La loi de Gall
1. La loi de Gall stipule que tout système complexe qui fonctionne est la forme évoluée d’un système simple qui fonctionne. Euh… si cela vous rappelle les Pokémons et leurs évolutions, c’est normal, c’est un peu l’idée. On peut aussi penser aux quelques cellules qui deviennent un bébé puis un être humain adulte… qui fonctionne (à peu près, pour certains).
2. Cette loi a été formulée par John Gall dès 1975 dans son livre "Systemantics: How Systems Work and Especially How They Fail". Cet universitaire et pédiatre américain, spécialisé dans les problèmes comportementaux des enfants, s’est également penché sur ce qui fait fonctionner ou échouer les systèmes, les enfants étant des systèmes particulièrement complexes. Je plaisante…
3. Le principe est simple : tenter de créer d’emblée un système complexe mène à l’échec car personne, même un génie maniaque et paranoïaque qui planifie absolument tout, ne peut anticiper à 100 % comment les différentes composantes de ce système vont interagir, ni les défaillances qui peuvent en résulter.
4. La solution est de faire petit et simple, en clair, de faire un prototype incluant les fonctions de base indispensables, de le tester, de le modifier en fonction des erreurs et effets constatés, puis quand ce prototype fonctionne vraiment bien, d’ajouter d’autres fonctions, de tester, et de recommencer ainsi, encore et encore, jusqu’à obtenir un système de plus en plus complexe mais fonctionnel.
5. C’est exactement ce que font les startups quand elles créent un MVP (Minimum Viable Product) ou une MVO (Minimum Viable Offer). Cette version minimale, plus facile à mettre en œuvre, leur permet de vérifier que leur projet est véritablement adapté à leur marché, avant de passer au développement long et coûteux d’un produit de plus en plus complexe et aléatoire.
6. En testant et en modifiant, il s’agit aussi d’épurer avant de passer au niveau suivant, la bonne question étant : “ Que pourrions-nous simplifier avant d’ajouter de la complexité ? ”.
7. Ce principe est valable pour l’innovation technologique, les transformations organisationnelles et même… tout le reste. Car, que ce soit dans la haute couture, dans l’écriture d’un roman, dans la conception d’un logiciel, dans la création d’un bon petit plat, on a toujours besoin de commencer par une “toile”, un “first draft”, etc. qui “marche” avant d’ajouter un col, une intrigue secondaire, etc.
La leçon à retenir
"La simplicité est une grande vertu, mais il faut travailler dur pour l'atteindre et être éduqué pour l'apprécier. Et pour ne rien arranger : la complexité se vend mieux."
Edsger Dijkstra, super mathématicien qui n’avait pas l’air commode…
Lovable
1. Lovable.dev est un outil qui permet de créer des applications et des sites Web, sans avoir à écrire une ligne de code.
2. Il suffit de décrire son projet en quelques lignes (langage naturel) directement dans l’interface de chat, et Lovable transforme votre idée en application fonctionnelle, grâce à des modèles d’intelligence artificielle avancés (LLM). Tout ça en quelques secondes…
3. Le modèle économique de Lovable repose sur une offre freemium : l’accès est gratuit mais limité à quelques projets par jour. Pour aller plus loin, il vous faudra souscrire à un abonnement payant (20 à 100 dollars par mois). Nuance importante : dans les versions payantes, vous devenez propriétaire du code généré. En version gratuite, ce dernier reste la propriété de Lovable.
4. Et… ce n’est pas une entreprise américaine ! Lovable a été fondée en 2023 en Suède et a connu un succès fulgurant : en trois mois, l’entreprise a généré 16,2 millions de dollars de revenus et produit 25 000 applications par jour. Un record ! Il s’agit du décollage le plus fulgurant de l’histoire de la tech en Europe. Pour continuer à se développer, Lovable vient d’assurer une levée de fonds de 14,3 millions de dollars.
5. Ce succès n’a rien d’étonnant car Lovable s’adresse à tout le monde : designers, product managers, entrepreneurs ou toute personne souhaitant réaliser elle-même son site ou son application, sans savoir coder. Et quand on sait que seul 1 % de la population mondiale sait coder, ça laisse rêveur…
6. En pleine expansion, le marché des outils de codage IA devrait atteindre un chiffre d’affaires mondial de 25,5 milliards d’euros d’ici 2030 (source : research and markets). Si Lovable figure dans le peloton de tête, la concurrence est rude avec des acteurs comme Cursor, Bolt, Replit, Heyboss, sans oublier le français Krisspy.
7. Le succès de Lovable vient rappeler la vitalité de la scène tech suédoise, à l'origine de géants tels que Spotify ou Klarna, et de la vague Arctic tech avec les autres pays scandinaves et les pays baltes.
La leçon à tirer
Des performances bienvenues en ces temps d’inquiétude quant à la compétitivité de notre bon vieux continent…
Pour aller plus loin
Le “Builder Hall of fame” des utilisateurs de Lovable - Lovable.dev
Is the Arctic on Its Way to Become the New Silicon Valley? - Arctic review
What 200+ Hours of AI Development Taught Me About Building with Lovable.dev - Shep Bryan