L’incrémentalisme radical
1. L’incrémentalisme radical est une méthode d'organisation du travail intellectuel selon laquelle les petits pas permettent d’aller plus loin que les grandes foulées sporadiques et épuisantes. Cela ne vous rappellerait pas la fable du lièvre et de la tortue ?
2. Cette méthode a été élaborée par Robert Boice (1943–2012), psychologue et professeur américain à la State University of New York, spécialisé dans la psychologie de la créativité, l’écriture académique et la productivité intellectuelle. S’étonnant que certains brillants chercheurs aient des difficultés à être productifs, Robert Boice a mené des études empiriques sur leurs habitudes d’écriture.
3. Robert Boice en a retiré quelques règles simples. Il vaut mieux des sessions courtes de 15 à 30 minutes (pas plus de 3 heures) mais régulières, que de longues sessions moins fréquentes. Même si on n’écrit qu’un paragraphe par jour, cette régularité installe l’écriture comme une habitude, et réduit l’anxiété liée à la page blanche. Et, au final, on a écrit son article ou son livre…
4. Il faut commencer avant d’être prêt à commencer. Le moment idéal n’arrivera jamais, ni la grande flambée d’inspiration, mythe conçu par des petits malins pour faire acheter des tableaux aux bourgeois du 19ème siècle. Le fait de commencer à écrire permettra de mettre ses idées au clair, et non l’inverse.
5. Il faut s’arrêter avant d’être prêt à arrêter. Lorsque le temps imparti est écoulé, il est impératif de s’arrêter, même si nous sommes en plein “flow”, même si nous venons d’avoir une nouvelle idée. Nous retrouverons le lendemain notre travail sur un moment passionnant, un peu à l'image d’un cliffhanger, plutôt que sur un moment plat, où il faut remettre en marche une machine totalement à l’arrêt.
6. Faire taire le petit diable qui ne cesse de nous souffler que notre travail n’est pas assez bon. Il ne faut JAMAIS juger un premier jet qui n’a pour seule valeur que d’exister. Il est la première ligne que nous rectifierons encore et encore… Zola réécrivait entièrement ses romans, parfois jusqu’à six fois. Se fixer la perfection comme seul objectif est l’assurance de longs jours, mois, années, siècles… de procrastination.
7. Accepter que les sessions peuvent parfois être ternes, sans grand intérêt et que ce n’est pas grave, puisque de toute façon nous reprendrons notre travail le lendemain, conformément à notre rituel. “Demain est un autre jour”, comme disait Scarlet.
La leçon du jour
Jean de La Fontaine a toujours raison… surtout quand il “s’inspire” des fables d’Ésope (VIIe-VIe siècle av. J.-C.) mais ça, c’est une autre histoire !
Pour aller plus loin
Le livre originel Professors as Writers: A Self-Help Guide to Productive Writing: Boice, Robert
Autre ouvrage du maître : Advice for New Faculty Members: 9780205281596 - Robert Boice
Le vibe coding
1. Le vibe coding (ou « programmation au ressenti ») désigne une nouvelle manière de coder en langage naturel. Il suffit de donner quelques instructions à un outil d’IA qui se charge ensuite de les transformer en code fonctionnel. Une méthode fluide et intuitive pour concevoir des logiciels… sans savoir coder.
2. Popularisé en février 2025 par l’informaticien Andrej Karpathy, ancien d’OpenAI et de Tesla, le vibe coding connaît un succès croissant, notamment via TikTok et X.
3. Le vibe coding abaisse la barrière d’entrée à la programmation, en la rendant accessible à n’importe qui. Il permet d’imaginer un logiciel en laissant libre cours à son imagination et à sa créativité, sans barrière technique.
4. Le vibe coding permet de générer rapidement, et à moindre coût, des prototypes fonctionnels, d’expérimenter plusieurs versions d’un même logiciel et de multiplier les itérations en tant que partie intégrante du processus créatif. Cette approche a particulièrement séduit les développeurs indépendants, la génération Z et les artistes, d’autant plus qu’elle favorise une forme de codage collaboratif plus ouvert et spontané.
5. Le vibe coding pourrait être comparé à la cuisine sans recette. Plutôt que de suivre les instructions des autres, on crée ses propres plats à partir d’une infinité d’ingrédients et de saveurs. On tente, on mélange, on recommence jusqu’à trouver la recette qui nous correspond.
6. Le vibe coding a rapidement été adopté par les startups. Y Combinator, l’incubateur star de la Silicon Valley anciennement dirigé par Sam Altman, annonçait dès mars 2025 que 25 % des startups qu’il accompagnait avaient recours à cette pratique.
7. Même s'il connaît quelques limites (sécurité, maintenance complexe…), le vibe coding favorise l’innovation à tous les niveaux, car il permet à chacun de concevoir des logiciels correspondant à sa vision, son style, sa personnalité… Ça risque d’être intéressant.
La leçon du jour
Quel bonheur ! Ne plus avoir à subir les regards condescendants des développeurs… mais je médis, je médis. Ils ne sont pas tous comme ça. Enfin, je suppose.