🔴 7 about... l’indice interculturel d’Hofstede, GiveDirectly et l'agriculture régénératrice
L’indice interculturel d’Hofstede
1. L’indice multiculturel d’Hofstede mesure les différences culturelles entre des personnes issues de sociétés ou de pays différents, nous permettant de mieux comprendre leurs façons de communiquer et de se comporter.
2. Ce modèle a été conçu par Geert Hofstede (1928-2020), psychologue et chercheur néerlandais spécialisé dans les interactions sociales. Dès les années 1960, il mène des études auprès de plus de 100 000 personnes réparties dans une cinquantaine de pays et identifie ainsi les principales dimensions à l’origine des différences culturelles.
3 Dans son modèle d’origine, Hofstede distingue quatre dimensions principales :
L’individualisme et le collectivisme : ce critère mesure les liens entre l’individu et les membres du groupe. Plus ces liens sont forts, plus la culture étudiée tend vers le collectivisme.
Le contrôle de l’incertitude (Uncertainty avoidance) : ce critère mesure la tolérance des membres d’une société par rapport à l’incertitude. Moins une société accepte l’incertitude, plus elle se méfiera du changement et mettra en œuvre des stratégies pour éviter l’imprévu.
Le rapport au pouvoir (Power distance) : ce critère mesure le degré d’inégalité que les membres d’une société attendent et acceptent. Dans une société à longue distance, peu de personnes décident pour beaucoup. Inversement, plus une société réduit sa distance au pouvoir, plus les décisions seront collégiales.
Masculinité - féminité : ce critère mesure la division des rôles des sexes dans une société. Dans les sociétés où l’indice de masculinité est élevé, il existe une claire distinction entre les rôles exclusivement féminins et les rôles exclusivement masculins. Lorsque l’indice de masculinité est faible, la solidarité, les êtres humains et l’environnement sont considérés comme plus importants que la réussite et les biens matériels.
4. Ce modèle s’est enrichi à partir des années 1990, avec deux nouvelles dimensions :
L’orientation long terme ou court terme : ce critère mesure le rapport au passé et au futur. Les sociétés privilégiant le long terme encouragent l’adaptation et la préparation au futur. Les sociétés ayant une vision à court terme, préfèrent maintenir des traditions et des normes bien établies, tout en considérant le changement comme négatif.
Plaisir - modération : ce critère mesure la capacité d’une société à satisfaire les besoins immédiats et les désirs personnels de ses membres. Les sociétés donnant de la valeur à la modération imposent des règles et normes strictes.
5. A partir de ce modèle interculturel, Hofstede a conçu un indice permettant de mesurer sur une échelle de 0 à 100 chaque pays sur chacun de ces critères et donc de comparer les différences culturelles entre pays.
6. Prenons l’exemple de la France et de l’Allemagne. Selon l’indice d’Hofstede, la France aurait une distance au pouvoir bien plus forte, tolérant plus facilement les prises de décision par une seule personne. L’Allemagne serait beaucoup plus “masculine” que la France, bien plus orientée long terme et moins résistante à l’incertitude et aux changements.
Autre exemple : les Etats-Unis obtiennent un score de 91 sur l’échelle de l’individualisme contre seulement 46 pour le Japon et 18 pour la Corée du Sud.
7. Le modèle d’Hofstede n’est pas exempt de toute critique. Considéré comme trop statique, il lui est reproché de ne pas tenir compte des évolutions culturelles, parfois rapides, des différentes sociétés. Toutefois, dans un monde du travail de plus en plus diversifié, l’indice Hofstede demeure une clef de lecture pour mieux décrypter les collaborations internationales.
La leçon à tirer
On devrait apprendre ça dès l’école élémentaire, ça nous éviterait des malentendus parfois fort désagréables.
Pour aller plus loin
La vidéo : l’interview de Geert Hostede
Le culture Compass : comparer les habitudes culturelles entre travailleurs
La critique du modèle Hofstede, Orr et Hauser
GiveDirectly
1. GiveDirectly est une organisation à but non lucratif qui transfère l’argent récolté auprès de donateurs privés, directement à des personnes en situation d’extrême pauvreté, c’est-à-dire gagnant moins de 2,15 dollars par jours (critères de la Banque mondiale).
2. Ce système a pu être mis en place grâce aux technologies de transfert monétaire via téléphone mobile. GiveDirectly donne une carte SIM aux bénéficiaires, et si besoin est, leur propose d’acheter un téléphone pour un prix minimal. Chaque mois, une somme de 2 dollars leur est transférée, jusqu’à un montant total de 1 000 dollars.
3. Cette organisation a été fondée en 2009 par Michael Faye, Paul Niehaus, Jeremy Shapiro et Rohit Wanchoo, alors étudiants en développement économique à Harvard et au MIT.
4. Depuis 2009, GiveDirectly a transféré plus de 580 millions de dollars à 1,37 million de personnes vivant dans la pauvreté, principalement en Afrique de l’Est (Kenya, Liberia, Malawi, Mozambique, Nigeria, Ouganda, République Démocratique du Congo, Rwanda) mais aussi au Maroc, aux USA et au Yémen.
5. Les personnes recevant cet argent peuvent en faire ce qu'elles en veulent. Il n’y a pas de conditions. A elles de décider : c’est une question de dignité mais aussi d’efficacité, car qui mieux qu’elles pourraient savoir ce dont elles ont vraiment besoin et comment tirer le meilleur parti de ce don. Imaginez que votre grand-oncle, qui vit à des années lumière, vous donne 100 euros ou des cadeaux pour la même valeur… Que choisissez-vous ?
6. “Mais l’argent va être gaspillé !”. Comme dans l’ancienne Angleterre victorienne, ce soupçon n’est jamais loin : les “pauvres” vont acheter de l’alcool ou tout dépenser au jeu. De très nombreuses études montrent le contraire : cet argent est utilisé pour acheter des médicaments, du bétail, des luminaires solaires, des vélos ou motos, ou encore pour mettre en place des systèmes d’irrigation, une alimentation en eau potable, des latrines, ou enfin pour réparer un toit, payer l’école, démarrer une petite entreprise…
7. Pas d’intermédiaires, pas de corruption, pas d’erreur de planification, pas de logistique, pas d’émission de gaz à effet de serre…. Bref, c’est simple et net. Sans oublier la possibilité pour les personnes concernées de reprendre leur destin en main… et ça, ça n’a pas de prix.
La leçon à en tirer
Rory Stewart vient d’être nommé Président de GiveDirectly. Cette personnalité britannique a un parcours très atypique : diplômé d’Oxford, diplomate, il quitte tout pour parcourir à pied l’Afghanistan, l’Iran, le Pakistan, l’Inde et le Népal. Écrivain à succès, il s'installe à Kaboul en 2005 où il co-fonde l‘ONG Turquoise Mountain Foundation. Il devient ensuite député et ministre notamment de l’Environnement et du Développement international. En 2018, Rory Stewart est candidat pour la direction du parti conservateur, face à Boris Johnson. La face du monde n’en aurait peut-être pas été changée s’il avait gagné, mais celle du Brexit et du Royaume-Uni, certainement…
Pour aller plus loin
Household Response to Income Changes: Evidence from an Unconditional Cash Transfer Program in Kenya
The impact of money for people in poverty | GiveDirectly Pres. Rory Stewart on BBC World News
Le podcast de Rory Stewart : The Rest Is Politics
L'agriculture régénératrice
1. L'agriculture régénératrice (ou régénérative) est un ensemble de pratiques agronomiques permettant de régénérer les sols, de favoriser la biodiversité, de séquestrer du carbone atmosphérique par le sol, d’optimiser le cycle de l'eau… Qui dit mieux ?
2. Ce type d’agriculture s’oppose à l’agriculture intensive que nous connaissons depuis quelques décennies, caractérisée par :
le labour régulier,
l’utilisation d’engrais et pesticides chimiques,
la répétition des mêmes cultures, qui finit par épuiser les sols.
3. Concrètement, l’agriculture régénératrice préconise les méthodes suivantes :
l’enrichissement des sols par compost, fumier…
la rotation des cultures,
la plantation de haies et d’arbres,
les couverts végétaux permanents qui protègent les sols (on ne laisse jamais la terre “à nu”, ce qui nous évitera aussi, à nous, pauvres humains, cette vision éprouvante d’immenses champs désespérément marron dans la froide brume du mois de novembre. Attention : risque de blues violent...).
4. L’enjeu n’est pas mince : le secteur agricole est responsable de 23 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde (19 % en France) et de 60 % de la perte en biodiversité. Arroseurs arrosés, l’agriculture - et donc le système de production alimentaire mondial - sont en première ligne pour les dommages liés au dérèglement climatique.
5. La transition vers une agriculture régénératrice fait pousser startups, incubateurs et fonds d’investissement... Quelques exemples (liste très loin d’être exhaustive) :
En 2022, AXA, Unilever et Tikehau Capital ont signé un protocole d'investissement (300 millions d'euros) pour promouvoir les pratiques d'agriculture régénératrice.
La startup franco-marocaine Sand to Green qui transforme le désert en terres cultivables, vient de réaliser une première levée de fonds d’un million de dollars.
L'accélérateur français Hectar, en partenariat avec l'incubateur HEC Paris, a déjà aidé près d’une quarantaine de start-ups à (mieux) démarrer.
Regrow Ag, startup américaine œuvrant à la généralisation de l’agriculture régénérative, a bouclé une levée de fonds de 38 millions de dollars en 2022.
6. Évalué à 7,74 milliards de dollars en 2021, le marché mondial de l’agriculture régénérative devrait connaître une forte croissance (14,4 % par an) jusqu’en 2030 (étude Polaris - juin 2022).
7. La France n’est pas en reste : le programme French Tech Agri20, lancé en 2022, vise à faire émerger 10 licornes dans le secteur agricole d'ici à 2030. A suivre…
La leçon à en tirer
Reverdir le désert ? Ca fait rêver !