7 about... les checklists de Atul Gawande, Product Hunt et les "aspirateurs à CO2"
Les checklists de Atul Gawande
Atul Gawande, célèbre chirurgien américain, est l’auteur du bestseller The Checklist Manifesto: How To Get Things Right dans lequel il réhabilite un outil humble mais toujours révolutionnaire : la checklist qui certes ne paie pas de mine mais peut sauver des vies ou, plus modestement, notre job ou la paix dans nos foyers.
Atul Gawande est parti d’une expérience menée par Peter Pronovost, spécialiste des soins intensifs à l’hôpital de Baltimore. Constatant que des infections surviennent après la pose de cathéters, il décide de tester dans son service une checklist reprenant les 5 étapes que doivent suivre les médecins. Se laver les mains, désinfecter la peau du patient, recouvrir le patient d’un drap stérile, porter un équipement stérile, et enfin recouvrir la plaie d’un pansement. Facile !
Résultat ? Dans un cas sur trois, au moins une étape n’était pas effectuée correctement. Grâce à l’application stricte de la checklist, le taux d’infection passe de 11 % à 0 %, soit huit décès évités. Des vies sauvées par une simple liste à cocher !
Cette expérience nous montre que nos erreurs - facilement évitables - sont parfois dues à notre ignorance mais le plus souvent à de simples oublis. Une check-list bête et méchante mais établie à froid, sans stress, permet une bonne fois pour toutes de les éviter. Gawande vient ainsi nous rappeler que nos comportements l’emportent sur notre expertise.
Comportement, le mot est lâché ! La checklist de Gawande s’inscrit dans la lignée de l’économie comportementale. Des premiers travaux de Kahneman et Tversky dans les années 70 jusqu’à ceux d’Esther Duflo aujourd’hui et des théoriciens du nudge (tous nobélisés !), nous connaissons aujourd’hui les nombreux biais humains qui déterminent nos comportements et nos décisions.
Selon les comportementalistes (Meelh, Dawes...), les décisions importantes devraient être laissées à des formules et non aux avis d’experts. Pas besoin d’algorithmes complexes : quelques règles simples, bien pensées et décidées à l’avance suffisent… comme une checklist.
Pour éviter nos failles comportementales, deux types de checklists sont utiles : les checklists de tâches pour automatiser nos routines, et les checklists de communication garantissant que TOUT le monde a bien les mêmes informations et suit les mêmes procédures.
Pour Gawande, les bénéfices des checklists doivent s’étendre non seulement à tous les univers complexes et/ou à risque, mais aussi à nos vies quotidiennes. Utiliser des check-lists nous enlève de la charge mentale, nous évite de perdre du temps à réparer nos oublis, et nous laisse finalement plus d’espace pour être créatif et profiter de la vie…
La leçon à retenir
Plus qu’un outil, la check-list est un état d’esprit. Dans un monde où la technologie est tant valorisée, on néglige les outils de base. Et pourtant...
Pour aller plus loin
Product Hunt, l'avant-garde des produits digitaux
Product Hunt est une plateforme de découverte et de partage de nouveaux produits digitaux : applications, sites, podcasts... réunis en une seule base de données.
D'un côté, les créateurs peuvent faire connaître leur produit le plus tôt possible afin de bénéficier de “retours” à moindre frais.
De l'autre, les hunters, précurseurs très actifs, se font plaisir en faisant découvrir les nouveaux produits via leurs votes et commentaires.
Product Hunt est devenu un passage obligé pour les startups qui veulent se faire connaître des aficionados de la tech. Chaque jour, Product Hunt affiche en Une et dans ses newsletters les 5 produits les mieux notés. Des notes et commentaires positifs accélèrent la recherche de financement.
Simple newsletter envoyée à quelques fans en 2013, Product Hunt devient vite une startup accompagnée par le gratin de la Silicon Valley : “accélérée” par YCombinator, la rock star des incubateurs de la Silicon Valley, puis financée par a16z et enfin rachetée par AngelList, la communauté de startups de Naval Ravikant, le businessman-philosophe aux millions de followers.
Product Hunt est la plus belle vitrine de MVP (Minimum Viable Product), ces produits proposant une fonction essentielle qui justifie à elle seule leur adoption. Avec Product Hunt, nous sommes au cœur de la culture Startup. Inutile d'avoir un produit fini : il faut se concentrer sur le MVP. Le reste est superflu, voire contre-productif à ce stade. C'est le règne du bootstrapping (système D).
Autres sites à jouer un rôle de défricheur : Hackernews (de YCombinator, encore eux !) ou Reddit.
Avec Product Hunt, les créateurs évaluent tout de suite le Product-Market fit (en clair, lorsqu’un produit répond si bien aux attentes de ses utilisateurs qu’ils en deviennent fans), et peuvent se concentrer sur la conception de leur produit, avant même de penser à créer une entreprise. Vous testez et améliorez votre produit quasiment en direct !
Passant de la veille au financement, Product Hunt vient de lancer Maker Grant : chaque mois, trois créateurs sélectionnés avec la communauté des hunters, reçoivent une bourse de 5 000 dollars. La passion, c'est bien mais il faut quand même payer les factures...
En parlant de factures... Product Hunt développe de plus en plus de fonctions premium : une boîte à outils Saas pour créer et tester des produits (Ship), un outil de promotion payante... Avec sa communauté unique, Product Hunt est une cash machine en puissance !
La leçon à retenir
Tout est dans le produit. Créez-le, testez-le et améliorez-le sans cesse. Si ça marche, il sera toujours temps de créer votre boîte…
Pour aller plus loin
L'histoire de ProductHunt racontée par son fondateur, Ryan Hoover
Le mode d'emploi pour se lancer sur ProductHunt
Pourquoi le Product Market Fit compte plus que tout, par a16z
Les “aspirateurs à CO2”, l’espoir de la neutralité carbone
Les “aspirateurs à CO2” sont des usines de captage et de stockage de ce gaz à effet de serre, principale cause du réchauffement climatique. Ces usines ne relèvent plus de la science-fiction : elles sont expérimentées à grande échelle et financées par des investissements colossaux.
Le principe est simple : l’air est filtré dans des “aspirateur géants” qui concentrent le CO2. Il sera ensuite soit stocké (problèmes en perspective…), soit utilisé pour produire de l’engrais, des carburants synthétiques, des bulles de soda, de la glace sèche… Trois entreprises notamment font du captage de CO2 dans l’atmosphère une réalité : Carbon Engineering (Canada), GlobalThermostat (USA) et Climeworks (Suisse).
Climeworks a participé en Islande au projet Carbfix, subventionné par l’Union Européenne. L’énergie renouvelable produite par la centrale géothermique de Hellisheidi, est utilisée pour aspirer le CO2 puis pour l’injecter, mélangé à de l’eau, dans les couches de basalte du sous-sol, où il se transformera naturellement en roche calcaire.
Expérimentation concluante, le projet passe à la phase industrielle avec l’usine Orca qui devrait être mise en service mi-2021.
Ces projets de captage du CO2 dans l’air ambiant ne constituent que l’une des méthodes à développer pour atteindre la neutralité carbone et tenir les engagements de l’accord de Paris, soit une hausse de moins de 2°C des températures d’ici 2100.
Autre méthode à l’étude : le captage du CO2 directement dans les fumées industrielles, là où il est le plus concentré. Selon l’ADEME (agence de transition écologique française), seule une vingtaine de projets a été mise en place dans le monde, en raison de fortes contraintes techniques, géologiques, économiques, réglementaires et sociales.
Enfin, il existe des solutions naturelles comme la production d’algues, l’érosion accélérée des roches, une agriculture plus “douce” et une reforestation intensive. Malheureusement, ces méthodes ne suffiront pas à compenser l’ampleur des émissions humaines.
Le secteur de la transition énergétique est en plein boom avec des investissements record de 501 milliards de dollars en 2020, selon BloombergNEF. Autre signe de cet essor : après avoir déjà investi dans 45 startups, Breakthrough Energy Ventures, le fonds d’investissement spécialisé auquel participe Bill Gates, a bouclé fin janvier 2021, un second tour de table à hauteur de 1 milliard de dollars.
La leçon à retenir
Malgré les avancées technologiques, il n’existe à ce jour aucune solution miracle sauf peut-être de changer très vite nos comportements...
Pour aller plus loin
L’article “Vacuuming CO2 ‘least bad’ climate engineering option”
Les dossiers de ScienceDirect
Les publications du GIEC - Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (ou IPCC)