L’illusion de la falaise créative (“creative cliff illusion”)
1. La plupart du temps, nous sommes convaincus que nous avons nos meilleures idées au tout début de notre réflexion et que notre créativité se tarit très vite… C’est ce qu’on appelle la creative cliff illusion ou l’illusion de la falaise créative. Il s’agit bien d’une illusion car, en réalité, notre créativité se développe au fur et à mesure…
2. En s'appuyant sur de nombreuses études et exemples, Brian Lucas, professeur à l’Université de Cornell à New York, a analysé le concept de creative cliff illusion et est arrivé à la conclusion que nos idées les plus créatives arrivent tard. Bach, Mozart ou Einstein en sont les meilleures illustrations : ils n’ont pas créé leurs œuvres ou théories les plus marquantes dès le début de leur carrière…
Source : Lucas and Nordgren
3. Nous sommes souvent les premières victimes de cette illusion… Constatant que nos idées ne sont pas à la hauteur de nos espérances, nous abandonnons et passons à côté de notre réel potentiel créatif. Dommage !
4. Le principe d’accessibilité des idées. Pour lutter contre cette illusion, il est important de bien comprendre le processus de génération d’idées, similaire à un moteur à trois temps.
Temps 1 - Face à un problème, nous proposons les solutions les plus évidentes, celles déjà observées ailleurs ou largement partagées. Bref, les plus accessibles. Ça va vite et c’est très satisfaisant.
Temps 2 : De nouvelles idées émergent, plus originales mais nécessitant un effort plus important. C’est lent et frustrant : vous avez le sentiment que votre créativité est en chute libre, épuisée, alors qu’en réalité vos idées, certes moins nombreuses, sont de bien meilleure qualité. Vous en êtes au stade de l’illusion de la falaise créative.
Temps 3 : si vous passez outre cette illusion et dépassez votre frustration, vous avez de fortes chances de trouver de vraies bonnes idées.
5. En réalité, la meilleure façon d’avoir de bonnes idées, serait de commencer par en générer beaucoup… même si ça semble décourageant. Brian Lucas propose ainsi d’appliquer la règle des 3:20. Pour obtenir 3 vraies bonnes idées, il faut en générer 20.
If you're trying to put three good ideas on the table, you should probably be asking your team to generate 20.
Brian Lucas
6. Comment lutter contre l’illusion de la chute créative ? Ce “protocole” peut vous aider :
La patience : si vous êtes bloqué, n’hésitez pas à faire de longues pauses avant de revenir à vos idées. Dans ces circonstances, l’acharnement n’est pas productif.
L’association d’idées : pendant ces pauses, essayez de trouver l’inspiration ailleurs en cherchant des connexions avec d’autres situations. Rien de mieux que l’association d’idées apparemment hétéroclites, pour trouver des solutions originales.
La persévérance : après avoir trouvé de nouvelles inspirations, remettez-vous vite à l’ouvrage…
7. Si nous nous trompons sur la façon de trouver des idées, c’est que créativité et productivité obéissent à des lois différentes. En effet, la loi des rendements décroissants (“à un niveau d’effort donné, ma productivité baisse”) s’applique à quasiment tous les champs du travail SAUF… à la créativité. Ce n’est pas parce que nous produisons plus d’efforts que nos idées sont moins bonnes. Au contraire !
La leçon à tirer
En conclusion, vive les vieux, les patients et les distraits !
Pour aller plus loin
L’étude complète “Creative cliff illusion” de Lucas et Nordgren
The importance of iteration in creative conceptual combination - Science Direct
Kombai
1. KombAI est un outil permettant aux développeurs Web de générer automatiquement le code correspondant à des designs d’interface utilisateur (UI designs). Pour faire (très) simple, vous “dessinez” une page Web, par exemple dans Figma, vous la passez dans la moulinette Kombai et vous obtenez le code qui va permettre à cette page de devenir fonctionnelle. Vous aurez quand même à réviser ce code (faut pas exagérer non plus…).
2. Kombai est un ensemble de modèles d’Intelligence Artificielle, chacun ayant été entraîné pour fonctionner comme le cerveau d’un développeur (moins quelques traits de caractère bien connus…) : analyser un design, l’interpréter puis écrire le code correspondant à chaque action et section.
3. Les développeurs peuvent ainsi s’épargner les tâches répétitives et automatisables représentant jusqu’à 75 % de leur travail, et se consacrer davantage aux tâches complexes.
4. Kombai génère du code HTML, des frameworks CSS (vanilla CSS ou Tailwind), React, voire non-React (Vue, Svelte, Angular et Django). Et je m’arrête là avant de dire des bêtises car ce n’est franchement pas mon domaine…
5. Pour l’instant, Kombai est gratuit et accessible à tous car encore en phase de recherche.
6. Avec un siège social à San Francisco et une équipe réduite basée en Inde, Kombai a été fondée en avril 2022 par Dipanjan Dey (CEO) et Abhijit Bhole (CTO), après plus de seize mois de recherche préparatoire… ce qui est quand même très court.
7. Cette startup a annoncé une première levée de fonds de 4,5 millions de dollars auprès de business angels et d’investisseurs dont Stellaris Venture Partners et Foundation Capital.
Leçon à retenir
Damned, l’équipe est 100 % masculine ! Impressionnant…
Pour aller plus loin
L’éolien vainqueur
1. Lors du premier trimestre 2023, les éoliennes ont fourni plus d'électricité que le gaz naturel au Royaume-Uni, selon les données de l'Imperial College London (respectivement 32,4 % et 31,7 %). Grande première dans le pays…
2. Il s’agit de la deuxième étape marquante dans la progression de l’énergie éolienne au Royaume-Uni, après avoir supplanté l’énergie nucléaire il y a cinq ans (premier trimestre 2018 : 15 560 GWh contre 15 530 GWh).
3. Aujourd’hui, le parc éolien britannique produit assez d’électricité pour recharger 300 millions de véhicules électriques (soit 24 TWh), grâce à une capacité installée de 29 GW, répartie à peu près équitablement entre les éoliennes terrestres et les éoliennes en mer.
4. Encore mieux : pendant ce même premier trimestre 2023, près de la moitié de l'électricité britannique provenait de sources renouvelables (éolienne, solaire, biomasse et hydraulique) contre un tiers provenant de combustibles fossiles (soit 42 % contre 33 %).
5. Cette capacité croissante est due notamment à l’ouverture de Hornsea 2, un parc offshore composé de 165 éoliennes de 8 MW, situé dans la mer du Nord, au large du Yorkshire.
6. Toutefois, le secteur connaît actuellement quelques difficultés. Par exemple, Vattenfal, fournisseur d’électricité appartenant à l'État suédois, a suspendu le développement de son parc éolien Norfolk Boreas (1,4 GW) en raison de l’inflation qui a fait grimper les coûts de 40 % en l'espace d'un an.
7. Enfin, last but not least, les difficultés politiques… Dans l’espoir de sauver quelques sièges aux prochaines élections, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, vient juste de faire marche arrière sur les objectifs de neutralité carbone du Royaume-Uni, après avoir annoncé des centaines de nouvelles licences d’exploration et d’exploitation pétrolières et gazières en mer du Nord. Que le premier qui a pensé au mythe de Sisyphe lève la main !
La leçon à retenir
Pourtant, quand on y pense, il ne s’agit que de remplacer une source d’énergie (nocive) par une autre (non nocive)… Rien de bien idéologique.
Pour aller plus loin
New first as wind blows away gas to supply most British electricity | Recharge
Le rapport très intéressant du groupe Drax : April to June 2023 - Electric Insights Quarterly
La vidéo 360° Look Inside the World’s Largest Offshore Wind Farm: Hornsea 2
Le solaire et l'éolien devancent le gaz pour la première fois en Europe - WE DEMAIN
Le fact checking du Guardian : Factchecking Rishi Sunak’s claims on the net zero transition | Green politics | The Guardian