🔴 7 about... le phénomène Baader-Meinhof et Kumulus, la startup qui transforme l’air en eau

juin 07, 2024

Le phénomène Baader-Meinhof

1. Le phénomène Baader-Meinhof, également appelé illusion de fréquence, désigne cette impression que, depuis que nous avons découvert un nouveau mot, sujet, fait, etc., celui-ci ne cesse d’apparaître dans notre environnement. Effet de mode ? Non. Il s’agit seulement de la conjonction de biais cognitifs qui (heureusement) n’ont pas grand chose à voir avec les terroristes allemands des années 70.

2. Ce terme provient d’une simple missive envoyée en 1994 au courrier des lecteurs d’un obscur (mais honorable) journal du Minnesota, dans laquelle Terry Mullen (tout aussi obscur mais honorable) indiquait que depuis qu’il avait entendu parler de la bande à Baader-Meinhof, il s’étonnait de “tomber” aussi souvent sur des infos les concernant. En réponse, d’autres lecteurs ont fait part d’expériences similaires.

3. Dans un article de blog de 2006, Arnold Zwicky, professeur de linguistique à Stanford, revient sur les sources de ce phénomène qu’il baptise alors “illusion de fréquence” : le biais d’attention sélective et le biais de confirmation.

4. Le biais d’attention sélective est notre tendance à concentrer notre attention sur certains aspects de notre environnement, tout en en ignorant d'autres. Par exemple, lorsque nous venons d’apprendre un nouveau mot ou de découvrir une nouvelle mode, nous ne voyons plus qu’eux. L’illusion de fréquence apparaît lorsque nous croyons qu’ils sont devenus soudain omniprésents alors que nous ne faisons que les remarquer davantage…

5. Le biais de confirmation est notre tendance à privilégier les informations correspondant à ce que nous pensons déjà, et à refuser les informations qui nous conduiraient à changer d’avis ou de conviction. Chaque fois que nous rencontrons ce nouvel “objet”, nous sommes donc confortés dans notre impression.

6. L’illusion de fréquence est un raccourci mental automatique et intuitif, permettant à notre cerveau surchargé de comprendre plus vite notre environnement et de prendre des décisions rapidement. Le risque bien sûr est de ne pas prendre en compte toute la complexité d’une situation et donc de nous tromper. CQFD.

7. L’illusion de fréquence peut influencer notre jugement et nos prises de décision. Un exemple que nous connaissons bien : lorsque les médias attirent notre attention de façon répétée sur un phénomène donné, nous avons tendance à penser - parfois à tort - qu’il est de plus en plus fréquent, ce qui peut par exemple avoir des conséquences quant à nos choix lors des élections suivantes…

La leçon à retenir

Décidément, la chose la plus précieuse que l’on devrait nous enseigner à l’école, est encore et toujours le doute permanent. “Demain, j’ai ‘Esprit critique’ de 9 à 10”, ce serait pas mal, non ?

Pour aller plus loin

Kumulus, la startup qui transforme l’air en eau

1 Kumulus Water est une startup tunisienne qui conçoit et commercialise des générateurs d’eau atmosphérique. En clair, les machines de Kumulus transforment l’humidité présente dans l’air en eau potable, même dans les régions arides.

2. Comme d’autres générateurs, Kumulus reproduit le processus de la rosée du matin :

Le générateur recueille l’air, tout en filtrant les particules polluantes.
Il refroidit l’air recueilli, ce qui génère des gouttelettes d’eau par condensation.
Ces gouttelettes sont ensuite “minéralisées” par l’ajout notamment de calcium et de magnésium.
Devenue potable, l’eau est stockée et conservée dans un réservoir.
L’eau est distribuée via un robinet comme dans une fontaine classique. Bonus : pas de bouteilles en plastique.

3. Munis de capteurs solaires, les générateurs de Kumulus sont autonomes en énergie et peuvent donc opérer dans des zones désertiques dépourvues d’électricité. Chaque générateur peut produire 20 à 30 litres d’eau par jour.

4. L’accès universel à l’eau potable d’ici 2030 constitue l’un des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies. Or, encore aujourd'hui, 2,1 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable (source Unicef et OMS).

5. En buvant de l’eau non potable, les populations, et en particulier les enfants, peuvent contracter des maladies mortelles comme la dysenterie ou le choléra.

6. De nombreuses startups ont été créées pour répondre à cet enjeu vital. Quelques exemples :

Aquaer : Déployées notamment en Namibie et dans des camps de réfugiés au Liban, les machines de cette entreprise espagnole fondée par Enrique Veiga, un ingénieur octogénaire (il n’y a décidément pas d’âge pour entreprendre), peuvent produire jusqu’à 5 000 litres d’eau par jour.
Filtralife : Cette entreprise française, créée par Auguste Minot, a reçu la médaille d’or du concours Lépine 2024 pour sa solution FiltraLife qui filtre 1 300 litres d'eau/h.
Majik Water : Cette startup multi-récompensée a été fondée par Beth Koigi, une jeune entrepreneuse kényane, elle-même confrontée au problème de la pollution de l’eau.

7. On ne peut que s’en réjouir : les solutions de transformation de l’air en eau potable se multiplient. Espérons qu’elles ne génèrent pas (trop) de CO2 ni d’autres types de pollution…

La leçon à tirer

Qu’on en ait trop ou pas assez, l’eau sera probablement le point central des bouleversements liés au dérèglement climatique… et, vu le chemin que nous prenons, il vaudrait mieux trouver des “solutions” dès maintenant !

Pour aller plus loin

La vidéo de démonstration de Kumulus - TV5 Monde Info
L’interview de Beth Koigi, fondatrice de Majik Water - World Economic Forum
Brave Blue World - Official trailer
Le réchauffement climatique causé par l'homme atteint un « rythme sans précédent » | Les Echos
Notre article Le “Sahara Forest Project” - 7about