🔴 7 about... les stratégies obliques de Brian Eno et les startups "cafards"

Les stratégies obliques de Brian Eno 

1. Les “stratégies obliques” (Oblique Strategies) sont un ensemble de cartes conçues par le musicien Brian Eno et le peintre Peter Schmidt qui, sans se concerter, utilisaient des méthodes similaires pour dépasser leurs blocages créatifs. Ce jeu de 110 cartes, sous-titré “Over one hundred worthwhile dilemmas”, a fait l’objet de plusieurs éditions depuis sa création en 1975.

2. Le principe est simple : lorsque, au cours d’un processus créatif, nous tournons en rond, il suffit de tirer l’une de ces cartes comportant un conseil, une indication ou une contrainte, pour voir les choses différemment et relancer notre créativité. La première stratégie oblique de Brian Eno est « Reconnais tes erreurs comme des intentions cachées” (Honor thy error as a hidden intention). 

Autres exemples : 

• Turn it upside down

• Look closely at the most embarrassing details and amplify them

• Take away the elements in order of apparent non-importance

• Use an unacceptable color

• Use ‘unqualified' people

3. Ces cartes sont “légendaires” car elles auraient été utilisées pour la création de titres majeurs de la trilogie berlinoise de David Bowie, dont les chansons «Heroes», «Sense of Doubt», «Fantastic Voyage» et «Boys Keep Swinging».

4. Les stratégies obliques font appel à la pensée latérale, concept théorisé par le psychologue Edward de Bono, professeur à Oxford, Cambridge, Harvard… dans son livre The Use of Lateral Thinking (1967). Il s’agit de sortir des schémas de pensée habituels en utilisant des angles surprenants qui nous obligent à penser autrement. 

5. Ces cartes sont particulièrement utiles lorsque nous sommes sous pression par manque de temps ou par anxiété car elles nous permettent de nous souvenir facilement et rapidement de méthodes qui nous ont précédemment permis de sortir de nos blocages. 

6. Comment s’en servir ? Soit de manière aléatoire : vous piochez une carte au hasard et suivez la consigne même si elle vous semble étrange, soit en tant qu’ensemble dans lequel vous choisissez les idées ou sources d’inspiration qui vous intéressent. 

7. Si les stratégies obliques ont surtout été utilisées par des musiciens (Coldplay, REM..), elles peuvent être utilisées dans nombre de domaines, dès que l’on frôle la panne d’idées. Une version plus concrète de l’inaltérable “Et si… ”. 

La leçon à retenir 

A nous de créer nos propres cartes, adaptées à nos activités !

Pour aller plus loin 

• Le jeu de cartes publié par Brian Eno Oblique Strategies

• L’appli Oblique Strategies

• Le jeu de cartes qui a sauvé David Bowie | Gymnastique, la culture en s'amusant | ARTE

• La liste des stratégies obliques (Anglais)

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Les cafards et les licornes

1. Dans le bestiaire des entreprises, on connaît bien les licornes, ces entreprises de moins de dix ans dont la valeur dépasse le milliard d’euros, mais beaucoup moins les cafards (il faut dire qu’avec un nom pareil…), ces startups qui depuis leur création survivent plus qu’elles ne se développent, leur croissance étant laborieuse.

2. Dans un article de Wired (2013), Dave McClure, fondateur de l’accélérateur américain 500 Startups, chantait déjà les louanges de ce qu’il a alors appelé les “coackroach startups”, ces entreprises aussi “increvables” et adaptables que des cafards. C’est bien connu, les cafards résistent à tout, même à une catastrophe nucléaire.

3. Les licornes et les cafards ont des objectifs différents :

• Les licornes privilégient une croissance rapide, moteur de leur valeur. Ce n’est qu’une fois leur position installée, qu’elles se soucieront de leur rentabilité. Pour financer cette croissance, les licornes dépendent de l’injection de capitaux externes dès leurs débuts. Leurs fondatrices et fondateurs doivent donc sacrifier une partie de leur indépendance. On n’a rien sans rien.

• Pour les cafards, le secret de la réussite, c’est de privilégier le contrôle des dépenses et l’équilibre financier. Un seul objectif : ne pas mourir. La croissance découlera de leur rentabilité dès lors que leur survie sera assurée. Bénéficiaires (même faiblement) dès le départ, les cafards n’ont pas besoin de capitaux externes. Ils préservent leur indépendance et profitent de la plus précieuse des libertés : celle de choisir leur vitesse de croissance, sans pression externe.

4. Les cafards se divisent en deux catégories :

• Les cafards par intention : la volonté de préserver son indépendance à tout prix fait partie du projet initial.

• Les cafards par défaut : ces startups n’ont pas réussi à devenir des licornes même si elles ont privilégié leur croissance… mais elles ont quand même survécu. Dans ce cas, on ne naît pas cafard mais on le devient en renonçant à ses rêves de licorne. 

5. La plateforme GitHub est l’un des plus beaux spécimens de la famille “cafard”. Créée en 2007 par quatre développeurs qui avaient conservé leur emploi pour financer eux-mêmes leur entreprise, GitHub s’est vite imposée comme la référence de la plateforme d’hébergement des codes en open source… sans aucun financement externe. En position de force, GitHub n’a ouvert son capital qu’en 2012, à Andreessen Horowitz, l’un des fonds star de la Silicon Valley, pour être finalement racheté par Microsoft en 2018 pour 7,5 milliards de dollars. Ce pactole a été en grande partie empoché par les fondateurs puisqu’ils n’avaient préalablement cédé qu’une petite part de leur capital. Comme quoi, on peut commencer cafard et finir bien plus riche qu’une licorne.

6. En décembre 2023, on comptait près de 1 200 licornes dans le monde (source : CB Insights), soit une infime partie des startups existantes. Il ne faut pas oublier qu’en Union Européenne, 93,5 % des petites et moyennes entreprises emploient moins de dix personnes (source : Startup Genome project). Des chiffres qui montrent que le mode cafard est de loin le plus répandu et qu’il devrait être enseigné à tous les futurs chefs d’entreprise… parfois hypnotisés par ces magnifiques licornes qui font la une des médias.

7. Depuis 2022 et l'assèchement des capitaux, de moins en moins de licornes voient le jour. 2024 devrait donc être l’année du cafard, les fonds d’investissement revoyant leur doctrine et demandant à leur portefeuille de passer en mode… cafard.

“It's cockroach time — do whatever it takes to survive.” 

Tessa Wijaya, co-fondatrice de Xendi

La leçon à tirer

Nous aurons quand même toujours besoin des licornes et de leurs prouesses pour nous donner envie d’entreprendre…

Pour aller plus loin

• Dave McClure: You need to build lean 'cockroach' startups - Wired

• The Global Startup Ecosystem Report 2023 - Startup Genome

• The Complete List Of Unicorn Companies - CB Insights

• La métamorphose - Franz Kafka. LE roman de la transformation en véritable cafard.

• ​​Gloria Gaynor - I Will Survive (Live From Her Majesty's, 13.10.1985)