7 about... Unboss ou l’entreprise sans patron, Writer, l'AI des rédacteurs, et le persuasive design
Unboss ou l’entreprise sans patron
1. Le concept de Unboss a été développé par Lars Kolind et Jacob Bøtter dans l’ouvrage du même nom, lui-même constitué grâce à l’apport - sans patron - de plusieurs centaines de contributeurs. (Dans un souci d’équité, les droits d’auteur sont reversés à la fondation du scoutisme mondial.) Le processus de création de ce livre met donc en application le principe collaboratif qu’il défend.
2. Il s’agit de renverser le “management” pyramidal hérité du taylorisme. Ces principes de management, établis au début du 20ème siècle par Frederick Winslow Taylor, impliquent la parcellisation des tâches et la spécialisation “verticale” des ouvriers. Les entreprises sont alors compartimentées en services spécialisés.
3. L’Unboss n’est pas une utopie pour de doux rêveurs startuppeurs. Novartis, l’un des géants mondiaux de la pharmacie, en a fait le cœur de sa culture d’entreprise. Depuis 2018, la multinationale suisse œuvre à “unbosser” ses 20 000 managers à travers le monde avec son Unboss Leadership Experience.
4. Chez Novartis, comme chez toutes les entreprises qui optent pour la Unboss culture, chaque manager doit s'en tenir à trois rôles principaux :
Fixer des objectifs clairs
Être au service des équipes
Lever les obstacles pour que les collaborateurs puissent donner le meilleur d’eux-mêmes
5. Concrètement, cela signifie que le “boss” d’une équipe ne donne plus d’ordres mais crée les conditions pour que la créativité, le sens de l'initiative et de la responsabilité de chacun, puissent s’exprimer en mode collaboratif. Sauf exception, l’intelligence collective crée plus de valeur que l’intelligence d’un seul dirigeant.
6. La Unboss culture remet en cause la notion traditionnelle de leader. Ce n’est pas le plus sage, le plus intelligent ou le plus expérimenté qui dirige, mais la personne la mieux capable de donner du sens aux situations les plus complexes.
7. Tout le pari de la Unboss culture est d’attirer les (nombreux) désenchantés du management taylorien, qui n'hésitent pas à aller voir ailleurs si le management est plus “vert”...
La leçon à retenir
Personne n'est fait pour faire huit heures par jour, pendant plus de quarante ans, un travail qui n’a pas de sens et qui ne permet pas de contribuer dans ce qu’on a de meilleur…
Pour aller plus loin
Le livre : Unboss de Lars Kolind et Jacob Bøtte
Writer, l’AI des rédacteurs
1. Writer est une solution logicielle (IA) d’optimisation des processus de rédaction au sein d’une équipe ou d’une organisation, etc.
2. Le premier niveau d’intervention est bien sûr le respect des règles orthographiques et syntaxiques. La base ! Le deuxième niveau est déjà plus intéressant : en cours de rédaction, le logiciel vous propose de compléter tout seul vos phrases et d’alléger certaines formulations…
3. Chaque organisation constitue ses propres recueils terminologiques, facilement accessibles : tout utilisateur peut consulter ces listes pour identifier mots ou expressions recommandés ou interdits, suivant le contexte ou le thème.
4. En cours de rédaction, le rédacteur peut copier-coller des snippets, ces textes standard pré-validés pouvant même contenir des variables bien pratiques. Organisés en bibliothèques et associés à des mots clés, ils sont directement accessibles. Pas besoin de réinventer l’eau chaude à chaque nouveau mail commercial !
5. Enfin, l’objectif étant de garantir la cohérence au sein d’une équipe, Writer fonctionne comme une “bible” éditoriale en ligne que tout le monde peut consulter facilement, en temps réel : règles stylistiques, typographiques, “politiques”, etc.
6. Writer peut être intégré à Chrome, Google docs, Word, Outlook, Figma...
7. Après une levée de fonds d’amorçage de 5 millions de dollars, cette startup, située à San Francisco, vient de lever 21 millions de dollars en série A.
La leçon à retenir
Plus besoin d’être rigoureux : c’est la machine qui s’en charge !
Pour aller plus loin
Grammarly ou comment faire briller son anglais écrit… - 7about.fr
Otter.ai, l'audio-transcription en direct de vos réunions - 7about.fr
Le persuasive design
1. Le persuasive design (design de persuasion) vise à concevoir des caractéristiques de produits ou de services pouvant influencer nos comportements. Pour pousser à l’action, le persuasive design utilise les leviers identifiés par les sciences comportementales et la psychologie sociale.
2. La puissance de l’interaction digitale. Ce type de design a toujours joué un rôle, plus ou moins visible, par exemple dans les campagnes de publicité ou dans la conception de machines à sous. Rien de nouveau sous le soleil, donc ? Pas vraiment : avec l'avènement du digital, les leviers d’influence sont devenus omniprésents.
3. Le Fogg Behavior Model. Professeur à Stanford en sciences comportementales, B. J. Fogg a décrit les mécanismes du persuasive design. Selon son modèle, le Fogg Behavior Model (FBM), trois facteurs essentiels - et leur convergence - influencent nos comportements :
Nos motivations profondes et éternelles (éviter la souffrance et rechercher le plaisir) : pour favoriser un comportement, il faut susciter l’espoir ou la peur, profiter de notre volonté d’appartenance à un groupe et notre horreur du rejet (vous avez dit “réseaux sociaux” ?)...
La simplicité : nous passerons d’autant plus à l’action qu’une tâche sera facile à accomplir (rapidité, coût réduit, minimum d’effort mental ou physique…)
La présence d’un déclencheur (prompt) : l’étincelle ou le signal qui crée la motivation et le passage à l’action.
4. Le persuasive designer emploie donc les techniques décrites dans des modèles tels que celui de B. J. Fogg pour inciter l’utilisateur à effectuer des actions prédéfinies - via son produit ou son service - sans qu’il ne s’en rende compte.
5. Une question d’éthique (et tac !). Mais alors le persuasive design est-il éthiquement acceptable ? S’agit-il de manipulation ou d’influence positive ? Quelques repères ont été posés. Le persuasive design est considéré comme éthique lorsque :
le résultat de l’influence améliore l’état de l’utilisateur et qu’il est capable d’en juger par lui-même (selon Richard Thaler, prix Nobel d’économie en 2017 et précurseur du nudge),
le bénéfice de l’action est équitablement partagé entre le designer et l’utilisateur (selon Evil by Design),
la réalisation d’une action que l’on souhaitait déjà faire, est facilitée.
6. Les éthiciens du design. Pour lutter contre les effets potentiellement dangereux du persuasive design, plusieurs anciens des GAFAM se sont mobilisés. Quelques exemples :
Tristan Harris a fondé le Center for Humane Technology après son départ de Google en 2016. Mission affichée : exposer les effets insidieux du persuasive design et améliorer nos capacités de décision.
Frances Haugen, ancienne Product Manager de Facebook, est intervenue à ce sujet au Sénat américain en octobre 2021.
7. Le persuasive design est l’une des formes les moins connues et pourtant la plus puissante du design. Son omniprésence nous montre à quel point le métier de designer a évolué. Fini le temps où le designer n’était perçu que comme un simple ”faiseur d’esthétique”.
La leçon à retenir
Ce ne sont plus nos objets mais nos comportements qui sont designés.
Pour aller plus loin
Les exemples du Fogg Behavior Model en vidéo
Le livre : Hooked de Nir Eyal
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