🔴 L’effet Savane et Storyzy
L’effet Savane
1. L’effet Savane (ou la théorie du bonheur dans la savane) établit qu’il existe un rapport entre bonheur et densité urbaine. Selon cette théorie, plus la densité d'une ville est élevée, moins l’on s’y sent heureux, ce qui expliquerait pourquoi nous trouvons souvent davantage notre bonheur dans un village ou une petite ville, que dans une mégalopole.
2. Cet effet a été théorisé par le psychologue britannique Satoshi Kanazawa (London School of Economics), selon lequel notre bien-être serait influencé par le comportement de nos ancêtres les plus lointains, vivant dans un environnement à faible densité humaine de type savane. Nos modes de vie ont évolué mais pas nos cerveaux qui aspireraient toujours à ce mode de vie. Peu de voisins et beaucoup de nature, voici le cadre qui correspondrait le mieux à notre épanouissement d’homo sapiens.
3. L’effet Savane permettrait d'expliquer les conséquences psychologiques de l’urbanisation de nos sociétés. Depuis la révolution industrielle au XIXème siècle, l’humanité a connu une immense migration vers les villes, un mouvement continu sans retour en arrière jusqu’à présent, puisqu’il est plus facile dans une grande ville de trouver un emploi, de gagner de l’argent et de faire carrière. Il y serait en revanche plus difficile d’y trouver le bonheur car nous serions toujours des villageois frustrés d’être devenus urbains.
4. Cette frustration est confirmée par les études de chercheurs des universités de Harvard et de British Columbia. Le verdict est sans appel : la ville de New York arrive en 318ème place (sur 318 !) du classement des villes où l’on vit heureux aux Etats-Unis (Source : Unhappy Cities, National Bureau of Economic Research).
5. Paradoxalement, la solitude serait le premier facteur de notre malheur en ville car le sentiment d’isolement y est récurrent. Plus les environnements urbains sont denses, plus notre solitude augmente, ce qui n’est pas sans effet sur notre santé. Selon une étude de l’université de Brigham Young, se retrouver seul augmente de 26 % les probabilités de mourir dans les sept prochaines années, quel que soit l'âge, ce qui équivaut aux effets d’une consommation quotidienne d’un demi-paquet de cigarettes. Damned, on va se mettre à apprécier nos voisins de bureau…
6. L’effet Savane peut être rapproché de l'effet Dunbar, à savoir notre tendance à former des groupes ne dépassant pas 150 personnes, la taille d’une communauté ancestrale. Robin Dunbar, anthropologue, a expliqué ainsi ce phénomène : « Les sociétés humaines contiennent en elles un regroupement naturel d’environ 150 personnes. C'est le nombre de personnes avec lesquelles vous vous sentiriez à l'aise de partager une boisson sans invitation si vous les croisiez dans un bar. » Les entreprises, les équipes de travail, les événements sociaux tendent ainsi à s'organiser autour de cette limite naturelle. Soit la taille d’un village. CQFD.
7. L'effet Savane s’est manifesté de manière spectaculaire lors de la crise du Covid-19. Les confinements ont provoqué un exode massif des grandes villes, leurs habitants recherchant des espaces plus verts, moins denses et plus humains. Entre 2020 et 2021, plus de 700 000 habitants ont quitté New York, Los Angeles, Chicago et San Francisco pour des zones suburbaines ou rurales (source : US Census Bureau). En France, l’INSEE a observé une hausse de 6 % des déménagements vers des communes rurales entre 2020 et 2022.
La leçon à tirer
C’est vrai, il n’y a qu’à faire un trajet dans le métro parisien aux heures de pointe, pour regretter amèrement sa “savane”.
Pour aller plus loin
How intelligence, population density, and friendship affect modern happiness, Norman P Li, Satoshi Kanazawa
Social Isolation and Loneliness in Older Adults—A Mental Health/Public Health Challenge, JAMA Psychiatry
Le film Into the wild, Sean Penn
L’article L’effet Dunbar - 7about
Storyzy
1. Storyzy est une plateforme SaaS française, spécialisée dans la détection automatique de sources diffusant de la désinformation sur Internet (fake news, complotisme, propagande…) et dans les recherches de type OSINT (Open Source Intelligence), à l’aide d’outils d’IA et d’expertise humaine.
2. Créée en 2012 par Stanislas Motte et Pierre-Albert Ruquier, Storyzy est une entreprise indépendante de tout groupe ou plateforme média.
3. J’avoue que j'ai eu pas mal de difficultés à trouver des infos sur Storyzy qui semble très “discret”. La méfiance étant plus que de mise en ce moment, j’ai eu quelques doutes mais j’ai pu constater que cette entreprise était répertoriée dans la Digital Market Place du gouvernement britannique et est mentionnée sur le site www.elysee.fr. Il semblerait également que ses actions de Recherche & Développement aient été co-financées par l’Armée française depuis 2015. Du sérieux donc…
4. En 2024, la base de données dynamique de Storyzy indexait environ 2 millions de sources en 49 langues dont le russe, l’anglais et l’arabe, parmi lesquelles 60 000 sources de désinformation.
5. Pour identifier ces sources non fiables, Storyzy utiliserait 25 critères d’évaluation, dont la base que nous devrions toujours appliquer lorsque nous prenons connaissance d’une information : la règle des 5 W (who, when, where, why, what), ou encore la question magique : “qui parle ?”.
6. Storyzy détecte les deep fake visuels ou audio, analyse les réseaux sociaux, les narratifs et les comportements “fabriqués”, identifie la source et le “chemin” d’une fake news, etc.
7. Ses clients sont surtout des gouvernements et des think-tanks occidentaux, en France, en Espagne, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, etc. et des organismes relevant de l’Union Européenne. Des entreprises peuvent également souscrire à leurs services, semble-t-il.
La leçon du jour
Le réarmement de l’Union Européenne est d’actualité, mais la première des guerres est celle que certains essaient de gagner dans nos esprits, intellectuellement et émotionnellement. Pas besoin de canons ni d’obus, juste de mots et d’images. En revanche, la bonne nouvelle est que nous avons tous les armes pour mener la contre-attaque : la prudence, la réflexion et le doute “scientifique”.