🔴 7 about... l’instinct de la ligne droite, Tome et la Génération Playlist
L’instinct de la ligne droite
1. L’instinct de la ligne droite fait référence à notre propension à imaginer qu’une tendance se poursuivra de la même façon dans l’avenir que par le passé, donc sous la forme d’une ligne droite. Pourtant, nous savons bien que rien n’est éternel en ce bas monde et que par conséquent les évolutions en ligne droite sont plus que rares.
2. Ce biais a été mis au jour par Hans Rosling dans son livre Factfulness, bestseller vendu à plus de 2,5 millions d’exemplaires, conseillant de ne fonder ses opinions que sur des faits et rien que des faits !
3. Dans la réalité, une tendance ne se développe pas en ligne droite mais connaît des variations avec des hauts et (ou) des bas, plus ou moins prononcés et durables, résultant graphiquement en des courbes de toutes formes.
4. L’un des exemples proposés par Hans Gosling est très clair. Personne ne s’attend à ce qu’un être humain grandisse toute sa vie, au taux de croissance qu’il a connu bébé, entre sa naissance et ses dix-huit premiers mois. Le cauchemar !
5. Pour comprendre une tendance, nous devons considérer son évolution réelle en fonction de facteurs, parfois contradictoires, à court, moyen et long termes. Exemple : l’augmentation de la population mondiale ralentit car, grâce à une meilleure éducation, un niveau de vie en hausse et l’accès à la contraception, les femmes ont de moins en moins d’enfants. Toutefois, ce premier facteur se combine avec une espérance de vie de plus en plus longue. Ainsi, l’augmentation de la population mondiale se poursuit mais pour des raisons différentes et donc à un rythme différent. Il ne s’agit pas d’une ligne droite mais d’une courbe. Les politiques à mettre en place devront par conséquent être adaptées.
6. En supposant qu’un phénomène connaîtra une progression linéaire, nous ne voyons pas la vie telle qu’elle est mais telle que nous la prévoyons, ce qui nous fait prendre des décisions sur des bases erronées et choisir des solutions inefficaces, voire nocives.
7. Comment lutter contre l’instinct de la ligne droite ? En gardant à l’esprit qu’une ligne droite n’est souvent qu’un court moment dans ce qui se révèlera finalement être une courbe. Et surtout en s’informant, en remettant en question ce que l’on croit savoir, bref en cherchant des faits, rien que des faits.
La leçon à en tirer
Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. Même si leur taux de croissance était dingue au début…
Pour aller plus loin
Notre article Au-delà de la hype, la courbe Gartner - 7about.fr
Notre article Dollar Street - 7about.fr
L’article du Monde « Factfulness », le livre qui démêle le fait du faux
Le livre Factfulness - Pourquoi le monde va mieux que vous ne le pensez - Hans Rosling
Tome
1. Tome est un outil de présentation “intelligent” qui entend révolutionner notre façon de concevoir nos présentations. Une sorte de Powerpoint boosté à l’intelligence artificielle générative. Encore un outil d’AI ? Nous aussi, nous sommes un peu saturés (et inquiets ?) mais, parmi toutes les applications qui voient le jour dans le sillage de ChatGPT, Tome mérite vraiment le détour. Bluffant !
2. Avec Tome, vous n’avez qu'à indiquer en quelques mots l’objet de votre présentation pour qu’une première version, incluant textes, images et structure narrative, en soit automatiquement générée. Il ne vous reste plus qu’à l’améliorer en donnant des instructions complémentaires.
3. Pour réaliser une telle prouesse, Tome AI intègre les incontournables GPT4 (création de textes) et Dall-e2 (création d’images) d’Open AI.
4. Tome propose des structures narratives déjà très poussées pour différents types de document : ventes, levée de fonds, portfolio, réunion d’équipe…
5. Créé en septembre 2022 par Keith Peiris, Tome revendique déjà plus d’un million d’utilisateurs. Il s’agit probablement du record de rapidité d’adoption pour un outil de travail.
6. Soutenue par des business angels tels que Eric Schmidt, ancien CEO de Google, et Reid Hoffman, créateur de Linked-In, la société installée à San Francisco (quelle surprise !) a levé 43 millions de dollars en février 2023, afin de nourrir sa croissance explosive,
7. Tome fait partie des outils favorisant l’émergence du “generative storytelling” (ou récit narratif auto-généré). Désormais, l’effort se déplace de la conception d’une présentation, souvent laborieuse et chronophage, à la pertinence des instructions (prompt engineering) que l’on fournit à l’outil. Double avantage :
On gagne du temps (donner une instruction va plus vite que faire soi-même).
On réfléchit davantage à ce que l’on veut vraiment dire, et non plus à la constitution du document lui-même.
La leçon à retenir
On risque quand même de beaucoup s’ennuyer à l’avenir…
Pour aller plus loin
Le tuto pour faire ses premiers pas sur Tome, Hili Zavaro
Notre article Le “prompt engineer” (AI whisperer)
La Génération Playlist
1. La Génération Playlist désigne la classe d’âge (moins de 30 ans) habituée à personnaliser tous ses usages et aspirant à un monde sur mesure. Une aspiration forte que les entreprises auraient tort d’ignorer si elles souhaitent recruter (et retenir) les meilleurs “talents”…
2. Identifiée par Gilian Tett, anthropologue et rédactrice en chef du Financial Times, la Génération Playlist correspond globalement à la Génération Z, ces enfants nés entre 1996 et 2010 dont l’une des plus profondes attentes est de pouvoir façonner leur mode de vie en fonction de leurs goûts, tel une Playlist.
3. La Génération Playlist va plus loin que ses aînés dans son désir d’individualisation et d’affirmation hors des groupes sociaux. Le pré-packagé n’est plus supportable pour cette génération qui n’a pas connu l’époque des albums “physiques” où la musique se consommait d’un bloc, en fonction de ce que l’artiste avait décidé d’assembler. Normal quand on a grandi avec Spotify, YouTube, Netflix…
4. Autre révolution : cette conception franchit désormais les portes du monde du travail. “A moi de décider si je travaille au bureau, chez moi ou ailleurs. A partir du moment où j’accomplis ce qui est demandé, je peux composer mon univers en fonction de mes envies.”
5. Mais cette façon de penser vient percuter la logique de certains managers issus de générations précédentes, pour lesquelles ces demandes restent incompréhensibles. Le meilleur exemple ? Elon Musk lors de sa reprise en main musclée de Twitter, imposant un minimum de 40 heures hebdomadaires au bureau. Grand succès…
6. Plus généralement, l’heure n’est peut-être plus à la grande démission mais à la rébellion silencieuse. Selon une étude Mc Kinsey, 40 % des employés seraient prêts à quitter leur emploi pour des choix de carrière “non traditionnels”. Tendance confirmée par Wellfound, site de recrutement spécialisé dans la tech : pour 68 % des candidats à l’emploi, la souplesse est le critère de choix n°1, ce qui inclut la possibilité de travailler ailleurs qu’au bureau.
7. Il est probable que les aspirations de la génération Playlist renvoient avant tout au besoin de contrôle. On peut comprendre que cette génération qui a déjà connu tant de crises (attentats, pandémie, réchauffement climatique, tensions géopolitiques majeures…) demande d’avoir un minimum de contrôle sur sa vie, notamment dans le monde du travail.
La leçon à tirer
Qui peut vraiment affirmer que le plus court chemin vers le bonheur (et l’efficacité…) est de se retrouver tous à 8h20 dans le même métro, avec les mêmes fringues inconfortables, juste pour suivre des règles qui au final ne changent pas grand-chose ?
Pour aller plus loin
What Musk misses about how this generation works? - Gillian Tett
The Playlist, la série sur l’histoire de Spotify (Netflix)