de décision.
Des solutions réellement inédites peuvent plus facilement émerger puisque certains freins à la réflexion ont été levés.
7. Les “six chapeaux” permettent de bénéficier des différences et des caractéristiques de chaque membre d’une équipe. Tous les modes de pensée sont valorisés, même les moins courants. Bienvenue aux neurodivergents !
La leçon à retenir
Et si on s’autorisait à penser différemment, ne serait-ce que quelques minutes…
Pour aller plus loin
Le livre Les six chapeaux de la réflexion - Edward de Bono - Librairie Eyrolles
Le centre de ressources Six Thinking Hats – De Bono Group
La vidéo Edward de Bono on creative thinking
La vidéo Six Thinking Hats By Edward De Bono: animated Summary
La présentation de la pensée latérale What is Lateral Thinking?
Les Pays-Bas, champions du monde de la productivité agricole
1. Les Pays-Bas détiennent le titre - officieux - de champions du monde de la productivité agricole. Avec des exportations s’élevant à 105 milliards d’euros par an, les Néerlandais sont les plus gros vendeurs de produits agricoles au monde après les Américains (source : Wageningen Economic Research and Statistics Netherlands). Une petite différence toutefois : la superficie des Pays-Bas (41 850 km2) équivaut tout juste à celle du Maryland.
2. Battant des records de productivité, les Pays-Bas (dont la moitié du territoire est consacrée à l'agriculture) sont parvenus à augmenter de 20 % leur production agricole depuis 1995, tout en limitant leur consommation de gaz naturel et en réduisant l’usage d’engrais.
3. Le moteur de cette réussite ? La technologie et la recherche avec un budget multiplié par trois au cours de ces vingt dernières années. Les Néerlandais ont par exemple été pionniers dans la viande cellulaire ainsi que dans l’introduction de la robotique pour la production de lait et les moissons. C’est pourquoi quinze des vingt leaders mondiaux de l’agro-alimentaire ont installé leur centre de Recherche et Développement aux Pays-Bas, dont Nestlé, Unilever, Kraft Heinz et Coca-Cola. Résultat : les Néerlandais sont devenus les leaders mondiaux de l’exportation de technologies agro-alimentaires.
4. Mais leur plus beau fleuron reste les fermes verticales avec plus de 9 700 hectares de serres (soit près du double de la taille de Manhattan !). Remplaçant le soleil par de la lumière électrique, ces fermes intérieures ont des rendements plus réguliers et une productivité près de 10 fois supérieure à celle de l’agriculture traditionnelle, pour une moindre consommation d’eau et une quasi absence de pesticides. En revanche, ces fermes intérieures, après avoir longtemps bénéficié d’une énergie bon marché, se trouvent désormais exposées aux très fortes hausses du prix du gaz. C’était trop beau !
5. Il n’y a pas que la techno ! Les Pays-Bas bénéficient d’une géographie unique grâce à un climat maritime tempéré, des sols plats et fertiles et de puissantes infrastructures de transport (routes, rivières, mer) avec un grand port (Rotterdam) et un aéroport international (Schiphol). Première cliente, l’Allemagne consomme un quart des exportations agricoles néerlandaises, suivie de la Belgique, de la France et du Royaume-Uni. Nos produits préférés : les oignons, les tomates, le fromage, les viandes et les fleurs !
6. Pourtant, tout n’est pas si rose au pays des tulipes puisque les sols, l’eau et l’air subissent une forte pollution liée à l’agriculture (protoxyde d'azote, ammoniac, nitrates, CO2…). Pour la réduire de moitié d’ici 2030, le gouvernement a engagé un projet environnemental auquel se sont opposés les agriculteurs, conduisant à la création du Mouvement agriculteur-citoyen (BBB pour BoerBurgerBeweging). C’est ce même mouvement qui, après avoir remporté un succès inattendu aux élections de 2023, est à l’origine de la contestation paysanne qui se développe en Europe, notamment en France.
7. Avec le changement climatique, l'agriculture est plus que jamais un enjeu crucial. Pour pouvoir garantir les mêmes niveaux de production, les Néerlandais cherchent à développer des espèces et des variétés mieux adaptées aux nouvelles conditions, par exemple des semences supportant une eau davantage salée.
La leçon à tirer
Peut-être que ces succès dans le secteur agricole peuvent s’expliquer par le traumatisme lié à la terrible famine qui a ravagé les Pays-Bas à la fin de la seconde guerre mondiale.
Pour aller plus loin
Le documentaire Thought for food - VPRO
Le document Policies for the Future of Farming and Food in the Netherlands - OCDE
La pub vintage avec Dave : la Hollande, l’autre pays du fromage